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Quand les profs se rebiffent

Les enseignants français ont du mal à prendre la mesure des nouveaux moyens de frauder. Mais ceux qui ont engagé le combat le font avec les mêmes armes que les tricheurs, comme leurs collègues américains.

Sur Internet, un plagiaire piégé

Quand un étudiant passe directement de 3 à 18/20, pas besoin de s’appeler Sherlock Holmes pour contester le caractère personnel du devoir. Mais quand une copie vaut 12 et qu’elle est juste un peu douteuse, comment vérifier ? C’est le problème rencontré par une jeune enseignante d’un collège parisien.Récemment, l’un de ses élèves de cinquième lui a remis une copie qui lui a semblé suspecte. Elle a voulu en avoir le c?”ur net et a saisi dans un moteur de recherche les termes employés qui lui paraissaient trop savants pour l’élève… Ces mots-clés lui ont aussitôt révélé la source sur Internet.Le tricheur s’en est tiré avec une simple réprimande, mais reste ébahi d’avoir été confondu. Depuis, l’enseignante encourage ses élèves à utiliser le Net comme un outil… et à citer leurs sources.

En France, un arsenal répressif

Au collège et au lycée



Les règlements intérieurs des établissements scolaires prévoient généralement deux types de mesures en fonction de la gravité de la fraude : les punitions scolaires (mauvaise note, devoir supplémentaire) et les sanctions disciplinaires (retenue, avertissement, blâme et, en cas de récidive, exclusion temporaire). Généralement, la triche en classe est jugée plus sévèrement que lorsqu’il s’agit d’un devoir à la maison.Aux examens d’Etat



En théorie, toute fraude est passible d’une peine de cinq ans d’interdiction de se présenter aux examens nationaux. Dans la pratique, le délai est souvent plus court et le sursis fréquent. Ainsi, une jeune fille qui avait triché au moyen d’un téléphone portable lors de la préparation d’une épreuve orale du bac 2001 s’est vue interdire “de subir tout examen conduisant à l’obtention du baccalauréat ou d’un titre ou diplôme délivré par un établissement public dispensant des formations postbaccalauréat, pour une durée de deux ans avec sursis”.

Aux Etats-unis, une traque organisée

Aux Etats-Unis, les sites de triche comme Cheathouse.com ou Gradesaver.com ont pris une dimension professionnelle.Les professeurs ne sont pas en reste et adoptent les mêmes armes. Sur Plagiarism.com, ils peuvent ainsi faire vérifier 30 copies pour environ 19 euros (125 F). La copie supplémentaire est facturée près de 0,50 euros (3,30 F). Le système repose sur un logiciel créé par des chercheurs de Berkeley. Lorsque vous lui soumettez un texte, il explore le Web, en particulier les sites spécialisés dans la fourniture de devoirs tout faits, et surligne les passages recopiés en indiquant l’adresse du site d’origine.Signe des temps, la fréquentation de Plagiarism.com aurait augmenté de 25 % depuis le début de l’année. D’autres sites, exclusivement anglophones à ce jour, se sont déjà engouffrés dans ce créneau. Citons, entre autres, Wordcheck et Eve.Il y a aussi du nouveau en matière de surveillance : à l’université George-Manson aux Etats-Unis, des caméras numériques installées dans les recoins des salles d’examens guettent désormais les moindres mouvements suspects des candidats !

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Laurence Beauvais