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Michael Dell : ” Le recours massif au web nous permet de maîtriser nos coûts “

Michael Dell ne craint pas le nouvel HP. Il l’a annoncé à Montpellier, où la France a été qualifiée de… marché prioritaire pour cette année.

On note, de part et d’autre de l’Atlantique, des signes d’amélioration de la conjoncture. Qu’en pensez-vous ?Il faut faire une différence entre l’Europe et les États-Unis. L’économie américaine est traditionnellement marquée par la volatilité. Les évolutions conjoncturelles y sont à la fois soudaines et brutales, d’où des à-coups violents, à la hausse comme à la baisse. En Europe, où toutes ces évolutions sont beaucoup plus lentes, les chocs sont amortis. Mais même ici, les statistiques semblent indiquer une réelle amélioration de l’économie. L’onde de choc Enron-Andersen ne compromet-elle pas cette lente convalescence ?Je ne le crois pas. Je pense même qu’elle peut apporter quelque chose de positif : la démarche qui consiste à dévoiler davantage d’informations, à vouloir la transparence des comptes, est fondamentalement saine. Cela dit, ces questions ne nous concernent pas vraiment. Ces opérations hors bilan, tout comme l’impact des mégafusions, les problèmes d’endettement… ce n’est pas l’affaire de Dell.Joe Tucci, le PDG d’EMC, évoquait encore il y a quelques semaines des rumeurs de rachat par Dell. Quel crédit faut-il accorder à ces spéculations ?Je ne commente jamais les rumeurs. C’est une politique constante chez nous. Tout ce que je peux dire, c’est que nous avons signé un accord très important avec EMC : il porte sur cinq ans et prévoit, entre autres, le développement conjoint de dispositifs de stockage pour les entreprises. Ce secteur est, à l’évidence, un axe de croissance essentiel pour nous.Venons-en à vos concurrents. Êtes-vous menacé par le nouvel HP ?Pas du tout ! Ce qui se passe actuellement chez Hewlett- Packard représente une formidable opportunité pour Dell, à cause de la confusion que ce mouvement ne manquera pas d’entraîner sur le marché. Les clients de Hewlett-Packard vont devoir reconsidérer leurs choix d’investissements. De ce fait, ils prendront nos offres commerciales en considération. Certes, les dirigeants de Hewlett-Packard jouent à fond la carte de la réduction des coûts, mais les perturbations demeurent importantes. Un seul chiffre : l’année dernière déjà, nous avons gagné trois fois plus de part de marché qu’en 2000. Et cela va continuer.Et IBM ?Je ne sais pas ce qu’ils vont faire. À mon avis, ils pourraient réfléchir utilement à l’opportunité de dépenser 1 milliard de dollars [1,06 milliard d’euros] à la seule fin de maintenir leur activité micro-informatique. Passons à vos projets. Vous avez mis fin aux activités de recherche sur les assistants personnels…Non.Vous poursuivez donc les recherches ?Je n’ai pas dit cela.Alors ?Vous avez d’un côté 500 millions de PC, et de l’autre 15 millions de PDA [assistants personnels, ndlr]. Et encore : la plupart de ces appareils ne sont pas connectés ! Cela viendra sûrement. Mettons dans un an… Pour le moment, ce type d’appareil sert uniquement d’outil complémentaire au PC. Ce n’est en aucun cas un instrument de substitution. Par conséquent, oui, nous regardons ce marché, et nous continuons à l’explorer. Mais ça n’a rien à voir avec l’énorme potentiel d’internet, des micros, des serveurs ou des dispositifs de stockage.Vous venez d’évoquer internet. C’est un mot que l’on n’entend plus guère dans l’industrie. Sauf dans votre bouche. Pourquoi ?On est enfin sorti d’un engouement aussi irrationnel que stupide, qui a fini par retomber. Mais internet, lui, est resté. Comme l’électricité. Aucune entreprise ne peut envisager de s’en passer, sous peine de disparaître. Dans notre cas, le recours massif au réseau a contribué à faire chuter nos coûts d’exploitation en dessous de la barre des 10 %, très exactement à 9,9 %. Nos concurrents sont toujours à 22 % en moyenne.Passons au modèle direct, qui a fait votre succès aux États-Unis. Il paraît avoir du mal à s’imposer en France. Est-ce que cela veut dire qu’on a atteint les limites de l’exercice ?On invoque toujours, à ce propos, les différences culturelles ou linguistiques. Mais ce n’est pas le problème : notre modèle d’affaires, à savoir le modèle direct, c’est d’abord un concept économique. Par conséquent, sa vitesse d’adoption dépend essentiellement de l’ancienneté de notre implantation géographique. Dans les pays où nous sommes installés depuis longtemps, nous détenons une bonne part de marché. D’autant que, au fur et à mesure que le temps passe, cette croissance ne se ralentit pas ! Tout cela représente une performance qui tranche avec le tassement généralement observé en pareil cas.

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Propos receuillis à Montpellier par Pierre-Antoine Merlin