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(Mise à jour) Stress maladif pour les salariés d’IBM France

Entre la direction et les syndicats s’engage un nouveau bras de fer. Au c?”ur du problème, le stress imposé aux salariés.

En septembre 2003, les Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) d’IBM France en région parisienne sont alertés par la médecine du travail, pointant une montée inquiétante du niveau de stress des
salariés de l’entreprise. Un rapport, établi au moyen d’un protocole d’enquête reconnu par l’OMS (Organisation mondiale de la santé), évalue à 44 % le taux d’employés soumis au stress (à un niveau supérieur à 6 sur
une échelle de 10). La moyenne nationale, elle, s’établit à peine à 25 %. En outre, près de 3 % des salariés sont considérés comme étant en état de burn out, d’épuisement professionnel. Ces chiffres ont été
présentés par la CFDT IBM lors d’une conférence de presse.Devant ces révélations, le CHSCT de Noisy-le-Grand avait décidé de lancer une expertise indépendante. Mais la direction dIBM ?” qui préside pourtant au CHSCT ?” a alors porté l’initiative devant le tribunal
de grande instance de Bobigny. ‘ Juste avant, un groupe de travail avait été créé pour “enquêter”. Mais c’est un groupe fantoche : 8 de ses 16 membres sont issus du management, il n’a pas
de budget, pas de méthodologie… En huit mois d’existence, rien n’en est sorti ‘,
regrette Jean-Michel Daire, délégué CFDT. Résultat, le 5 janvier 2005, le tribunal a bien reconnu l’existence
d’un risque grave mais a refusé toute expertise extérieure, estimant qu’IBM demeure la mieux placée pour régler le problème. ‘ Aberrant, quand on connaît l’entreprise ‘, peste le
syndicaliste.

Des symptômes révélateurs

Les symptômes sont pourtant frappants : dépressions et troubles psychologiques profonds se multiplient. Cas extrême, celui d’un salarié qui, chaque matin, vomissait au pied de sa voiture après l’avoir garée sur le
parking. ‘ Certains risquent même d’être licenciés pour abandon de poste : ils ne viennent plus travailler, sans arrêt de travail, sans prévenir personne, et s’enferment chez eux ‘,
raconte Jean-Michel Daire.Les arrêts de plus de 21 jours sont même en hausse constante depuis trois ans. ‘ Or les maladies à la base d’arrêts longs n’ont pas connu de croissance exponentielle ; cela laisse donc à
réfléchir ‘,
ironise Annie Jarry, déléguée CFDT et secrétaire adjointe d’un CHSCT francilien d’IBM. En 2004, les visites spontanées à la médecine du travail ont augmenté de 21 %, avec une montée en charge
supplémentaire en période d’évaluation des salariés.Le système de notation du personnel, souvent décrié, semble en effet aux racines du mal. Le taux d’utilisation, censé mesurer le temps réellement productif du salarié, exclut ainsi les périodes de formation ou de travail
administratif. ‘ Ce sentiment d’être évalué non sur son travail, mais sur des critères périphériques est source de dérives pathogènes importantes ‘, s’inquiète Annie Jarry.Pour Jean-Michel Daire, la situation est critique : ‘ Nous attendons qu’IBM reconnaisse le risque et la multiplication de cas graves, qu’elle modifie son organisation et intervienne auprès du
management, en concertation, pour que les salariés ne soient plus soumis à des contraintes délirantes ‘.
Invitée à s’exprimer, la direction d’IBM France n’a pas retourné nos appels.

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David Martin