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Lumix G9 : prise en main de l’hybride photo professionnel de Panasonic

Pour enfin se faire un nom dans la photo, Panasonic a utilisé son savoir-faire acquis avec le GH5 pour l’intégrer dans un boîtier réellement typé photo avec toutes les molettes et commandes dignes d’un reflex expert/pro.

Voici un appareil que nous attendions depuis des années : en annonçant son Lumix G9, un hybride haut de gamme dédié à la photo, Panasonic veut tenter de séduire le public des photographes et se décoller un peu de son image de king de la vidéo. Il faut dire que son GH4 et le nouveau GH5 sont tellement bon dans ce domaine qu’on a tendance à oublier que ce sont d’abord des appareils photo hybrides à capteurs Micro 4/3. Pour marquer le coup, le G9 a tenté de mettre moins l’accent sur l’image animée – la 4K est quand même là, pas d’inquiétude – et a surtout développé tout ce qui concerne l’image fixe. A commencer par une base technique.

Fiche technique super solide

Le G9 est bien évidemment toujours un hybride à capteur Micro 4/3, un capteur qu’il hérite du GH5, à savoir un LIVE MOS de 20 Mpix. Mais déjà un changement s’opère : ce nouveau capteur, toujours dépourvu de filtre passe-bas profite d’un traitement de surface spécial chargé de limiter les effets de flare. Comme les deux dernières générations de boîtier Lumix G, le G9 reçoit une stabilisation mécanique du capteur, laquelle peut aller jusqu’à 6,5 vitesses avec les optiques adaptées, à l’image de que peut proposer Olympus avec son OM-D E-M1 Mark II. La rafale a été particulièrement soignée : jusqu’à 60 i/s en autofocus simple, mais surtout 20 images par seconde en AF continu, comme le fameux Alpha A9 de Sony, même si la rafale tiendra moins dans la durée (50 images RAW consécutives). On retrouve toujours les rafales JPEG propres à Panasonic, les fameuses rafales 6K/4K qui montent respectivement à 30 i/s et 60 i/s pendant 10 minutes (oui, ça fait jusqu’à 36.000 photos consécutives !).

Le traitement d’image a été en grande partie revu, avec une amélioration de la plage dynamique annoncée de 25% par rapport au GH5 et une meilleure gestion des aplats et des dégradés. Le système autofocus a lui aussi profité d’améliorations algorithmiques avec une nouvelle estimation des vecteurs de mouvement pour les sujets mobiles et 225 collimateurs dispersés sur le capteur. L’AF est toujours à technologie DFD et se ferait en 0,04s. L’obturateur mécanique électromagnétique (comme sur le GX80) va bien évidemment au 1/8000e de seconde, quand son pendant électronique monte au 1/32.000e. L’obturateur mécanique est garanti pour 200.000 cycles (soit 100.000 déclenchements en hybride), ce qui le place au niveau des boîtiers pros.

Sans égaler le GH5 – il ne faut pas phagocyter les ventes ! – la vidéo est bien évidemment 4K UHD sans recadrage avec un débit maximal de 150 mbit/s (contre jusqu’à 400 mbit/s sur le GH5) et la Full HD offre toujours des modes à 60/120 i/s en plus d’un mode spécial ralenti à 180 i/s. Côté cartes mémoire, les deux emplacements pour carte SD sont au format UHS-II – Panasonic montre la voie dans ce domaine : même l’A9 de Sony est limité à un seul emplacement haute vitesse ! Un G9 devrait donc pouvoir suppléer un GH5 et suffire en vidéo pour la grande majorité des usages, ce d’autant plus qu’on retrouve les prises casque et microphone.

Pixel Shift : dépasser certaines limites du petit capteur

Le G9 propose toujours le focus stacking qui combine plusieurs images pour élargir la profondeur de champ ainsi que le post focus qui capture plusieurs images au même moment pour permettre le faire le point a posteriori. La grande nouveauté c’est l’arrivée d’un Pixel Shift pour produire des images en très haute définition : 80 mégapixels ! Panasonic a donc copié la technologie qu’Olympus avait introduit avec son E-M5 Mark II mais est allé plus loin. Quand l’Olympus se limitait à des images de 40 Mpix en Jpeg et 60 Mpix en RAW, le G9 produit des RAW+Jpeg de 80 Mpix.

