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Michel Cicurel (LCF Edmond de Rothschild) : ” La reprise sera plus lente en Europe “

La croissance US sera de 3 % en 2002, estime le patron du groupe bancaire. Pour suivre, le Vieux Continent devra accélérer ses investissements techno.

Même s’il admet volontiers n’avoir pas mesuré l’ampleur de la récession aux États-Unis, Michel Cicurel est aujourd’hui optimiste. Cet ex-professeur d’économie à Sciences Po et à Polytechnique croit à une reprise en “ V ” dans le courant de l’année.Une série d’indices semblent indiquer l’imminence d’une reprise économique aux États-Unis. Partagez-vous cette analyse ? La prévision est difficile, car certains phénomènes économiques que nous constatons sont exceptionnels. Par exemple, aucune crise n’a encore jamais affecté toutes les économies industrielles de manière concomitante. Cela dit, il ne faudrait pas aujourd’hui pécher par excès de pessimisme, comme hier on péchait par excès d’optimisme. Les investissements technologiques contribueront-ils au redressement des économies industrialisées ? Nous avons assisté à un surinvestissement ces dernières années et à un excès d’offre, notamment concernant internet, car il n’y avait pas de barrière à l’entrée. Les États-Unis se sont beaucoup équipés. En revanche, l’Europe et le Japon accusent un retard considérable en termes d’investissements technologiques. Il est temps de s’y mettre !Considérez-vous que le débat sur la réduction du temps de travail soit un débat d’arrière-garde ? Les 35 heures sont une mesure pathétique ! On a oublié que les loisirs, c’est sympa… quand on a de l’argent. La réglementation uniforme du temps de travail est une aberration. Mais, malheureusement, on ne fera pas machine arrière dans ce dossier.Tenant compte de ces éléments, quelles orientations allez-vous donner à vos investissements en 2002 ? Nous avons suivi une stratégie d’investissement très défensive en 2001, avec des performances remarquables. Maintenant, nous commençons doucement à prendre un peu plus de risques. Nous allons notamment remettre en portefeuille quelques valeurs technologiques, de services informatiques par exemple. Avec prudence, toutefois, car les marchés vont rester volatiles.Au cours de l’automne 2001, alors que refluait la vague internet, vous avez lancé e-Rothschild. Avez-vous atteint vos objectifs ? C’est vrai, nous avons lancé cette initiative un peu à contre-courant, sans publicité ?” nous n’avons d’ailleurs pas l’intention d’en faire. Et ça marche… Sinon on arrêterait.Combien de clients avez-vous séduits ? Je ne répondrai jamais à cette question parce que nous ne nous sommes fixé aucun objectif quantitatif. Seuls comptent la qualité des clients, leur profil. En l’occurrence, il s’agit de gens de plus de 50 ans, habitant plutôt Paris, apportant en moyenne 20 000 euros [132 000 francs, ndlr], soit le double de ce qui est exigé pour ouvrir un compte, et disposant d’un patrimoine financier moyen de 100 000 à 150 000 euros. La décision de créer e-Rothschild ne correspond-elle pas à une volonté d’attirer chez vous les nouvelles fortunes qui se sont créées dans l’euphorie internet ? Les entrepreneurs de la nouvelle économie nous intéressent, oui. Dès mon arrivée ici, il y a trois ans jour pour jour, j’ai voulu modifier l’image un peu rétro de notre maison. La création d’un fonds consacré à la nouvelle économie a symbolisé notre volonté d’attirer une nouvelle génération.Pourquoi cette stratégie d’expansion pour une maison aussi réputée que Rothschild ? Nous avons très bien vécu depuis 20 ans. Et certains, chez LCF Rothschild, avaient sans doute l’idée qu’avec un tel nom et les performances qui sont les nôtres, le développement commercial allait de soi. Or, les distributeurs de produits financiers cherchent à les fabriquer. Donc nous, fabricants, devons chercher à mieux contrôler notre propre distribution.

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Propos recueillis par Jean-Jérôme Bertolus et Michel Gassée