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Carrefour devra clarifier son externalisation informatique

Le groupe confie la gestion de certains services à HP. Les représentants du personnel dénonce un manque de transparence.

Dans moins de trois semaines Carrefour devrait signer avec HP un contrat portant sur l’externalisation de ses activités informatiques ‘ assistance et services aux utilisateurs ‘. Ce
transfert devrait concerner 65 salariés de la structure Carrefour système d’information France (CSIF). La gestion des machines constituant le datacenter de Carrefour devrait elle aussi être confiée à un prestataire.Les syndicats et représentants du personnel dénoncent un déficit de transparence et d’information de la part de la direction. ‘ Il est impossible de connaître le contenu du contrat passé entre Carrefour et
HP ‘
, explique Jean-François Debeugny, délégué CFDT. Courant décembre, les représentants du personnel au Comité d’entreprise ont déclenché un droit d’alerte pour obtenir des informations supplémentaires sur les économies que
pourraient à terme générer les opérations d’externalisation en cours. Dans un jugement en référé en date du 20 janvier 2005, le tribunal de grande instance (TGI) de Caen, a condamné CSIF à communiquer cet éclairage financier au Comité
d’entreprise et au cabinet d’expertise comptable qui travaille sur ce dossier. La direction de Carrefour n’a pas souhaité faire de commentaires sur cette procédure.Ce qui se passe aujourd’hui chez CSIF, relève, selon les syndicats, presque du cas d’école en matière d’externalisation. ‘ Beaucoup d’entreprises rechignent à communiquer des informations commerciales et sociales
sur une externalisation ‘
, constate Yvan Béraud, secrétaire général de Bétor-Pub, le syndicat CFDT de la nouvelle économie. ‘ Or dans ce cas, ne nous y trompons pas : les gens sont vendus à une
entreprise comme les serfs attachés à la tenure
, résume le responsable syndical. Avec ce que cela comporte d’avantages et d’inconvénients. ‘

Un transfert à haut risque pour les salariés

Dans les points positifs, Yvan Béraud range le transfert du contrat de travail qui se fait en l’état sans aucune modification, ainsi que l’impossibilité de renvoyer la personne transférée, au moins dans un laps de temps donné. En
revanche, les désagréments sont souvent plus nombreux. ‘ C’est le changement de convention collective, les primes gelées, la mutuelle qui change, les augmentations de salaire qui se raréfient ou qui disparaissent,
l’environnment géographique qui n’est plus le même ‘
, souligne Yvan Béraud.‘ En général, dans tout contrat d’externalisation, il y a une déperdition d’emploi. On ne peut pas logiquement concevoir qu’une entreprise utilisatrice accepte de transférer en externe une activité, à moins d’y
retirer un bénéfice certain. ‘
Dans les premiers temps d’une reprise d’activité, le prestataire désigné a besoin des gens et de leur savoir-faire. ‘ Mais, au bout de quelques années, il arrive que
l’entreprise utilisatrice rende le contrat pour aller chercher moins cher ailleurs. C’est dans la génétique de l’externalisation ‘
, prévient Yvan Béraud.Les salariés qui avait été transférés pour assurer la continuation des prestations sont alors souvent mis sur la sellette. ‘ D’un point de vue social, nous conseillons aux gens dessayer de sortir du contrat
client le plus vite possible
, commente Yvan Béraud, sinon ils risquent de vieillir avec ‘. Et de se retrouver sans affectation particulière le jour où la SSII dans laquelle ils travaillent perd la gestion
dudit contrat.

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Philippe Crouzillacq