Si le Pixel Shit nécessite un usage sur trépied et un sujet immobile (et éclairé de manière régulière), c’est une fonction très intéressante pour certains photographes de studio : si le capteur Micro 4/3 a des avantages notamment en ce qui concerne la profondeur de champ, bien plus large qu’avec les grands capteurs, la faible définition des capteurs Micro 4/3 est un facteur limitant pour les très grands tirages.

Le VRAI appareil photo pro de Pana

Si Panasonic a eu du mal à séduire les photographes, c’est notamment « à cause » de la qualité de la fiche technique de nombre de ses produits. A cause ? Oui : toutes les spécifications des appareils de la marque sont de très bon niveau depuis des années, mais si les rafales et autofocus étaient de la partie, cela manquait de tropicalisation, de commandes, de molettes, de joystick, d’écran supérieur, de grip prononcé, etc. Bref, de raffinements d’ordre ergonomiques.

Or, en photo, les performances c’est bien, mais la prise en main et les contrôles sont primordiaux. Avec le G9, Panasonic a bien pris conscience de la chose.

On commence par le viseur, qui intègre non seulement une dalle OLED de 3,68 Mpix mais surtout un gros œilleton au look sérieux avec un grossissement de x0,83 soit plus qu’un reflex professionnel comme le Nikon D850 ! De plus Panasonic a intégré un système de paramétrage du viseur selon les scènes en grossissement – x0,7, x0,77 et x0,83 – comme en fréquence (60Hz ou 120Hz). Et le constructeur japonais a même pensé à un mode nuit où l’image affichée est plus conforme à la vision humaine – espérons qu’il en aille de même de la mesure de la lumière.

L’écran est lui conforme à l’ADN des boîtiers Gx de la marque depuis le lancement du premier G1 en 2008 : il s’agit toujours d’un écran orientable monté sur rotule et articulé sur le côté. La dalle est toujours tactile multipoints et affiche 1,04 Mpix comme son grand frère le GH5.

Le gros vent de fraîcheur vient des molettes, affichages et commandes : Panasonic s’est lâché et le G9 intègre une molette des modes avec bague de sélection d’entraînement à la Nikon, deux molettes (avant & arrière) paramétrables, une large molette arrière à la Canon pour faire défiler les images et les menus. Ainsi que, sur le dessus de l’appareil à l’instar des reflex pros, des boutons de contrôle (expo, balance des blancs et ISO) et – Alléluia ! – un écran à cristaux liquide de contrôle. Une petite révolution pour Panasonic qui a fini par assumer que sacrifier un peu de poids et d’encombrement sur ses boîtiers pour les rendre plus facile à manipuler, ce n’était pas discréditer ce qui fait l’avantage du format Micro 4/3 : des optiques (bien) moins lourdes et encombrantes (lire plus loin).

Autre grande force de Panasonic depuis le lancement du G80 : une bien meilleure gestion de la consommation énergétique. Avec leur capteur et leur écran/viseur toujours actif, les hybrides sont bien moins endurants que les reflex. Une situation qui a commencé à évolué avec le mode ECO du G80 et qui s’améliore encore avec le G9 : équipé d’une batterie dont les dimensions sont proches d’une Canon EPL6 (5D Mark II/Mark III et consorts), l’appareil peut tenir jusqu’à 920 clichés en mesures CIPA. Et donc 1840 images avec un grip et sa seconde batterie. De quoi voir venir et répondre aux besoins des aventuriers.

Panasonic : « nous sommes une vraie marque photo »

Panasonic développe des appareils photo depuis plus de 15 ans, a été le premier constructeur à lancer un appareil hybride en 2008 et a développé plus de 30 optiques Micro 4/3, a popularisé des technologies sur les compacts comme le grand-angle de série, le superzoom (la série TZ), la vidéo 4K ou encore les optiques expertes ouvrant à f/1.4 (série LX). Et pourtant, la marque souffre toujours d’un déficit d’image auprès des photographes. A moitié parce que c’est un nouveau-né à côté des Leica et Nikon qui ont plus de cent ans d’expérience dans l’image, mais aussi « à cause » des performances vidéo de sa ligne haut de gamme. Les GH, tellement bons dans ce domaine que l’image « Panasonic = vidéo » colle à la marque.

