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Smartphones 5G et santé : voici comment on va contrôler les ondes qu’ils émettent

Les ondes émises par les smartphones en 5G vont continuer dans un premier temps à être traitées comme pour la 4G. Il s’agit de réaliser des mesures de DAS, le débit d’absorption spécifique. Explications et reportage dans un laboratoire spécialisé.

Les effets de la 5G sur notre santé sont un sujet extrêmement polémique. Au point que plusieurs élus ont souhaité observer un moratoire sur cette technologie, en attendant les conclusions de l’Agence sanitaire début 2021. L’exposition de notre corps aux champs électro-magnétiques provient de deux sources différentes. Il y a les antennes des opérateurs et les smartphones. L’Agence nationale des fréquences (ANFR) commence tout juste à vérifier la conformité des appareils en 5G. Il est prévu qu’elle double le nombre de smartphones contrôlés en 2021 et qu’elle se focalise sur les modèles les plus répandus en 5G.

Pousser le smartphone dans ses retranchements

Dans l’immédiat, les méthodes ne vont pas différer de celles utilisées pour la 4G. Les constructeurs de smartphone sont obligés, quand ils commercialisent un modèle, de fournir des mesures de DAS : le débit d’absorption spécifique. Il représente la quantité de puissance absorbée par le corps et s’exprime en watt par kilogramme (W/kg). Des agents de l’ANFR prélèvent des exemplaires sur le marché et les soumettent à des mesures en laboratoire pour vérifier la conformité de leur DAS. L’idée, c’est de pousser le smartphone dans ses retranchements et d’évaluer les paliers de puissance maximale.

« Comme on utilise le portable de différente façon, il existe différents types de DAS : le DAS tête à proximité de la tête, le DAS tronc proche du buste, et, enfin, le DAS membre proche des jambes ou des bras. Au niveau réglementaire, il y a des valeurs limites à ne pas dépasser. Elles sont de 2 W/kg pour le DAS tête et tronc et de 4 W/kg pour le DAS membre », nous explique Emmanuelle Conil, ingénieure d’études à l’ANFR.

En attendant de se doter de son propre banc test, l’agence nous a convié dans le laboratoire spécialisé de la société Art-Fi pour une démonstration.

Un banc test de DAS.
Art-Man – Un banc test de DAS.

Des mesures automatisées

Nous apercevons un banc test avec des moitiés de têtes, ce sont des « mannequins » près desquels un bras robotisé va approcher le smartphone pour reproduire toutes les positions que nous prenons avec nos appareils.

« Des centaines de capteurs se trouvent à l’intérieur des mannequins qui mesurent toutes les caractéristiques d’une onde. Ils sont immergés dans un liquide stimulant la façon dont les ondes se propagent à l’intérieur du corps humain », nous explique Stéphane Pannetrat, patron de d’Art-Fi.

Pas besoin de prolonger la mesure, trois à quatre secondes suffisent pour obtenir une grande précision. Pour résumer, c’est comme si on prenait une photo des caractéristiques complètes des champs électro-magnétiques. Malgré tout, comme il y a des centaines de mesures à réaliser, il faut une journée ou deux pour venir à bout d’un smartphone.

L'un des mannequins représentant une demi-tête humaine pour le côté droit. Les smartphones n'étant pas symétrique, il faut réaliser des tests différents suivant que l'on tient l'appareil à l'oreille droite ou gauche.
01net.com – L’un des mannequins représentant une demi-tête humaine pour le côté droit. Les smartphones n’étant pas symétrique, il faut réaliser des tests différents suivant que l’on tient l’appareil à l’oreille droite ou gauche.

La 5G complexifie les mesures

Il fallait déjà multiplier les positions physiques à la tête, au tronc et aux membres par le nombre de fréquences, de technologies (2G, 3G, 4G, Bluetooth, Wi-Fi) et les combinaisons d’émissions. La 5G va venir complexifier encore davantage le tout.

« On voit apparaître de plus en plus d’émissions sur plusieurs bandes de fréquences en même temps : 4G et 5G ou 5G et 5G. Mais il y a aussi la présence nouvelle de plusieurs antennes dans les smartphones qui viennent émettre en fonction d’un certain nombre de paramètres, l’une après l’autre, ou l’une sans l’autre, dans le but d’optimiser les performances de fonctionnement du téléphone », nous explique encore Stéphane Pannetrat.

On trouve des centaines de capteurs à l'intérieur de chaque mannequin.
01net.com – On trouve des centaines de capteurs à l’intérieur de chaque mannequin.

Et encore cela ne vaudra que pour les débuts de la 5G en France. D’autres changements auront lieu lorsque les smartphones pourront émettre sur les ondes millimétriques des réseaux des opérateurs en France. Ce sont des bandes hautes qui vont permettre de doper les débits grâce à beaucoup de largeur se spectre. Mais elles ont aussi pour caractéristique d’avoir une faible propagation et de pénétrer beaucoup moins nos organismes.

Comme l’exposition restera à la surface de la peau, l’ANFR devra mettre en place un nouveau protocole de mesure reposant non plus sur le DAS mais sur le DSP (Densité Surfacique de Puissance). Cela ne devrait toutefois pas intervenir avant 2023.

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Amélie CHARNAY