Les réseaux sociaux et la manière dont ils sont gérés et modérés ont un impact parfois profond sur leurs utilisateurs. Et quand ces derniers sont issus des minorités (groupes racisés, minorités sexuelles et de genre), les conséquences sur la santé mentale peuvent être encore plus importantes. La dernière enquête du Trevor Project auprès d’un échantillon représentatif de jeunes LGBTQ américains (de 13 à 24 ans) montre que TikTok est leur plateforme de prédilection, tout particulièrement chez les utilisateurs racisés.
53 % d’entre eux se disent mieux compris et se sentir en sécurité sur TikTok, contre 45 % pour leurs pairs non racisés. Sur Instagram, le ratio s’établit à 41 % / 38 %, tandis que c’est à l’équilibre pour Twitter avec 21 % / 20 %. On observe une inversion du ratio sur Reddit (17 % / 21 %), Twitch (15 % / 16 %), Steam (6 % / 9 %), Facebook (4 %/ 7 %).
Discord affiche un taux de 43 % de sentiment de sûreté et de compréhension par les jeunes LGBTQ racisés, 33 % sur YouTube. L’enquête montre aussi que lorsqu’un utilisateur se sent en sécurité et compris sur un réseau social, il pense la même chose d’un autre réseau social. Il est rare qu’une seule plateforme soit désignée comme espace sûr. Le Trevor Project rappelle que les jeunes internautes LGBTQ passent 45 minutes de plus en ligne chaque jour que les internautes non-LGBTQ.
Twitter sous le feu des critiques
En parallèle de cette enquête, une série d’études montre une hausse importante des discours de haine, de discrimination et de harcèlement sur Twitter, depuis l’acquisition du réseau social par Elon Musk. Le Center for Countering Digital Hate (CCDH) a ainsi relevé que pendant les trois premiers mois de la nouvelle direction, le taux de tweets quotidiens contenant des injures racistes contre les Afro-Américains avait plus que triplé.
L’Anti-Defamation League (ADL) pointe de son côté qu’entre octobre et mars, le nombre de tweets contenant des injures envers les communautés LGBTQ avait augmenté de 119 %. Twitter s’inscrit vigoureusement en faux contre ces chiffres : le réseau social assure que 99,99 % des impressions de tweets — en d’autres termes, chaque fois qu’un tweet est vu — proviennent de contenus qui n’enfreignent pas les règles de modération de l’entreprise.
Pour Twitter, « très peu de contenus requièrent une modération » et ces chiffres se baseraient sur des études obsolètes contenant des données « incorrectes ou trompeuses ». Mais pour les organisations de lutte contre les discriminations, la réalité est à l’exact opposé des affirmations de Twitter. D’ailleurs, un sondage USC Marshall Neely Social Media Index réalisé auprès d’adultes américains a indiqué que 30 % d’entre eux ont vu du contenu qu’ils considéraient « mauvais pour le monde ». C’est davantage que sur Facebook, TikTok, Instagram ou Snapchat.
Hate speech impressions (# of times tweet was viewed) continue to decline, despite significant user growth!
@TwitterSafety will publish data weekly.
Freedom of speech doesn’t mean freedom of reach. Negativity should & will get less reach than positivity. pic.twitter.com/36zl29rCSM
— Elon Musk (@elonmusk) December 2, 2022
Depuis qu’Elon Musk est aux commandes, la nouvelle politique de Twitter est de favoriser la liberté d’expression, mais pas d’amplifier la portée des messages haineux. De fait, la politique de modération s’est beaucoup allégée : c’est cette stratégie qui serait à l’origine des constats alarmants issus de ces études. Cela explique en grande partie pourquoi la moitié des annonceurs n’achètent plus d’espaces publicitaires sur le réseau social, selon le dernier chiffre donné par Musk en personne.
La nouvelle directrice de Twitter, Linda Yaccarino, a pour mission de ramener les annonceurs dans le giron de l’entreprise. Ces études ne vont pas dans son sens, les marques ne voulant pas être associées à des messages de haine. Un outil permet d’ailleurs aux annonceurs de ne pas apparaitre à côté de certaines personnalités controversées.
D’un côté, un réseau social de plus en plus reconnu pour sa tolérance et la possibilité qu’il laisse aux utilisateurs d’exprimer leur différence, entraînant une hausse de l’engagement et un intérêt marqué des annonceurs. Et de l’autre, un réseau social qui, sous couvert de liberté d’expression, autorise des propos violents qui font fuir les minorités et les marques. Et si c’était ça la différence la plus importante entre TikTok et Twitter ?
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Source : TechCrunch