Pour essayer de convaincre les photographes, une équipe d’ingénieurs du centre de développement d’Osaka a eu « carte blanche » et deux ans de travail pour développer un boîtier adapté. Un appareil qui a eu une genèse sans aucun doute plus artistique – et plus soignée – que la majorité des appareils de la marque. Certes il ne vient pas casser les codes et s’inspire largement du reflex, mais on préfère un boîtier joli sans être extraordinairement original à un cube coloré raté comme l’était le Pentax K-01 !

Tout en alliage de magnésium et protégé par des dizaines de joints d’étanchéité, ce boîtier au look de reflex assumé a fait l’objet de soins particuliers autant en termes de design que de toucher. C’est un designer maison – Atsushi SASAKI – qui a jeté les lignes principales de l’appareil, avec sa protubérance biseautée et son anneau rouge caractéristique. Et les équipes de conception ont passé en revue de nombreux types de revêtements pour trouver celui qui serait à la fois le plus agréable et celui qui dégagerait le look le plus pro. Pour avoir eu l’appareil en main pendant plusieurs minutes pendant une présentation à la presse sous embargo la semaine dernière, la promesse est amplement tenue et l’appareil fait « pro » en main, avec des bruits de clic et des comportements de molettes « sérieux » et rassurants.

Et si les grincheux feront remarquer que l’encombrement du G9 est proche des reflex, précisons qu’il est toujours nettement moins lourd – 658 g avec sa batterie – et que la compacité de ses optiques a encore plus d’impact sur la chose.

Enfin un téléobjectif professionnel (qui reste compact)

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En même temps que son G9, Panasonic lance son premier téléobjectif professionnel. Pas le premier zoom, il s’agissait du 100-400 mm que nous avons testé mais dont les valeurs d’ouverture étaient un peu trop faibles pour un usage pro. Non, nous parlons bien ici de verre haut de gamme : le Panasonic Leica DG Elmarit 200mm f/2.8 POWER O.I.S. est ainsi l’équivalent d’un 400 mm f/2.8, une optique pro. Un beau bébé de 1,245 kg qui coûte 2999 euros.

Lourd et cher ? Oui pour du Micro 4.3. Mais comparez plutôt avec les équivalents plein format : le Canon EF 400 mm f/2.8 L IS USM 2 pèse 3,85 kg et coûte 11 600 euros quand le AF-S Nikkor 400mm f/2.8E FL ED VR pèse 3,8 kg et coûte 12 989 euros. Le Leica DG Elmarit 200mm f/2.8 pèse donc trois fois moins lourd et coûte quatre fois moins cher qu’une de ces optiques professionnelles.

Petite cerise sur le gâteau : le Leica DG Elmarit 200mm f/2.8 sera livré avec le téléconvertisseur x1.4 DMW-TC14 qui transforme cet équivalent 400 mm en un 560 mm f/4 (280 mm Micro 4/3). De quoi faire de l’ombre au 300 mm d’Olympus ?

Certes le capteur Micro 4/3 ne saurait être aussi à l’aise que les capteurs plein format et APS-C dans les hautes sensibilités, notamment dans la photo de sport, mais le rapport qualité/encombrement/prix de cette optique est une bénédiction pour les photographes de nature, où la mobilité est une des clés du succès.

G9, le futur champion des boîtiers experts ?

Sur le papier, le G9 est un tueur et pourrait offrir à Panasonic la renommée – et les ventes ! – qu’il mérite. Seul prérequis pour son éventuel succès : que le snobisme autour de la taille des capteurs tombe au profit d’une analyse de la qualité de l’offre complète. Or dans ce domaine, avec une base technique aussi performante (avérée et sur le papier), un niveau de finition aussi bon (le prototype que nous avons eu est superbe), un prix aussi contenu et un parc optique aussi riche que celui du Micro 4/3, le Lumix G9 se place en champion de sa catégorie. Le test dira si la promesse est tenue.

Le Panasonic Lumix G9 sera disponible début janvier 2018 à 1699 € boîtier nu et à 2299 euros en kit avec le Panasonic Leica DG Vario-Elmarit 12-60 mm f/2,8-4 ASPH.

Le Leica DG Elmarit 200mm f/2.8 POWER O.I.S. sera lui aussi disponible début janvier à 2999 euros.

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