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Renaud Dutreil (secrétaire d’Etat) : ‘ Déplacer l’emploi vers les industries de croissance ‘

En ouverture de la Seti, qui se tient du 1er au 3 avril à Paris Expo, Renaud Dutreil souligne ce qui, selon lui, constitue l’une des priorités des pouvoirs publics : réactiver les industries de pointe par le
biais des PME.

Dans quelques jours, vous inaugurez la Semaine européenne des technologies de l’information (Seti). Quelle signification faut-il donner à cet acte ?Ce salon va réunir le monde de l’entreprise de demain. Les technologies de l’information tracent un chemin de réussite fondé sur l’esprit d’entreprise. C’est dans la diffusion des innovations à toute l’économie que nous trouverons
le point de croissance supplémentaire dont la France a besoin.Certes, mais beaucoup de sociétés représentées dans cette myriade de salons sont des filiales de groupes américains…L’économie est mondialisée. Le protectionnisme est à reléguer aux oubliettes de l’histoire.Dans ces conditions, peut-on encore parler d’un retard français ?Le principal retard qu’accuse la France porte sur les gains de productivité générés par les TIC. Et ils se révèlent nombreux. Les nouvelles technologies sont indispensables à une économie performante. Il ne faut surtout pas se
focaliser sur la surmédiatisation de certaines entreprises de la net économie, qui se sont ‘ scratchées ‘. De même, il ne faut pas faire une généralité des plans sociaux ?” notamment ceux qui
frappent des industries en fin de cycle. Concentrons-nous plutôt sur l’économie de demain. C’est d’abord une économie de valeur ajoutée. Elle repose à la fois sur les industries nouvelles et les services nouveaux. Comme les promesses du Nouveau
Monde ont conduit progressivement les Américains vers l’Ouest, les technologies de l’information nous ouvrent les nouvelles frontières de l’économie.Où en est-on aujourd’hui ?Plusieurs chiffres sont parlants : 70 % des agents de la fonction publique disposent d’un ordinateur relié à internet. Et surtout, 82 % des PME sont connectées au réseau. Encore ne s’agit-il là que de chiffres
remontant à décembre 2001. Depuis, ces proportions ont dû nettement augmenter.Pourquoi mettre l’accent sur les PME ?‘ Think Small First ‘
[‘ Il faut d’abord penser petit’ ­ NDLR]. L’attrait de la haute administration et des grandes entreprises diminue à mesure que des
Français ?” de plus en plus nombreux ?” prennent conscience du gisement d’emplois que renferment les petites structures. Heureusement, car sinon, après l’exode rural observé après la fin de la guerre, on risquerait de vivre un
autre exode ?” industriel celui-là, mais vers l’étranger. Déplaçons donc les emplois vers les industries de croissance et transformons la nostalgie des industries d’hier en envie de bâtir les activités économiques de demain.N’est-ce pas précisément ce que l’un de vos prédécesseurs, Alain Madelin, avait déjà tenté de faire ?Alain Madelin a réalisé de très bonnes choses, mais mon projet est plus global, tourné aussi bien vers le dynamisme économique qu’apporte le marché que vers la cohésion sociale, qui passe par de nouvelles espérances de réussite
individuelle et sociale.Que font actuellement les pouvoirs publics pour faciliter la création d’entreprise ?Le portail Net Entreprises [portail officiel des déclarations sociales pour les sociétés ­ NDLR] fait gagner dix ans par rapport aux procédures papier. Cela marche bien : tout le monde a collaboré à sa
réalisation. Son objectif est d’être parfaitement interopérable avec des organismes comme l’Urssaf, Organic et la Cancava [Caisse nationale d’assurance vieillesse des artisans ­ NDLR]. Et nous allons lancer, dans les tout
prochains mois, une grande action avec les chambres de métiers et les chambres de commerce et d’industrie pour démocratiser internet. Les entreprises unipersonnelles sont encore éloignées des technologies de l’information. Nous devons avoir une
approche plus démocratique de l’entreprise. De la même façon que chaque Français a une voiture, avec laquelle il se meut dans l’espace, les Français doivent pouvoir se déplacer dans la vie professionnelle avec ce véhicule économique étonnant qu’est
l’entreprise. L’irruption du modèle internet a, pour cela, été très efficace : le souffle de l’esprit d’entreprise a parcouru tout le pays !Mais de nombreuses start up ont disparu…Oui, mais les entrepreneurs qui en étaient à l’origine sont encore là. Ils ont rebondi et continuent d’être actifs dans leurs sociétés respectives. La loi Dutreil offrira de nombreux outils nouveaux ?” notamment pour
financer les entreprises ou pour augmenter le nombre de business angels en France.Vous venez de présenter devant les sénateurs un projet de loi intitulé ‘ Initiative économique ‘, qui reprend ?” et amplifie ?” toutes ces propositions. Son
objectif ?
Démocratiser l’accès à la création d’entreprises. C’est une démarche qui s’articule en trois volets. D’abord, simplifier les procédures et promouvoir l’usage de l’entreprise ‘ ascenseur
social ‘
, une entreprise que l’on conduit soi-même pour réussir, pour être libre, explorer de nouveaux marchés. Ensuite, financer les projets avec de nouveaux outils : l’investissement direct, les
‘ fonds d’investissement de proximité ‘, la libération des prêts. Enfin, accroître la pérennité des jeunes pousses avec un accompagnement plus efficace. Tout cela devrait nous amener à une mise en
application au mois de septembre ?” sauf pour les dispositions fiscales, qui, elles, ne seront applicables qu’au mois de janvier prochain. Mais un tel mouvement ne s’opère évidemment pas sans difficultés. Certaines administrations ont été
un peu ébouriffées par certaines de mes propositions.Dans quelle mesure les effets de ce dispositif peuvent-ils être masqués par la dégradation de la conjoncture internationale ?Nous travaillons sur le long terme en nous efforçant de mettre en place des actions indépendantes des cycles conjoncturels. Le nez sur le guidon, on va droit dans le mur. La France a une grande vitalité entrepreneuriale. Il y a du
ressort partout.

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Pierre-Antoine Merlin et Jean-François Ruiz