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Sous la pression, Sun se rallie à la bannière Linux

Malmené sur le marché des serveurs, Sun décide d’adopter au grand jour le système Linux. Une nouvelle gamme de machines devrait voir le jour d’ici à juin. Une stratégie jugée défensive, mais bien accueillie par le marché.

Véritable virage stratégique pour Sun, poursuite de l’offensive pour IBM… Linux s’impose déjà comme l’étoile montante chez les plus grands constructeurs informatiques en 2002. Restrictions budgétaires obligent, les entreprises se laissent séduire par le logiciel libre. Les industriels doivent donc réagir. “Dans l’Hexagone, les machines Linux représentent déjà 25 % du marché des serveurs “, souligne Marc Joly, directeur de l’activité Linux chez IBM France.Ridiculisant justement la stratégie Linux de Big Blue depuis quelques mois, Sun fait aujourd’hui machine arrière, et de façon plutôt spectaculaire. Mi-février, Scott McNealy, son p-dg, s’est présenté aux analystes financiers déguisé en pingouin (la mascotte fétiche de Linux) pour annoncer que l’OS libre allait figurer au coeur de sa stratégie, et de souligner : “C’est une campagne purement anti-Microsoft”.

Les jours de Solaris sont-ils comptés ?

Le constructeur prévoit ainsi de lancer des serveurs ne fonctionnant que sous Linux et dotés de processeurs Intel Pentium. Un premier pli avait déjà été pris en septembre 2000 avec le rachat de Cobalt, un fabricant de machines Linux d’entrée de gamme, pour 2 Md$. Mais le constructeur ne souhaitait pas pousser plus avant cette gamme, craignant de concurrencer sa famille Netra. Pourtant, face à la percée de Linux en entreprise, cette option au catalogue ne suffisait plus, Sun devait réagir plus vivement. Il se positionne aujourd’hui comme leader sur le marché des serveurs Unix, mais peine à gagner des parts du marché sur l’entrée de gamme face aux Compaq et Dell. Ces derniers se montrant très agressifs en termes de prix et de stratégies de distribution.En outre, Linux a été présenté comme l’arme anti-Windows, or le système d’exploitation libre a plutôt tendance à grignoter des parts de marché sur les Unix propriétaires tels que Solaris. Du côté des serveurs à haute disponibilité, Sun se retrouve aussi en difficulté face à des constructeurs comme IBM, qui déploient depuis plus d’un an Linux sur ses mini et mainframes. Sun s’engage donc aujourd’hui à contrer ces offensives en fournissant des serveurs à haute disponibilité, ciblant les infrastructures des opérateurs et les centres de données.Ce repli défensif s’explique aussi en termes économiques. Outre les restrictions budgétaires qui forcent les entreprises à se tourner vers des systèmes moins chers, en coûts de licence notamment, Sun doit faire face à la chute des valeurs internet parmi lesquelles figurent plusieurs de ses clients.Mais la réaction de Sun ne s’arrête pas aux matériels, sa stratégie Linux englobe aussi la partie logicielle. L’Américain annonce ainsi qu’il va porter sous Linux toute sa plate-forme de services web Sun One, et fournir de nouveaux éléments de son OS propriétaire Solaris, considéré jusqu’alors comme trop fermé, à la communauté Open Source.De là à dire que les jours de Solaris sont comptés il n’y a qu’un pas que de nombreux adeptes du logiciel libre aimeraient voir franchi. Ce qui paraît improbable. Sun dispose d’un avantage de taille avec le couple Solaris-plateforme Sparc, tant en termes de fiabilité que de catalogue applicatif.

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Frédéric Simottel