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Portrait de l’été (7/7) : Bernard Werber, notre Jules Verne version 2.0 est de retour

Avec le succès rencontré par sa saga des Fourmis, Bernard Werber est devenu l’un des écrivains les plus lus. Ce techno-geek s’attaque aujourd’hui à la mutation de l’Humanité.

 Le GPS, la reconnaissance vocale, le MMS… Dans « Le père de nos pères », le héros, Isidore Katzenberg, se géolocalise avec son téléphone, parle à son mobile et consulte des photos depuis son portable. Des technos que Bernard Werber a décrites en 1998, bien avant qu’elles ne soient inventées. Quinze ans après, ces scènes qui paraissaient futuristes font partie de notre banal quotidien.

Un peu à la manière d’un Jules Verne, Bernard Werber aime imaginer le futur. À 51 ans, il est, après Marc Levy, l’auteur français le plus lu au monde. Sa trilogie best-seller, “les Fourmis”, s’est vendue à 15 millions d’exemplaires et a été traduite dans plus de trente langues. Le voilà qui vient d’achever le tome 2 de “La Troisième Humanité”, une nouvelle trilogie qui distingue trois étapes de l’humanité. La première est constituée de géants de 17 mètres dont les restes ont été découverts en Antarctique. La seconde est la nôtre. La troisième sera créée par d’inquiétants généticiens. L’ouvrage, qui sortira en octobre, est dans la droite ligne de son œuvre, savant mélange entre science, fiction, philosophie et thriller.

Du Goupil au Macbook Air

Ancien journaliste scientifique au Nouvel Observateur, Bernard Werber n’a de cesse de se projeter dans l’avenir, puisant ses idées dans ses nombreuses lectures scientifiques et auprès d’amis chercheurs qu’il fréquente quotidiennement au bistro : une antenne du CNRS est située juste au pied de son domicile. Ce dernier, au risque de décevoir les fans, n’a rien de futuriste : dans ce quartier de l’Ouest parisien, Bernard Werber nous reçoit dans un appartement plutôt bourgeois. Mais entré dans le salon, on comprend sans peine qu’il soit connecté à tout et en permanence.

Du PC à l’Applemania. Grand écran plat accroché au mur, iPhone, iPad et iMac de dernière génération éparpillés dans la pièce, un MacBook Air pas très loin… Werber serait-il Applemaniaque ? « Pas du tout », sourit-il, décrivant son premier ordinateur : un Oric Atmos, sur lequel il utilisait un traitement de texte qu’il a lui-même programmé.

Devenu journaliste scientifique, il rassemble ses économies pour s’acheter un Goupil. « Quand la France faisait encore des ordinateurs », dit-il. Puis il migre sur PC, « comme tout le monde ou presque ». Jusqu’au drame : la perte définitive de vingt manuscrits d’un coup pour avoir changé de disque dur ! « J’ai éclaté de rire et je suis resté malgré tout sur PC. » Il faudra qu’un virus vienne à bout de son ordinateur, cinq ans plus tard, pour le convaincre de passer sur Mac.

l’auteur le plus piraté de l’Histoire ?

Aujourd’hui, c’est sur son MacBook Air que l’auteur à succès écrit. Tous les matins de 8 h à 12 h 30, il se rend dans un café, en bas de chez lui. « Quand je travaille, j’ai toujours mon traitement de texte et mon navigateur côte à côte sur mon écran. » D’un côté, il écrit. La grande originalité par rapport à nombre de ses collègues écrivains est que lui utilise la fonction Plan de Word pour organiser les titres de ses chapitres et son texte. Les alternances de scènes sont surlignées de couleurs différentes.

De l’autre, il fouille Internet en quête d’infos et d’idées… Sa recherche du moment ? Des images satellites de l’Île de Pâques, où il plante le décor d’une scène de sa « Troisième Humanité ». Ces jours-ci, il ne manque pas non plus de consulter régulièrement Facebook. Dans le cadre d’un jeu-concours organisé par Intel jusqu’au 14 juillet, l’écrivain donne la plume aux internautes en leur proposant d’imaginer en quelques lignes quel sera notre futur dans mille ans.

Vive le papier ! Sera-t-il devenu l’auteur le plus piraté de l’Histoire ? Oui si l’on en croit l’AFP qui le consacre comme l’auteur le plus piraté au monde de son vivant. Ennuyé ? « Au contraire, c’est une fierté ! Cela veut dire que des gens ont envie de me lire, mais qu’ils n’ont pas les moyens financiers ou le temps d’aller en librairie. Je sais que s’ils aiment le livre, ils finiront par l’acheter parce qu’ils seront impatients d’avoir la suite. Ou en auront marre de pirater. »

Article publié dans le n°777 du magazine 01Net du 27 juin 2013.

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Alexandre Salque