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Piratage, accoutumance et censure pour les cybercafés chinois

12 000 fermetures en 2004. Le piratage logiciel est en cause, l’inquiétude face à l’addiction aux jeux en ligne aussi.

On a le réflexe d’attribuer à la censure politique la vigilance du gouvernement chinois envers les cybercafés. L’agence Chine Nouvelle vient d’ailleurs d’annoncer que 12 000 d’entre eux avait été fermé en 2004. Mais ceux-ci ne sont
guère des repères de cyberdissidents, qui préfèrent travailler dans des lieux moins exposés.Les cybercafés chinois n’en restent pas moins un carrefour de l’information dans la ligne de mire d’un gouvernement
traditionnellement coercitif. Ils sont donc la cible de mesures visant à limiter la consultation d’informations dites ‘ sensibles ‘, délit qui n’entraîne
toutefois pas la prison pour l’utilisateur. Le non-respect des réglementations reste par contre de la responsabilité du propriétaire…Deux autres causes motivent la vigilance de Pékin : l’utilisation de logiciels piratés et une vague d’inquiétude envers les jeux en ligne. Dans la seule ville de Hangzhou (6 millions d’habitants), un millier de
cybercafés ont été fermés l’an dernier pour avoir utilisé des versions piratées de Windows. Depuis l’entrée du pays dans l’OMC, les autorités font de nombreux efforts pour lutter contre la traditionnelle contrefaçon et
régulariser le système D engendré par la pauvreté. ‘ En Chine, presque tous les cybercafés utilisent des logiciels piratés. Un petit cybercafé fournit difficilement un revenu suffisant si on doit payer des licences au tarif des pays
riches ‘,
souligne un gérant.

20 % d’accros aux jeux

Les 13,8 millions de joueurs en ligne chinois sont eux aussi sous les feux de la rampe. L’accoutumance, qui toucherait 20 % d’entre eux, est devenue un véritable fait de société. La situation en Chine se rapproche ici
de la situation coréenne. Dans ce pays, depuis 2002, six morts ont été attribués à l’addiction à Internet. Mais dans le cadre plus libéral de la Corée, l’importance économique de cette industrie annule toute velléité de prendre des
mesures concrètes.Du côté de l’Empire du milieu, on assimile plutôt ces jeux à une drogue : ‘ La jeunesse chinoise fuit la réalité pour se réfugier dans un monde virtuel simpliste et souvent violent ‘, commente
Kelsang Tsering, psychologue traitant des victimes de cette pathologie. De nombreuses mesures ont donc été prises pour contrôler la diffusion de certains jeux. Mais Pékin va aussi dans le sens de la vague
en soutenant l’industrie locale actuellement en quête de 600 000 emplois.

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Raphaëlle Pienne et Georges Favraud, à Pékin