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L’ouverture en trompe-l’oeil du Web Chinois

Effet d’annonce ou réelle ouverture ? Les autorités chinoises autorisent l’accès aux sites de grands médias étrangers. Mais il semble que Pékin reprenne d’une main ce qu’il donne de l’autre. Les cybercafés se voient en effet soumis à de nouvelles restrictions.

Les médias occidentaux semblaient prêts à faire sauter les bouchons de champagne la semaine dernière, en apprenant que les versions en ligne de CNN, Time, Reuters ou encore de la BBC?” jusqu’alors bloquées par les censeurs communistes ?” étaient enfin accessibles en Chine.Le signe annonciateur d’un début d’ouverture de l’Internet ?” et surtout du marché assorti ?” dans un pays, qui selon un récent sondage de Nielsen/NetRatings, compterait déjà près de 57 millions d’internautes (la seconde cyberpopulation de la planète après celle des Etats-Unis).Cet assouplissement indéniable a pourtant été occulté par la presse chinoise, et est passé largement inaperçu auprès de la population locale. Probablement parce qu’il reste très relatif : les sites concernés n’ont en effet jamais intéressé en Chine qu’une élite anglophone, et souvent suffisamment calée en informatique pour savoir contourner la censure par l’utilisation de proxys. La majorité des internautes chinois, eux, se contentent sans états d’âme de la version mandarine de ” Yahoo! ” et des principaux portails locaux (Sina.com ou Sohu.com) pour suivre l’actualité mondiale.

Surveillance renforcée dans les cybercafés

Les médias officiels ont d’ailleurs rappelé que le secteur restait sous haute surveillance, en annonçant vendredi de nouvelles restrictions concernant l’accès des mineurs dans les quelques 200 000 cybercafés du pays. Objectif : “limiter les influences négatives de l’Internet” sur des adolescents chinois déjà accros du Web, un peu trop friands de jeux en ligne violents et parfois amateurs de sites X. Ces habitudes sont autrement plus nocives aux yeux des dirigeants pékinois pour la santé morale de leur jeunesse que la lecture du Washington Post .Les moins de 16 ans devront donc désormais être escortés d’un chaperon (parent ou professeur) pour pouvoir entrer dans un cybercafé, tandis que les 16-18 ans n’auront le droit d’y surfer que pendant les vacances scolaires, trois heures d’affilée au maximum et jamais après 20 heures. Reste à savoir si ces règles draconiennes ?” déjà contestées par une partie de l’opinion, qui considère le Web comme outil éducatif efficace et bon marché ?” seront respectées par tous les patrons des cybercafés, pour qui les jeunes représentent une grande partie de la clientèle.

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Stéphanie Ollivier, à Pékin