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P. Vendramin (fondation Travail-Université) : ‘ Les femmes manquent de visibilité sur les métiers de l’informatique ‘

Encore trop peu de femmes intègrent le secteur de l’informatique et la proportion d’étudiantes de filières préparant aux métiers des TIC ne cesse de chuter. Explications de Patricia Vendramin.

Patricia Vendramin, directeur de recherche à la fondation Travail-Université en Belgique, livre les grandes lignes du projet européen WWW.ICT (Widening Women’s Work in Information and Communication Technology),
qui s’est intéressé à l’orientation et aux carrières des femmes dans les métiers des TIC dans sept pays ?” Autriche, Belgique, France, Irlande, Italie, Portugal et Royaume-Uni.Le rapport, publié en mai 2004, tente de répondre à la question : quelles sont les conditions qui peuvent rendre les TIC plus attractives pour les femmes ? Dans le cadre de ces travaux, cent quarante entretiens biographiques
 ?” cent sept femmes et trente-trois hommes ?” ont été menés, et vingt-huit cas d’entreprises étudiés.01 informatique : Malgré une diversification des filières préparant aux métiers des TIC, la proportion d’étudiantes (de 10 à 25 %, selon les pays européens) continue de chuter. Pourquoi les jeunes
filles sont-elles si peu attirées par ces cursus ?
Patricia Vendramin : Tout d’abord, il est faux de croire que les femmes ne s’intéressent pas à la technologie. Elles ne sont pas non plus attirées que par son côté ludique ! En réalité, le problème relève plus
du manque de visibilité sur les métiers des TIC. Les jeunes filles n’ont, au départ, aucune idée des tâches qui pourraient leur être confiées. Par ailleurs, l’image stéréotypée de l’informaticien soixante-huitard qui ne communique qu’avec son écran
d’ordinateur est encore ancrée dans les esprits.Les femmes entrevoient mal les perspectives de carrière qu’offrent ces métiers. Comment y remédier ?Elles ont, en effet, très peu de visibilité sur la gestion des carrières dans ce secteur et s’imaginent qu’elles vont devoir changer fréquemment d’entreprise. Ce qui n’est pas toujours compatible avec les contraintes qu’elles
rencontrent à certains moments de leur vie, comme le congé de maternité. Il faut donc les aider à prendre en main leur parcours professionnel. Par exemple, elles ne doivent pas hésiter à aller de l’avant et à demander des formations pour faire
évoluer leurs compétences.Est-il plus difficile, dans ce secteur, de concilier vie privée et professionnelle ?Oui. Le rythme de travail y est particulièrement contraignant. Les femmes sont prêtes à l’accepter, mais il faudrait développer leur autonomie dans la gestion du temps. Sur ce point, les entreprises ne sont pas encore assez
flexibles. Elles devraient davantage adopter des modes d’organisation du travail plus liés aux objectifs qu’au nombre d’heures passées sur place.Les campagnes des pouvoirs publics ou des organismes de formation professionnelle de ces dernières années pour amener davantage de femmes dans les métiers des TIC ont un succès limité. Pourquoi ?Ces campagnes ne sont pas toujours bien ciblées. Elles s’adressent souvent aux femmes, mais parfois avec des messages désastreux, renforçant les a priori. Or, au départ, elles ne sont pas plus incompétentes que
les hommes pour utiliser l’informatique. De plus, les actions engagées sont trop souvent à l’initiative d’organisations de femmes elles-mêmes ou des pouvoirs publics. Très peu proviennent des entreprises. Rares sont celles qui mettent en avant les
beaux parcours de femmes qui réussissent dans ce secteur. Il faut donc sensibiliser les DRH et les aider, notamment, à créer des ‘ modèles ‘ et à les utiliser comme exemples de réussite. Elles peuvent
devenir des tuteurs. Ces femmes, ainsi que celles travaillant sur ces sujets au sein des universités peuvent constituer un réseau.

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Sandrine Chicaud