“ Oui, nous sommes investisseurs dans le jeu vidéo“, titrait récemment Le Nouvel Hebdo à l’occasion d’une opération financière dans ce secteur. On ne peut que regretter, quand on fait partie de la communauté high-tech française, que des investisseurs aient à affirmer des évidences pour contrer des arguments sur la mauvaise santé supposée de tel ou tel secteur.Clamons-le haut et fort : le secteur du jeu vidéo ne s’est jamais aussi bien porté. Avec trois mastodontes internationaux ?” Sony, Nintendo et Microsoft ?” pour le soutenir, environné de partenaires tels qu’Infogrames, Electronic Arts ou Ubi Soft, ce secteur est à l’aube de la plus forte croissance qu’il aura jamais connue depuis sa création par Atari en 1972.Mais, comme toutes les industries en pleine croissance, le secteur des loisirs électroniques est victime de crises d’immaturité, graves ou légères. Déjà, en 1983, la faillite d’Atari, provoquée par un affaissement du marché faisant suite à une nuée de produits sans intérêt, a cassé net la progression de la jeune industrie. Elle ne sera ressuscitée que par l’arrivée de Nintendo sur le marché américain en 1985.La légère crise récente, dont on peut aujourd’hui penser sereinement qu’elle est terminée, n’a dû sa brève existence qu’à un mauvais calcul de l’acteur dominant sur le marché. Sony, en annonçant trop tôt la sortie de sa Playstation 2, a ménagé ses intérêts à court terme en négligeant ceux, à long terme, des éditeurs de jeux, trop dépendants de la première Playstation, ainsi que ceux des développeurs, liés par les commandes des éditeurs.Quels enseignements tirer de cette crise, qui est avant tout une crise de confiance ? Principalement, que l’industrie des loisirs électroniques doit poursuivre sa consolidation, et que cette consolidation doit s’accompagner d’une structuration fine du secteur, au-delà de simples fusions-acquisitions.On compare souvent ?” à juste titre ?” l’industrie du jeu vidéo à celle du cinéma, pour en vanter la croissance. Toutes mesures gardées, le raisonnement doit être poussé à son terme. Alors que le cinéma dispose de mécanismes complexes de gestion des relations entre ses différents acteurs, fruits de plus d’un siècle d’une histoire riche, l’industrie des loisirs électroniques reste structurée autour du trio constructeur-éditeur-développeur .
Cherche producteur désespérément
Le constructeur (par exemple, Sony) définit une plateforme technologique et donne le droit à l’éditeur (disons Infogrames) de produire des jeux pour cette plateforme contre des royalties par unité, assorties d’une ” taxe de fabrication “. L’éditeur va alors solliciter un développeur (en interne ou du type Kalisto) pour assurer la création du jeu à proprement parler.Ce modèle doit aujourd’hui évoluer : cette industrie doit s’appuyer sur des mécanismes plus solides s’inspirant des réussites en matière de financements structurés, et ce afin que les rôles soient mieux repartis qu’ils ne le sont aujourd’hui.Fonds de production, completion bonds garantissant l’achèvement d’un projet, produits fiscalement avantageux pour favoriser la production européenne de contenus interactifs : ce ne sont que quelques-uns des aspects à développer pour qu’un nouveau type dintervenant, le producteur, vienne compléter la chaîne en y apportant une compétence supplémentaire qui lui a fait cruellement défaut par le passé et qui permettra à cette industrie, où la France joue un rôle majeur, de se fortifier et de porter de nouveaux fruits.* Interactive Finance, société de services financiers dédiée aux loisirs électroniques.
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