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Santé et mobiles : antennes hors de cause, téléphones toujours suspects

L’Agence française de sécurité sanitaire environnementale écarte tout risque sanitaire lié aux antennes de téléphonie mobile. En revanche, elle invoque le principe de précaution concernant les téléphones et suggère de rendre
obligatoire la délivrance d’un kit oreillette.

Les antennes relais sont sans danger pour la santé, mais des doutes subsistent concernant les téléphones mobiles. C’est la conclusion de l’Agence française de sécurité sanitaire environnementale (AFSSE). L’organisme, créé en 2002, avait pour mission d’évaluer les risques sanitaires liées à la téléphonie mobile et d’émettre des recommandations. Il a rendu public son
avis aujourd’hui, avant de le remettre au gouvernement et au Parlement.L’AFSSE s’est appuyé sur le
rapport établi par un groupe de sept experts présidé par Bernard Veyret, directeur du laboratoire de bioélectromagnétisme de l’Ecole pratique des études.
Notre travail a consisté à mettre à jour le rapport de 2001 [Rapport Zmirou, publié le 16 janvier 2001, NDLR] sur un plan scientifique. Dans cette optique, nous avons passé en revue une centaine de
publications récentes
‘, explique-t-il.

Antennes relais : circulez, y’a rien à voir

En ce qui concerne les antennes relais, le rapport Veyret est dans la droite ligne du rapport de 2001, qui concluait à l’absence de risque pour les antennes. Cette thèse serait même renforcée par les études récentes, indique
Denis Zmirou, directeur scientifique de l’AFSSE… et auteur du rapport de 2001. Raison invoquée : ‘ Les ondes émises par les antennes relais sont cinquante à soixante fois plus faibles que les ondes
radio et TV, qui sont pourtant plus pénétrantes
‘, rappelle Denis Zmirou.L’argument est loin de satisfaire les membres de l’association Priartem (Pour une réglementation des implantations des antennes relais de téléphonie mobile). Pour Etienne Cendrier, coordonnateur national de
l’association, la nature pulsée du rayonnement des antennes serait à l’origine d’émissions à très basse fréquence susceptibles d’induire des effets nocifs.’
Faux, rétorque Denis Zmirou. C’est une erreur de dire cela. Il n’y a aucune très basse fréquence autour des antennes. ‘Mais pour les membres de Priartem, les responsables du groupe d’experts et le directeur scientifique de l’AFSSE sont de
parti pris. ‘ Ce sont toujours les mêmes que l’on retrouve dans les comités scientifiques. Il y a pourtant des chercheurs qui ne
sont pas d’accord avec ces conclusions. Pourquoi ne sont-ils jamais sollicités ?
‘. Il s’interroge également sur l’indépendance des chercheurs, alors que leurs travaux sont financés, pour un tiers,
par les industriels.Et les maux de tête, les troubles du sommeil souvent signalés par les riverains des antennes relais ? ‘ Il s’agit d’un problème qui relève du tout venant de la médecine de
ville
‘, répondent les responsables de l’AFSSE. Selon eux, c’est la perception du risque et non pas un risque sanitaire identifié qui serait à l’origine de ces problèmes. Pour Michèle Froment-Védrine,
directrice générale de l’AFSSE, la solution passe par une meilleure information de la population et par une concertation entre les pouvoirs publics et les opérateurs, afin de fixer les conditions d’installation des antennes.

Téléphones mobiles : risque potentiel à démontrer

En ce qui concerne les téléphones mobiles, les experts se montrent plus prudents. Un certain nombre d’études récentes menées sur des animaux ont, en effet, mis en évidence des effets biologiques, potentiellement dangereux pour la
santé (modification de la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique du cerveau, activité intra-cellulaire perturbée).’
Dans l’état actuel des connaissances, les portables ne sont pas dangereux, mais il reste des questions ouvertes. Un grand nombre d’études en cours permettront d’y répondre dans les deux à trois
ans
‘, explique Bernard Veyret. En attendant, l’AFSSE invoque le principe de précaution, en particulier pour les personnes les plus fragiles, par exemple sujettes à des migraines fréquentes.Mais en pratique, les mesures préconisées par l’organisme sont mineures. L’AFSSE demande la publication d’un arrêté rendant obligatoire l’affichage du DAS (Débit d’absorption spécifique) et du
rendement des téléphones mobiles afin que les consommateurs soient informés du niveau d’exposition auquel ils sont soumis. Elle suggère également d’imposer aux vendeurs de mobiles la délivrance d’un kit oreillette permettant de
réduire l’exposition de la tête.

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Stéphane Long