Passer au contenu

Neuralink : Elon Musk espère réaliser ses premiers tests d’implants cérébraux sur des humains d’ici six mois

Le milliardaire ne fait pas que tweeter, il surveille toujours ses autres projets et en parle. Parmi eux, Neuralink semble proche de franchir un nouveau cap. Elon Musk a en effet annoncé hier, lors d’une conférence, que les premières expériences sur l’Homme pourraient avoir lieu d’ici peu.

Elon Musk… Rassurez-vous, il n’est pas ici question de Twitter. Si le milliardaire fait beaucoup parler de lui depuis son rachat du réseau social, ses autres sociétés n’en continuent pas moins d’avancer. C’est le cas de Neuralink, un autre de ses projets pour lequel était organisé hier un évènement spécial.

C’est dans ce cadre et au siège de la société à Frémont, en Californie, qu’Elon Musk a annoncé que son implant sera prêt à être testé sur des sujets humains d’ici six mois, le temps que l’autorité de régulation américaine, la FDA, donne son go. À en croire l’homme d’affaires, il semblerait que les discussions entre la FDA et Neuralink soient bien avancées et se déroulent bien. Même si on imagine que les sujets abordés sont éminemment complexes et que les risques à prendre en compte sont énormes et nombreux. D’autant plus qu’on flirte ici avec de nouvelles frontières éthiques.

Un implant pour lier l’Homme à la machine

Neuralink travaille depuis plusieurs années à l’amélioration d’un minuscule ordinateur, d’une interface cerveau-machine. Elle prend la forme d’un implant, nommé N1, de la taille d’une pièce de monnaie, et connecté à plusieurs dizaines de fils microscopiques (4 à 6 micromètres). Ils sont destinés à l’interaction avec les neurones de l’hôte, tandis que l’implant est posé à la place d’un bout de calotte crânienne perforée et ôtée par un robot chirurgical – l’opération pourrait être réalisée en un quart d’heure environ. « C’est un peu comme avoir une montre connectée qui remplace un bout de crâne », expliquait Elon Musk.
La procédure de Neuralink est, en effet, invasive, plus que celle de certains de ses concurrents, mais moins que ce qui se pratique actuellement dans ce domaine éminemment expérimental. Toutefois, Elon Musk a fait ce choix, car il pense que plus la puce est proche du cerveau et plus elle est puissante, plus son potentiel est grand. Neuralink est d’ailleurs l’une des seules, si ce n’est la seule société dans ce domaine à développer une interface cerveau-machine générale et non spécialisée dans un seul domaine. Précisons également que l’implant a besoin d’être rechargé en énergie régulièrement. Les équipes d’Elon Musk travaille à un système de recharge sans-fil, qui nécessite de porter une sorte de casque.

À court terme, l’objectif est de permettre à son porteur d’interagir avec des machines via l’implant. C’est une solution qui est destinée aux personnes avec des handicaps moteurs lourds, notamment, et qui devrait permettre à un paraplégique, par exemple, de communiquer avec le monde extérieur par la « pensée », ou tout au moins en contrôlant l’interface d’une machine dédiée qui lui permettra de saisir du texte. En avril 2021, Neuralink a beaucoup fait parler de lui avec une vidéo de démonstration. On y voyait un singe équipé d’un implant, dont l’activité neuronale était interprétée et lui permettait de jouer à Pong sur un écran sans utiliser de manettes.

Tous devenir des cyborgs ?

Bien entendu, cet usage du Neuralink n’est qu’une première étape. Elon Musk souhaite, à plus long terme, relier différentes parties du cerveau humain à ses modules, avec en ligne de mire un rêve : connecter le cerveau humain à Internet, et permettre ainsi le transfert de données entre les deux. Un peu à la manière de Neo apprenant le Kung-Fu en quelques secondes grâce à un simple téléchargement d’informations.

« Vous êtes habitués à être un cyborg de fait », indiquait Elon Musk, « mais si vous interagissez avec votre iPhone, vous êtes limité ». Le milliardaire est persuadé que l’Humanité ne pourra tenir la distance face au progrès des intelligences artificielles que si elle s’hybride, se connecte davantage à la machine, que si elle vit en symbiose avec les IA. « Si vous ne pouvez pas les battre, rejoignez-les », concluait-il sur ce point lors d’une interview accordée dans le cadre du podcast de Joe Rogan.

Des implants dédiés pour réparer l’Homme

Mais Elon Musk n’entend pas s’arrêter là. Il a levé le voile sur d’autres projets d’implants, qui pourraient être développés pour d’autres parties du corps. Deux de ces recherches ont été mises en avant. L’une aboutirait à la création d’un implant pour la moelle épinière, dans le but de rendre de la mobilité à des personnes paralysées. Elon Musk semble ne pas douter des possibilités offertes par ces futurs implants : « Aussi miraculeux que cela puisse paraître, nous sommes confiants et pensons qu’il est possible de rendre totalement fonctionnel un corps à quelqu’un dont la moelle épinière a été sectionnée », déclarait-il pendant la conférence.

L’autre est un implant oculaire qui permettrait de rendre la vue à des personnes devenues aveugles ou même d’améliorer la vue d’une personne. Et, une fois encore, Elon Musk se montre très sûr du potentiel de ses implants : « même s’ils n’ont jamais vu avant, nous sommes confiants dans le fait qu’ils pourront voir ».

Ces propos doivent toutefois être mis en perspective. Pour l’instant, il faut croire sur parole Elon Musk, qui a par le passé déjà fixé des objectifs qui n’ont pas été atteints dans les temps, ou tout court. D’autant que, comme le rappelle Bloomberg, il n’y a pas si longtemps, le même Elon Musk incitait ses chercheurs à travailler plus dur et plus vite : « Nous serons tous morts avant que quelque chose d’utile arrive », aurait-il ainsi lâché lors d’une réunion avec ses équipes, avant de continuer : « Nous avons besoin d’accélérer. Nous avons besoin de mettre sur le marché des produits utiles. » D’ailleurs, le milliardaire n’a pas caché le chemin encore à parcourir pendant sa conférence en prenant une analogie facile à comprendre pour expliquer le chemin à parcourir entre le prototype et le produit final : « Avoir l’idée d’aller sur la Lune, c’est très facile. Y aller, c’est beaucoup plus dur. » La question est donc désormais de savoir où se trouve le module lunaire d’Elon Musk. Apparemment à seulement six mois d’alunir… dans un cerveau humain.

D’un point de vue médical, ces progrès et projets futurs sont évidemment enthousiasmants, pour ce qu’il pourrait offrir à des personnes dans des situations extrêmement dures. Néanmoins, le fantasme à peine voilé de l’Homme augmenté s’accompagne également de très nombreuses questions éthiques, qui vont de l’égalité d’accès à la technologie à la question même de la pérennité de l’espèce humaine.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.

Source : Bloomberg


Pierre FONTAINE