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Tout a commencé à New York…

Le 10 mars 2000, le Nasdaq affichait plus de 5 048 points à la clôture. Depuis, l’indice a perdu plus de 3 000 points, sans empêcher l’Amérique de croire à la reprise.

Comment, début mars 2000, le cours du Nasdaq a-t-il pu monter si haut et gagner, en 49 jours, plus de 1 000 points. Après s’être envolé de près de 25 % depuis début de l’année, l’indice termine la journée du 10 mars à 5048,6 points.L’année a débuté par l’annonce du rachat de Time Warner par America Online. Dans deux semaines, Cisco volera pour quelques heures à Microsoft le titre de première capitalisation boursière au monde, à 580 milliards de dollars (661 milliards d’euros). La “nouvelle économie” terrasse l’ancienne. Elle est intouchable.Et ce n’est pas fini. “Prochaine étape : Nasdaq 6 000”, proclame même un gros titre du populaire New York Post. Les experts n’ont aucun doute. “Je pense que l’on peut voir le Nasdaq à 6 000 d’ici 12 à 18 mois”, prédit Ralph Acampora, analyste tech- nique chez Prudential Securities. “On est encore dans un marché très haussier, juge pour sa part Dennis Peacock, courtier chez AG Edwards. Je crois que le Nasdaq est toujours sous-évalué, et peut aller beaucoup plus haut.”Les plus acharnés nieront jusqu’au bout l’existence d’une bulle. Jusqu’à ce qu’elle leur éclate à la figure. Encore que le terme d’éclatement soit impropre : il n’y a pas eu de “krach”, comme en 1929 ou en 1987. Mais si la dégringolade a été plus progressive, elle n’en a pas moins été spectaculaire. Deux ans après, voilà le Nasdaq redescendu à 1 800 points. La capitalisation boursière de Cisco n’est plus que de 121 milliards de dollars, soit environ le tiers de celle de Microsoft. AG Edwards fait savoir que Dennis Peacock ne fait plus partie de ses employés. Éternel optimiste, Ralph Acampora assure que le marché n’ira pas plus bas que son plancher de septembre dernier. Mais peut-on encore le croire ?

Plus de logique financière

Aujourd’hui, la question n’est pas de savoir pourquoi les cours en Bourse se sont effondrés si rapidement, mais comment ils ont pu monter si haut. Comment on a pu en arriver à faire fi des logiques financières les plus élémentaires. Comment, un jour d’avril 1999, l’ancienne start-up Yahoo a pu mettre 5,7 milliards de dollars sur la table pour acheter une société… qui venait d’enregistrer une perte de 15 millions de dollars pour 23 millions de chiffre d’affaires et avait pour nom Broadcast.com.Mais ce débat n’intéresse plus les Américains et encore moins Wall Street. Aucun n’est porté sur l’introspection ou l’exégèse du passé. Ce qui compte, c’est l’avenir. Et la reprise déjà “bien engagée” selon l’expression du président de la Réserve fédérale, Alan Greenspan. Mais, à oublier trop vite les excès d’hier, ne risque-t-on pas de les reproduire ? Les investisseurs qui ont cru au mirage de la net économie et y ont laissé leur chemise, les analystes que les valorisations les plus absurdes n’empêchaient pas de faire des recommandations d’achat jurent qu’on ne les y reprendra plus. Enfin, pas tout de suite.

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Thomas Maurice, à New York