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Télévision : circulez, il n’y a rien à voir

Pourquoi risquer de susciter l’hostilité des groupes médias, qui rendent quotidiennement compte de la campagne et/ou déclencher une polémique en matière culturelle avec des propositions mal maîtrisées ?

Sécurité, retraites, environnement… À travers les émissions consacrées aux élections présidentielles, la télévision met en avant les candidats et leurs propositions. Et ces derniers ne le lui rendent pas : aucun ne la place aujourd’hui au c?”ur de son programme et profession de foi.Il y a quelques jours, Libération publiait une synthèse des propositions des principales formations de droite ?” RPR, UDF, DL ?” qui marquaient par leur modération. Côté PS, maintien d’un secteur public fort, d’une part, accroissement de la diversité des opérateurs à travers le lancement de la TNT (télévision numérique terrestre), de l’autre, constituent les deux éléments principaux du projet adopté fin janvier. Enfin, hormis une référence à l’exception culturelle, télévision et développement du secteur audiovisuel sont totalement absents des dix orientations fondatrices du Pôle Républicain de Jean-Pierre Chevènement comme des positions thématiques publiées sur son site web.Parce que la “révolution numérique” est loin d’être allée à son terme, les “accroches” capables de parler au grand public ne manquent pourtant pas : augmentation du nombre des chaînes gratuites, nouvel élan pour la télévision locale, accès du plus grand nombre aux ressources de l’interactivité, réduction de la fracture numérique, etc. On imagine sans peine les propositions concrètes qui pourraient en être déclinées (mesures fiscales permettant d’accélérer la migration de la télévision vers le numérique, dispositif visant à généraliser les possibilités de connexion à internet, soutien aux entreprises qui développent les nouvelles générations de services interactifs, etc.).

Ne pas prendre de risque

Reste deux possibilités. Première hypothèse, les candidats décident de laisser l’audiovisuel de côté, et pour cause : évoquer la privatisation de France 2 peut sembler risqué, dès lors qu’une telle proposition serait promise à l’hostilité de France Télévisions, comme de TF1 et de M6… Autre exemple : entre le “toujours plus” (de quotas, de taxes, etc.) des ayants droit et les tentations de dérive ?” au figuré mais surtout au propre ?” de groupes de plus en plus internationaux, faire ?”uvre de propositions autour de l’“exception culturelle” s’apparente à une compétition de saut de haies dans un champ de mines. Dans ces conditions, pourquoi risquer de susciter l’hostilité des groupes de médias, qui rendent quotidiennement compte de la campagne et/ou déclencher une polémique avec les leaders d’opinion en matière culturelle avec des propositions mal maîtrisées ?Seconde possibilité, certains candidats pourraient néanmoins être tentés de “gérer” l’audiovisuel de façon plus offensive ; si le thème de la “société de l’information” a du mal à se remettre symboliquement de la faillite de la nouvelle économie, la TNT a de sérieuses chances de s’imposer dans les discours et programmes : elle présente l’avantage de se situer à la fois sur le terrain des loisirs (via l’augmentation de l’offre de chaînes, pouvant éventuellement s’intégrer au discours sur les nouveaux temps libres dégagés par la réduction du temps de travail) et sur celui de la modernité et du supplément d’âme culturel et éducatif (via les services interactifs). Et l’initialisation rapide de la population représente un double enjeu, démocratique et économique, majeur et mobilisateur pour les autorités politiques ?”gouvernement et Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA)?” qui présideront au lancement de cette même TNT. En attendant la souhaitable mais hypothétique remise à plat d’ensemble du cadre légal de laudiovisuel…* consultant nouveaux paysages audiovisuels

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Philippe Bailly*