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Processeurs: VIA choisit une voie alternative

La compagnie taïwanaise conteste les choix d’Intel. En matière de mémoires, elle soutient PC 133 et DDR face à Rambus. Son modèle économique repose sur l’absence d’usines.

Depuis de nombreuses années, les choix technologiques du monde du PC sont dictés par le couple Wintel. Une domination qu’ébranle depuis quelques mois une compagnie taïwanaise du nom de VIA. Celle-ci vient d’acquérir coup sur coup les activités processeurs de Cyrix et d’IDT. Elle a aussi profité des déboires de Rambus pour mettre à mal les décisions d’Intel dans le domaine des mémoires avec le soutien d’une partie de l’industrie informatique. Faiblement bénéficiaire, la société ne possède aucune usine et délègue la fabrication de ses puces à des fondeurs.
VIA a bâti sa réputation dans le domaine du chipset, ce jeu de composants déterminant le type de mémoire et de bus système du PC. Longtemps acteur secondaire – pour ne pas dire négligeable -, elle ambitionne 50 % de parts de marché d’ici à la fin 2000. Pour y parvenir, elle table sur un modèle de développement diamétralement opposé à celui d’Intel. Quand la compagnie californienne juge de son devoir d’orienter l’industrie informatique, VIA tente avant tout de s’attirer les bonnes grâces de cette même industrie. Il en va ainsi dans la bataille des mémoires pour PC, qui oppose les Rambus, soutenues par Intel, à PC 133 et DDR (Double Data Rate), soutenues par VIA. Avant de s’intéresser aux mérites comparés des technologies, la société taïwanaise s’est d’abord souciée du coût pour les fabricants. “Nous avons regardé Rambus de près et avons constaté que les coûts de mise à niveau des cha”nes de production étaient trop élevés, explique Richard Brown, directeur marketing de VIA. Nous avons donc préféré PC 133, qui ne demande que peu de travail à l’ensemble des intervenants, et DDR, qui devrait aussi se révéler moins cher que Rambus.”

Depuis quelques mois, les ambitions de la société ont toutefois dépassé le marché du chipset pour s’élargir à celui des processeurs. Doté de nouvelles ressources grâce à son introduction en Bourse, VIA a profité de la mise sur le marché de Cyrix et de Centaur (activités processeurs d’IDT) par leurs propriétaires, lassés de perdre de l’argent. Plus récemment, il a renforcé sa participation au sein du fabricant de processeurs graphiques S3. Une politique d’acquisition et d’investissement misant avant tout sur le long terme : la compagnie taïwanaise va utiliser ces technologies pour développer des “PC sur une puce”, processeurs intégrant aussi les fonctionnalités du chipset et des puces graphiques. VIA compte toutefois engranger des bénéfices dès l’an prochain sur son activité processeurs. “Nous croyons au modèle économique sans usine, parce qu’une société n’a en général qu’un ou deux domaines d’expertise. Les nôtres sont le design et la vente, pas la production, poursuit Richard Brown. D’autres ont échoué, comme Nexgen et Rise, parce que leurs produits n’étaient pas de bonne qualité. Au contraire, nous avons acquis deux équipes de design compétentes et n’avons gardé que les gens importants, les ingénieurs. Enfin, parce que nous venons de l’industrie du chipset, nous sommes habitués à vivre avec de faibles marges.” Pas question, en effet, d’afficher des pertes pour une société dont le chiffre d’affaires équivaut à un dixième de celui d’AMD et à moins d’un centième de celui d’Intel.

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Ludovic Nachury