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Pénurie de composants : Joe Biden veut relancer la machine américaine, son industrie veut des aides

Face à la pénurie de composants électroniques qui touche tous les secteurs de l’économie, le gouvernement américain veut entamer des réformes avec l’aide de son industrie. Qui lui répond par des demandes d’aides financières.

Bien au-delà des simples problèmes d’approvisionnement en consoles et cartes graphiques, la pénurie de composants électroniques handicape toutes les industries et cela inquiète le gouvernement américain. Le fraîchement élu président américain, Joe Biden, s’apprêterait à signer un ordre exécutif pour mettre en place une équipe qui aurait 100 jours pour identifier les points de blocages. Et mettre en place un plan de relance de cette industrie, jadis un fleuron américain.

Si les principaux acteurs sont toujours américains, des puces (AMD, Intel, Qualcomm, etc.) aux équipementiers et spécialistes de la production (Applied Materials, Cadence Systems, etc.), la production de puces made in USA est en berne, puisqu’elle est passée de 37% du volume mondial dans les années 90, à seulement 12% en 2020.

Ces rumeurs de plans de redynamisation de la filière industrielle (production) de puces aux USA intervient au même moment où la Semiconductor Industry Association a fait parvenir une lettre signée par 21 PDG d’entreprises – dont Intel, AMD, ou Qualcomm – demandant au gouvernement « des financements et incitations substantielles pour la fabrication de semi-conducteurs, sous la forme de subventions et/ou de crédits d’impôts ».

Alors que l’implantation d’une usine de semi-conducteurs fait automatiquement l’objet de subventions en Corée du Sud ou à Taïwan, le haut niveau de compétition dans le domaine aux USA fait que ces aides se font au cas par cas, après de longues analyses des dossiers. Les géants du développement et de la production de puces veulent que le gouvernement aille plus vite, considérant que « l’audace est ici nécessaire pour relever les défis auxquels nous faisons face. Les coûts de l’inaction sont encore plus grands ».

Alors que les usines de dernière génération coûtent désormais plus de 10 milliards de dollars, les entreprises capables de les financer sont rares. Et la variété des business models – Intel conçoit et produit et ne sous-traite que très peu, AMD et Qualcomm conçoivent et font produire, Global Foundries ne fait que produire – fait qu’il est difficile pour ces acteurs d’agir de concert considérant le niveau de compétition.

Samsung – L’usine de dernière génération capable de graver en EUV (<7nm) de Samsung sise à Hwaseong, en Corée du Sud.

Si l’essentiel de la production se fait dans les usines de pays amis – Taïwan et Corée du Sud – la dépendance extérieure à une chaîne de production de puces désormais mondialisée met aujourd’hui en difficulté des industries comme l’automobile. Tout comme les Allemands, les constructeurs automobiles américains avaient mis en pause leurs commandes de semi- conducteurs l’an dernier à la suite de la baisse de la demande de véhicules pour cause de pandémie.

Mais ils avaient oublié -ou ne voyaient pas- pas que la demande à la hausse dans de nombreux secteurs (informatique, vidéoludique, etc.) et les problèmes d’approvisionnement (substrats, modules mémoire, etc.) allait induire que leur place allait être prise par d’autres secteurs. Avec des temps de production de plusieurs semaines voire mois, cette compétition pour les lignes de production, notamment de pointe (gravure EUV) fait que certaines industries – notamment auto – sont presque à l’arrêt, selon la façon dont les approvisionnements ont été gérés en 2020.

Posséder un outil de production domestique en partie financé par des aides fédérales permettrait aux industries américaines d’avoir plus de garanties en cas de crise, comme c’est le cas actuellement. Il reste à voir si les acteurs des semi-conducteurs américains et leur gouvernement sauront trouver un terrain d’entente sur le plan financier.  

Sources : Bloomberg, Reuters

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