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Intel et « la chute » : des milliards de processeurs ont une grave faille de sécurité

Des milliards de processeurs conçus par Intel souffrent d’une sérieuse faille de sécurité. Baptisée « Downfall », cette vulnérabilité permet à un pirate de voler des informations sensibles en pillant la mémoire de la puce. Tous les utilisateurs sont touchés dans une certaine mesure.

Daniel Moghimi, un chercheur en sécurité informatique de Google, a découvert une importante faille de sécurité dans les processeurs vendus par Intel. Cette brèche, baptisée « Downfall » (« la chute » en français), affecte plusieurs générations de processeurs commercialisés jusqu’en 2021. Les premières puces vulnérables sont apparues sur le marché en 2014.

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Tout le monde est touché

Plus précisément, Downfall concerne tous les processeurs x86 entre la 6ᵉ génération Skylake et la 11ᵉ génération Rocket Lake. De facto, il est très probable que votre ordinateur soit concerné. Par contre, les dernières générations de processeurs Intel ne sont pas affectées. Les nouvelles architectures de processeurs de 12ᵉ et 13ᵉ génération Alder Lake et Raptor Lake, les processeurs des familles Atom, Pentium et Celeron Apollo Lake, Jasper Lake, Gemini Lake et les autres, ou les anciennes architectures, comme Haswell et Broadwell, échappent à la vulnérabilité. Si vous n’utilisez pas d’appareil animé par une puce Intel, vous n’êtes pas à l’abri pour autant, met en garde l’ingénieur :

« La part de marché des serveurs d’Intel est supérieure à 70 %, il est donc très probable que tout le monde sur Internet soit affecté ».

Selon le chercheur, qui détaille sa découverte sur un site web entièrement dédié, la faille « permet à un utilisateur d’accéder et de voler des données à d’autres utilisateurs qui partagent le même ordinateur ». En exploitant Downfall, un pirate peut contourner les protections mises en place pour isoler les données sensibles des autres informations.

Des données sensibles en danger

La vulnérabilité détourne une fonctionnalité d’optimisation de la mémoire qui facilite l’accès à certaines des informations stockées sur le processeur. In fine, la faille « permet aux logiciels non fiables d’accéder aux données stockées par d’autres programmes, qui ne devraient normalement pas être accessibles ».

Par exemple, un logiciel malveillant, qui serait parvenu à infecter un ordinateur, peut subtiliser des mots de passe, des clés de chiffrage, des coordonnées bancaires, des e-mails et des messages privés. En s’attaquant à des serveurs cloud, un hacker peut aussi dérober des données, comme des identifiants, aux ordinateurs connectés sur le même réseau. C’est pourquoi la faille pose un immense problème de cybersécurité.

Avec ces données, comme celles relatives au chiffrage, un attaquant aguerri peut d’ailleurs orchestrer d’autres attaques, créant un véritable effet boule de neige. Notez qu’il est théoriquement possible de lancer une attaque exploitant Downfall à distance en passant par un navigateur web, indique l’ingénieur à l’origine de la découverte. De plus, les antivirus ne peuvent pas détecter les attaques s’appuyant sur la brèche.

Intel lance un correctif

Alerté par Daniel Moghimi, Intel a promptement lancé le déploiement d’un correctif. Des « mises à jour du micrologiciel », intégré au CPU, visant à « atténuer cette vulnérabilité potentielle », ont été détaillées par l’entreprise sur son site. Malheureusement, le processus s’annonce particulièrement long et complexe. Maintenant que le correctif est disponible, les constructeurs d’ordinateurs vont devoir pousser celui-ci sur leurs machines. De plus, la mise à jour proposée par Intel consiste à désactiver une fonction du processeur, ce qui pourrait s’accompagner d’une baisse des performances avec certaines « charges de travail lourdes en vectorisation ». Conscient du problème, Intel a ajouté « un mécanisme de désactivation », qui peut débrancher le correctif en cas de besoin.

Ce n’est pas la première fois qu’une vulnérabilité chez Intel met en danger les utilisateurs. En 2018, deux failles similaires, Meltdown et Spectre, avaient été découvertes au sein des composants du groupe. Pour corriger le tir, et protéger ses clients, Intel avait été obligé de déployer une série de correctifs. Par la suite, le géant de l’électronique avait également modifié l’architecture de ses prochaines puces pour les immuniser. Pour Daniel Moghimi, Downfall est d’ailleurs le successeur direct des deux failles.

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Source : Daniel Moghimi


Florian Bayard
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