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Résultats + moyens = humilité

Les projets sont généralement affublés de clauses censées prévenir les mauvaises surprises. On parle alors d’engagement sur des moyens ou, pire, sur des résultats. Deux façons de dire qu’on ne s’engage à rien.

S’engager sur les moyens, c’est dire qu’on utilisera tous les outils, techniques et ruses connus pour arriver au but fixé, sans forcément promettre que ce but sera atteint. S’engager sur les résultats, c’est promettre que l’on fera exactement ce qui a été défini mais sans pour autant procéder selon les délais et les ressources prévus.

Traduction et interprétation…

S’engager sur les moyens, c’est partir au combat bardé d’explosifs sans connaître son adversaire. S’engager sur les résultats, c’est affirmer que l’on va gagner la guerre, mais y aller avec sa pelle et son seau. L’image n’est pas très heureuse en ce moment, mais elle a le mérite d’être explicite. Donc, au final, quelle que soit l’option choisie, on ne s’engage jamais sur rien.Dans la pratique, personne ne veut s’engager sur les résultats. On se demande bien pourquoi, puisqu’on vous dit que c’est la même chose… Qu’il s’agisse des SSII, craignant pour leurs marges, ou des directions informatiques, craignant pour leur confort, le premier réflexe consiste à aligner la batterie lourde plutôt que de réfléchir à la façon de mener à bien un projet.Et pourtant, c’est idiot. S’engager sur les résultats permet de surfacturer, de repousser les échéances, d’enlever ou de reprendre des ressources sans avoir à se justifier, d’aligner des troupes impressionnantes dans les moments politiquement délicats, puis de les réduire tout à coup une fois que le grand patron retourne à ses affaires. Bref, on fait ce qu’on veut jusqu’au rendu de copie, on brûle la chandelle par les deux bouts, on vit intensément. Cette liberté permet tout de même de faire pas mal de choses, y compris des bêtises, mais on ne fait pas d’omelette sans casser d’?”ufs.Il est alors toujours étonnant de voir deux grandes catégories émerger d’un inconscient collectif manichéen : les mauvaises organisations informatiques ?” qui s’accrochent aux moyens ?” et les bonnes ?” qui, elles, se risquent à assurer des résultats. Rien n’est si simple.Maintenant que les chefs d’entreprise commencent à s’y connaître un peu en matière de projets informatiques, le moment est peut-être venu de leur faire plaisir. Le mode d’emploi en trois temps, proposé par un grand groupe français, est simple mais efficace. D’abord, imposez la responsabilité totale du projet à l’utilisateur, qui doit être garant du résultat final, et si vous n’y arrivez pas, forcez-vous.
Ensuite, donnez-lui tous les moyens techniques dont il aura besoin. Enfin, soyez de votre côté le garant des résultats intermédiaires.Il en faut un peu plus pour réussir un projet, mais bizarrement, ces quelques règles inculquent lhumilité. Ce qui est déjà une réussite en soi.Prochaine chronique le lundi 8 octobre
2001

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Philippe Billard