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On a visité le centre de télécommunication par satellite d’Orange, entre passé et futur

Construit il y a quarante ans pour établir des communications vocales avec les DOM-TOM, le téléport de Bercenay trouve aujourd’hui une seconde jeunesse en fournissant de la connectivité mobile à des ONG, des ambassades ou des navires.

Paysage de science-fiction hollywoodienne échoué en pleine campagne, le téléport de Bercenay-en-Othe se voit de loin avec ses antennes paraboliques géantes. Un vrai musée des télécoms à ciel ouvert, construit dans les années soixante-dix, qui conserve une utilité bien réelle en ce 21e siècle.
Ce site est une station (terrestre) de communication par satellite. Ces gigantesques antennes permettent d’émettre des signaux par ondes radio vers des satellites ou de transmettre, dans l’autre sens, les signaux que ces derniers envoient.

Vue du téléport dans la campagne.
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Grâce à ce téléport, la branche Orange Business Service fournit de la connectivité à des grands comptes, des ambassades et des ONG où que les utilisateurs se trouvent, dans le désert ou au milieu de l’océan. Et pourquoi pas demain, à bord des avions.
Le site de Bercenay sert aussi à compléter la couverture, pour des filiales du groupe, de zones blanches situées principalement en Afrique.

Il faut bien sûr, que les clients soient eux-même équipés d’une antenne plus petite, pour envoyer et recevoir des informations. On peut voir dans la photo ci-dessous un exemple de celles qui sont installées au sommet des navires. Pour résumer, une connexion Internet par satellite repose à la fois sur un satellite, une grande antenne au sol, aussi appelée hub, et plusieurs petites antennes des utilisateurs finaux désignées sous le terme de stations distantes.

Une antenne telle qu'on peut en trouver au sommet d'un navire. Elle est testée sur le site du téléport.
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“Le téléport de Bercenay compte actuellement 32 antennes et 2500 stations distantes dans le monde, connectées à 23 satellites se situant à 36 000 km de la Terre et opérés par différents opérateurs comme Eutelsat, Intelsat, SES et Arabsat”, nous décrit le directeur du téléport Thomas Girardin.

Lorsque l’on s’approche des hubs, on distingue au centre un petit triangle retourné : c’est le “cassegrain”. “Lorsque le signal sort, il est réfléchi par le cassegrain dans deux directions différentes. Cela permet de concentrer les ondes reçues ou émises vers l’antenne-source, qui se situe au foyer de la parabole”, nous explique Jean-Luc Vuillemin, directeur général d’Orange International Networks. Grâce à ce procédé, leur rendement et leur directivité sont accrus.

Au centre des antennes, on distingue un petit triangle. C'est un cassegrain.
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Une première antenne inaugurée en 1978

Mais le clou de la visite, c’est la première antenne inaugurée en 1978 qui répond au doux nom de BY1 (voir photo au début de cet article). Avec ses 32 mètres de hauteur et ses 300 tonnes, elle demeure la plus imposante de toutes, au même titre que l’antenne jumelle qui la côtoie. Son inauguration nous renvoie à une époque où les câbles sous-marins en fibre optique ne sont pas encore déployés entre les continents. Les PTT font alors lancer leurs propres satellites.
L’UIT (Union Internationale des Télécommunications) subventionne la création de centres de télécommunications spatiales dans le monde entier pour répondre aux besoins croissants en communications vocales analogiques internationales. Celui de Bercenay va servir à connecter la France avec les DOM-TOM.

A la fin des années 90, le téléport élargit sa palette à la diffusion de la télévision numérique en HD. Puis dans les années 2000, il se focalise sur la technologie VSAT (Very Small Aperture Terminal), pour offrir des services connectés avec une bande passante sur-mesure pour les entreprises : connexions internet, voix sur IP, vidéo, etc … On peut voir ici les routeurs dédiés au VSAT dans la salle d’exploitation du téléport.

Au centre des antennes, on distingue un petit triangle. C'est un cassegrain.
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Un témoin du passé tourné vers l’avenir

Aujourd’hui, seul Saint-Pierre et Miquelon continue d’utiliser le satellite pour établir des communications vocales, les autres liaisons ont basculé sur des solutions filaires. Mais les technologies d’alors continuent de servir efficacement les usages actuels. On trouve ainsi une véritable petite curiosité dans le bâtiment central où est généré le signal. Ce dernier est modulé et transposé dans la bande de fréquences que va utiliser l’antenne, puis transmis via un guide d’ondes que l’on peut voir sur la photo ci-dessous. Un procédé qui date d’avant la généralisation de la fibre optique.

Les antennes des années soixante-dix continuent d'utiliser des guides d'ondes.
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La salle de supervision est équipée d’une série d’écran d’ordinateurs affichant l’état des hubs …

Le contrôle des antennes.

… mais aussi un analyseur de spectre pour vérifier la forme et la puissance du signal émis et reçu au pied des antennes.

Le signal est analysé.
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L’avenir pour Bercenay semble tourné vers une nouvelle génération de satellites reposant sur la technologie dite du VHTS (Very High Throughput Satellite).
Ces derniers possèdent beaucoup plus de capacité et peuvent répartir leur bande passante de façon dynamique suivant la demande. Orange a signé un accord avec Eutelsat pour bénéficier à l’horizon 2021 de services de son satellite géostationnaire Eutelsat KONNECT VHTS pour couvrir les territoires ruraux et de montagne qui ne disposeront pas de la fibre optique en France dans les années qui viennent. Mais l’opérateur télécom discute également avec OneWeb et Space X de l’opportunité de collaborer à leur projet de constellation de satellites en orbite basse. Bercenay n’est donc pas prêt de devenir un musée.

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Amélie CHARNAY