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Réseau : tous dedans, tous vendus

Etre dans le Réseau, ça ne se choisit pas. On ne vous pose pas la question, on vous y représente. Vos données personnelles y figurent, sûr. Et aussi celles d’individus sans connexion à Internet. Pour quel usage ?

Il se passe des choses vraiment troublantes dans le réseau des réseaux. D’un côté, nous avons les humains, ce qu’ils sont, ce qui les caractérise ; de l’autre, nous avons le plus beau des réseaux, Internet. Entre les deux, un nombre incalculable d’interactions. Les humains nourrissent le Net au-delà de ce qu’ils peuvent imaginer, très souvent sans le savoir.Les internautes, chevronnés ou néophytes, sont prévenus. Quoi qu’ils fassent, leur adresse e-mail circule, engraisse des bases de données. Elles les régurgitent pour le marketing direct. On appelle ça le spam, un terme qui justifierait à lui seul un livre à l’Encyclopédie des nuisances. C’est l’exemple le plus banal de la perte de contrôle d’un individu sur ses données personnelles. Les gestionnaires de ces bases géantes, comme Consodata, ne se contentent pas d’un e-mail, ils veulent un profil avec. En l’occurrence, un profil de consommation : lieu de résidence, goûts artistiques, sorties, achats, etc.J’en entends déjà écrire que “ça aide, l’e-commerce”. Ne vous fatiguez pas, d’autres l’ont déjà fait. Aux Etats-Unis, l’industrie high-tech flippe à l’idée d’une réglementation dans le domaine. Elle prône, pour l’éviter, l’autorégulation. Ça fait pitié ! Comment les croire ? Souvenez-vous des spyware. Fourgués en douce sur vos micros par les régies de pub, ces logiciels espions se délectent de vos navigations. Encore quelques beaux profils à vendre au plus offrant. Au total, on tire un sacré portrait de chaque individu connecté.Mais vous êtes-vous demandé ce qui arrivait aux ” gens hors ligne “, ceux qui ne touchent pas de PC, qui ne savent même pas que ça existe un PC ? Il y a déjà des données sur eux dans le Réseau, plus grossières et souvent pas encore individualisées. Cherchez votre arrière-grand-père dans Google, vous pourrez être surpris. Il suffit qu’un vague cousin s’intéresse à la famille pour qu’un site du genre www.ma-genealogie.org le connaisse. C’est comme les Papous. Les Papous connectés se comptent sur les doigts de la main… et il y a des tombereaux de sites qui parlent des Papous !Autre façon de considérer le problème. Vous savez définir l’ensemble de vos données personnelles ? Moi, j’ai du mal. Mes coordonnées spatio-temporelles, où je suis, à quel moment, m’appartiennent. Plus pour longtemps : tous les merveilleux services fondés sur la géolocalisation vont se les approprier. Et ma voix, reconnaissable entre toutes, elle est à moi ? Pas si sûr, surtout avec l’annonce récente d’AT&T de son logiciel de ” clonage de voix “. Avec ça, n’importe qui pourra la synthétiser.La question n’est plus d’accepter ou non que son intimité soit partiellement codifiée, numérisée, stockée, échangée. C’est son usage qui est en cause. Et dans le contexte de la société libérale où nous baignons tous, de gré ou de force, je suis certain que cet usage ne me profitera pas. Une solution ? Que chaque entreprise qui gagne de largent avec mes données personnelles me paie. Là, mes données ME profiteront.

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Michaël Thévenet