Passer au contenu

Pourquoi Google mise sur les interfaces gestuelles pour ses futurs produits

Après cinq années de recherche, Google a enfin lancé son « projet Soli » avec le Pixel 4. Ce petit capteur reconnaît les gestes et permet de contrôler son smartphone à distance. 01net.com a rencontré Brandon Barbello, chef de produit Google, pour parler des futurs projets de l’entreprise. 

Avec les « Motion Gestures » du Pixel 4, Google promettait monts et merveilles. L’entreprise a miniaturisé dans un téléphone un radar capable de détecter la présence d’un humain et de reconnaître certains gestes, ce qui constitue une petite prouesse technologique. Vous connaissez peut-être la suite, les gestes du Pixel 4 ne nous ont pas vraiment convaincus, notamment parce qu’ils sont encore incroyablement limités. On peut passer d’un morceau à un autre, arrêter un minuteur et… c’est à peu près tout. 

En déplacement à Paris, Brandon Barbello, chef de produit Soli au sein des équipes Pixel, recherche et « Machine Intelligence » de Google a accordé un entretien à 01net.com. Selon lui, les interfaces gestuelles ont de grandes chances de s’imposer dans le futur.

Le Pixel 4 n’est qu’une « étape fondatrice »

C’est en 2014 que Google a eu l’idée de développer un capteur de gestes. À l’époque destiné à Motorola (qui a depuis été revendu à Lenovo), ce projet du nom de « Soli » n’avait pas vraiment de but spécifique. Les ingénieurs de l’entreprise ont tout simplement eu l’idée d’émettre des ondes dans l’air et d’utiliser un récepteur pour observer leurs perturbations. Ils ont appris à Soli (ils l’appellent toujours comme ça aujourd’hui) comment reconnaître la présence d’un humain et, plus particulièrement, les doigts de sa main. Ce radar peut donc savoir quand vous passez votre main entière devant lui, pointer quelque chose ou pincer deux doigts (pour zoomer par exemple). Au fur et à mesure des années, le capteur nécessaire à cette technologie a été miniaturisé au point de pouvoir être inséré dans la bordure supérieure d’un smartphone. C’est ainsi qu’il a pu être intégré au Pixel 4.

« C’est une première version. Le Pixel 4 n’est qu’un étape fondatrice » se défend Brandon Barbello lorsque nous lui expliquons avoir été déçus par Soli. « Nous avions besoin de le lancer dans le monde réel. Maintenant, Soli est un projet commercial. Des gens commencent à l’utiliser » explique-t-il pour justifier le fait d’avoir lancé quelque chose d’encore inabouti. Le chef produit Soli nous promet d’ailleurs que des mises à jour du Pixel 4 arriveront et étendront les capacités de son radar. S’il refuse de nous donner une date, il nous laisse tout de même entendre que ces nouvelles fonctions n’attendront pas le Pixel 5. « Un Pixel s’améliore toujours au fil des mois. »

Maison connectée, montres et écouteurs… Google a de grandes ambitions

Tout au long de notre entretien avec Brandon Barbello, nous nous sommes demandés pourquoi Google avait lancé Soli avec le Pixel 4. Le projet raconté par le directeur produit a tellement d’autres utilités que nous ne comprenons pas son intérêt dans un smartphone, qui dispose déjà d’un écran tactile. Google se justifie en expliquant que le mobile étant l’appareil le plus populaire aujourd’hui, il s’agit de la meilleure plate-forme pour familiariser les utilisateurs. Il nous semble évident que Google aurait préféré lancer Soli ailleurs… mais n’a pas vraiment eu d’autres choix. 

Dans le futur, le radar Soli pourrait donc faire son apparition dans de très nombreux autres produits Google. Brandon Barbello donne par l’exemple des montres connectées (ça tombe bien, Google vient de racheter Fitbit) où vous pourriez utiliser votre main pour faire défiler une liste et faire tourner deux doigts pour contrôler le volume. Sur un petit écran, l’intérêt nous semble bien plus grand. Le domaine du jeu vidéo est également évoqué (ça tombe bien Google lancera Stadia dans quelques jours). « On a quelques idées pour créer des expériences fun plutôt que pratiques, mais ce n’est pas la priorité ». Contrôler son téléviseur à distance est également une des options imaginées par Google, tout comme le contrôle du volume d’écouteurs sans-fil. 

Le véritable terrain de chasse de Soli est sans aucun doute la maison connectée. Il y a une raison simple à ça : le respect de la vie privée. Mettre une caméra dans une enceinte connectée suscite l’indignation des utilisateurs, inquiets d’être surveillés. Avec Soli, ce problème n’existe plus. Capable de détecter des mouvements au travers du plastique ou du verre, le radar Google est donc complètement invisible. « Soli peut voir à 5 ou 10 mètres de distance si vous collez un appareil connecté à votre mur. On peut faire tout un tas de choses. ». De là à imaginer une future enceinte Google Home qui allumera une lumière si vous la pointez du doigt, il n’y a qu’un pas.  

Parmi les autres idées considérées comme « non prioritaires » par Google, notons le remplacement des boutons physiques de nos smartphones par des gestes sur les bords ou au dos de l’appareil. Tout est possible. 

Quelles sont les prochaines étapes ?

Ainsi, contrairement à ce que son lancement avec le Pixel 4 aurait pu laisser penser, Soli est encore au stade de projet. Dans les prochains mois, Google pourrait ouvrir son radar aux développeurs et leur permettre d’utiliser son capteur pour concevoir de nouvelles expériences. Il n’y a pas de SDK aujourd’hui, ce qui conforte notre opinion selon laquelle les « Motion Gestures » du Pixel 4 sont inutiles. Enfin, Brandon Barbello nous explique envisager d’ouvrir Soli aux constructeurs tiers dans le futur. Son rêve ultime est d’imaginer un monde où des personnes s’approcheront dans une table en verre et se demanderont « est-ce un produit Soli ? »

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Nicolas Lellouche