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L’intégrale Warhol

Il appelait son atelier d’artiste la “Factory” (l’usine), et rêvait d’industrialiser son processus de création. Graphiste, à ses débuts, pour la publicité, pourfendeur du “trait” (son…

Il appelait son atelier d’artiste la “Factory” (l’usine), et rêvait d’industrialiser son processus de création. Graphiste, à ses débuts, pour la publicité, pourfendeur du “trait” (son procédé de photographie sérigraphié, adopté à partir de 1962, visait à supprimer entre autres toute trace de la main du peintre sur la toile), chantre de la culture populaire, Andy Warhol voulait être une “machine”, c’est-à-dire le contraire d’un artiste. Mais la nouveauté même de sa technique, son appétence pour les “séries”, sa façon d’épurer, et de dramatiser à la fois les icônes populaires, constituaient, à elles seules, un acte de foi artistique. Une subjectivité et une complexité au-delà de la simplicité revendiquée.“Si vous voulez tout savoir sur Andy Warhol, vous n’avez qu’à regarder la surface de mes peintures, de mes films, de moi. Me voilà. Il n’y a rien derrière tout cela.” Cette citation ouvre la rétrospective que la Tate Modern de Londres consacre à la star du pop art, et c’est elle qu’elle prétend démentir en 21 salles et quelque 200 ?”uvres. Rien que des images, rien que des signes. Mais les signes parlent, de même que la prédilection pour certains sujets.Si au début de sa carrière (lire sa biographie chronologique sur www.centrepompidou.fr/education, cliquer sur “Documents”, puis “Pop Art”), Andy Warhol n’a pas le choix des armes (il est un publicitaire qui répond à des commandes), il affirme bientôt ses obsessions : la sérialité de notre société de consommation (avec ses célèbres peintures de “Campbell Soup”, à voir sur www.warhol.dk, ou ses canettes de Coca, sur www.tate.org.uk/warhol) et la canonisation laïque des stars contemporaines (par exemple les séries sur Marylin, à découvrir sur l’excellente galerie virtuelle www.artchive.co/artchive, cliquer sur “Warhol” dans la colonne de gauche). Mais aussi la mort (la salle 9 présente la célèbre série des “Disasters”, www.tate.org.uk/warhol/room9.htm), le châtiment (avec ses toiles sur la chaise électrique, qui fascinait Warhol parce qu’elle représentait l’industrialisation du meurtre légal, www.tate.org.uk/warhol/room1.htm) ou le déclin (celui de l’artiste, gueule émaciée et chevelure éparse, une des versions de ses “autoportraits” à voir sur www.warhol.dk).Des thèmes que l’on retrouve dans les films d’Andy Warhol, complétés par ceux du sexe et de la musique. Des films beaucoup moins célèbres que ses toiles, qui constituent la principale curiosité de la somme toute “classique” exposition londonienne. À découvrir : des bizarreries telles qu’Empire, six heures de caméras fixes depuis l’Empire State Building ; Blow Job, gros plan du visage d’un homme faisant l’amour ; ou encore The Velvet Underground and Nico, autour du célèbre groupe de rock de John Cale et Lou Reed. On ne quittera pas l’expo sans être passé par la cafétéria, où sont diffusés des extraits du Factory Diary d’Andy Warhol, journal de bord vidéo de la “loft story” de la Factory. Pour avoir une idée de l’ambiance au sein de celle-ci dans les années 1960 et 1970, cliquez sur “Gallery”, puis “Photos” sur le site www.warhol.dk. “Le Pop Art, ce n’est pas de la frime”, disait Andy Warhol. On lui accordera que ce n’était pas que cela…“Warhol”, Tate Modern Gallery jusqu’au 1er avril 2002

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Sophie Janvier-Godat