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Pour grandir encore, Intel voudrait couper les amarres

En quête de relais de croissance, le leader mondial des puces parie sur le haut débit et le sans fil. Mais il se heurte à des pointures prêtes à en découdre.

Les fonctionnaires du Pentagone n’ont vraiment pas de chance. L’usage des nouveaux ordinateurs portables et autres assistants personnels disposant d’une technologie sans fil leur est interdit. Sécurité oblige. Dommage. Car aux États-Unis, industriels, médias et consultants n’ont plus que le mot wireless à la bouche. Le buzz prendrait presque des allures de bulle. Un comble, alors que les ondes de choc de la dernière sont encore perceptibles. Certains n’ont pas hésité à prendre leur bâton de dirigeant pour aller prêcher la bonne parole dans le monde.

Un nouveau credo

Ainsi, Craig Barrett, patron d’Intel, premier fabricant de microprocesseurs. Lancé dans un road-show, réglé au millimètre, qui l’a conduit du Moyen-Orient à l’Espagne en passant par l’Italie, l’Allemagne, la Russie et la France, il décline son nouveau credo, tendance fashion. La collection du groupe de Santa Clara (Californie) est résolument placée sous le signe des technologies haut débit et sans fil : wireless LAN ou Wi-Fi, wireless WAN (GSM, UMTS et consorts), Bluetooth, etc. Ce faisant, Intel tente de s’affirmer comme incontournable sur le marché des puces communicantes. Pour une raison simple : ce secteur constitue, pour le groupe américain, le relais de croissance susceptible de compenser la léthargie des ventes de PC, qui génèrent 80 % de son chiffre d’affaires.Accessoirement, Craig Barrett se montre résolument optimiste quant à l’imminence de la reprise. Un retour à la croissance est fondé sur la consommation, selon lui. Condition sine qua non d’un retour aux profits pour les entreprises. Celles-ci n’hésiteront plus, dans un deuxième temps, à investir dans de nouveaux équipements liés aux technologies de l’information. Un scénario plausible, mais pourtant nuancé par les économistes. Ainsi, Jean-François Virolle, chief economist de Global Equities, estime que “si cette analyse s’est révélée exacte du premier semestre 2001 à aujourd’hui, la consommation risque maintenant de plafonner. D’autres facteurs devront contribuer au maintien de la croissance : la reconstitution des stocks et la reprise des investissements”.En attendant, les technologies sans fil semblent constituer un support crédible. Pour Will Strauss, analyste du cabinet Forward Concepts, spécialisé dans les marchés de l’électronique, “les livraisons de composants dédiés aux transmissions “wireless” devraient doubler en 2003 pour atteindre 19,3 millions d’unités”. Et de rappeler que le prix des puces Wi-Fi ?” autour d’une quinzaine d’euros ?” a chuté de 75 % en deux ans. Cette érosion constitue un vecteur de croissance en terme de pénétration du marché, identique à celui dont l’industrie du PC a bénéficié il y a quelques années : “De plus en plus de sociétés américaines s’équipent de points d’accès Wi-Fi, et la technologie touche déjà des secteurs plus inattendus, comme l’automobile”, ajoute Will Strauss. Dès 2003, de nouveaux terminaux apparaîtront sur les linéaires, croisements hybrides entre l’ordinateur portable et l’assistant personnel. Mais encore faudrait-il que les infrastructures soient disponibles pour que ces machines communiquent entre elles. Ce qui est loin d’être le cas en Europe. D’où les efforts de Craig Barrett pour sensibiliser les politiques, comme en témoigne sa récente rencontre à Paris avec Francis Mer, ministre de l’Économie.Quoi qu’il en soit, l’ensemble de la communauté industrielle est au rendez-vous. De Texas Instruments à Qualcomm en passant par Agere, Motorola ou Transmeta, tous sont décidés à se tailler une part du gâteau. Quitte à investir lourdement pour obtenir les compétences nécessaires quand elles n’apparaissent pas en magasin. Ainsi, sur la trentaine d’acquisitions réalisées par Intel au cours des quatre dernières années, près de la moitié représentent déjà un investissement de 10,4 milliards d’euros. Pour quel résultat ? “Ces acquisitions n’ont pour l’instant généré ni revenus, ni produits, même si l’entreprise dispose d’une puissance de feu suffisante pour simposer le moment venu”, constate Will Strauss.

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Gilles Musi et Agathe Remoué