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L’histoire des jeux vidéo menacée de disparition

Les vieux jeux ont la cote auprès d’une communauté de joueurs de plus en plus importante. Les éditeurs ne s’y trompent pas, ils multiplient les remakes et remasters de leurs classiques, ce qui leur permet au passage de vendre plusieurs fois le même jeu. Malheureusement, de très nombreux titres ne sont plus du tout disponibles, au grand désespoir des historiens du jeu vidéo.

Celui qui veut jouer à Super Mario, Pac-Man ou encore Final Fantasy VII n’a aucun problème pour vivre et revivre ces grands classiques du jeu vidéo. Les éditeurs ont flairé le filon et proposent régulièrement de nouvelles adaptations de leurs titres les plus connus. Mais ces efforts ne concernent qu’une poignée de jeux : ces quelques arbres cachent une immense forêt de titres méconnus qu’il est aujourd’hui quasiment impossible de retrouver.

Les jeux vidéo n’ont pas droit au même traitement que les films ou la musique

Pour les historiens et les archivistes du jeu vidéo, c’est un drame. En particulier lorsqu’ils voient les efforts réalisés par l’industrie pour préserver les films et même la musique. La Video Game History Foundation et le Software Preservation Network ont mené l’enquête sur 4 000 jeux sortis entre les années 70 et 2009 (avant l’explosion de la distribution en ligne): seuls 13 % d’entre eux sont disponibles dans le commerce en toute légalité. Le reste ne peut être joué que dans des musées ou en les piratant.

Et c’est pire encore en fonction des plateformes. Ainsi, il n’y a que 4,5 % des jeux sortis sur le Commodore 64 qui sont toujours accessibles aujourd’hui. Ce n’est guère plus réjouissant pour les titres Game Boy : 5,87 % seulement restent disponibles. La PlayStation 2, qui reste aujourd’hui la console la plus populaire avec 155 millions d’unités vendues, ne compte que 12 % de son catalogue toujours dans le commerce. Plus inquiétant encore, moins de 3 % des jeux sortis avant 1985 peuvent encore être joués dans de bonnes conditions.

© Video Game History Foundation

Pour donner un ordre d’idée de la situation dans laquelle se retrouvent les historiens du jeu vidéo : 10 % des enregistrements audio d’avant la seconde guerre mondiale sont aujourd’hui disponibles, ou encore 14 % des films muets américains. Des chiffres comparables avec la production vidéoludique donc, sauf qu’on parle ici de productions culturelles des années 80, 90 et 2000.

S’il est possible d’acquérir de grands classiques du jeu vidéo assez facilement, tous ne sont pas disponibles (il a fallu attendre des décennies avant de pouvoir rejouer à GoldenEye 007 sur des consoles modernes). Surtout, ces bestsellers ne représentent qu’une toute petite partie de l’ensemble des jeux sortis depuis les années 70. « Si nous voulons comprendre et apprécier l’histoire des jeux vidéo, nous avons besoin de plus qu’une sélection de jeux ayant une valeur commerciale pour les éditeurs », écrit la fondation.

Et les choses ne vont pas en s’arrangeant. La fermeture en mars dernier des eShop de Nintendo pour la 3DS et la Wii U ont mis un terme définitif à plus de 1 000 jeux. Alors c’est entendu, le piratage est un des moyens de remettre la main sur ces trésors, tout comme les sites abritant des abandonwares. L’alternative est de dépenser des milliers d’euros pour acheter les derniers supports physiques encore existants, ou encore pour se déplacer chez un collectionneur. Mais ce n’est pas une solution viable très longtemps pour les archivistes et les chercheurs qui cherchent une solution de long terme efficace et ordonnée.

Une des principales difficultés réside au sein même de l’industrie du jeu vidéo. Certains éditeurs, à l’image de Nintendo, s’appuient sans vergogne sur des lois sur les droits d’auteur qui leur sont très favorables pour empêcher une plus grande disponibilité de leurs anciens titres. Pour les historiens du secteur, c’est un drame qui empêche de penser le jeu vidéo au-delà de sa simple fonction de divertissement passager.

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Source : Video Game History Foundation


Mickaël Bazoge
Votre opinion
  1. une histoire réelle certes mais qui servira d’excuses pour faire gonfler les prix des jeux et console retro voir de les interdire à la vente/possessions hors expositions ou sous possession d’attestation prouvant qu’on est autorisé a possédé (donner qu’à certains bien sur) permettant aux gouvernement des pays d’avoir une main pleinement mise et de taxé encore plus.

  2. On vit aujourd’hui dans une époque où on a accès facilement à quasiment tous les jeux qui sont sortie depuis les 70s. Les émulateurs permettent de conserver et d’avoir accès à des dizaines de milliers de jeux de toutes les consoles, ordinateur et mêmes des arcades.
    Ce qui était encore loin d’être le cas il y a quelques années. Donc non les anciens jeux vidéos ne sont pas en péril. Il est évident que ces jeux ne peuvent pas être tous dans le commerce, ça n’aurait aucun sens, encore moins sur leur support d’origine. Ce n’est ni viable commercialement, ni même souhaitable. Mais les archives que représentent les ROM et leurs émulateurs permettent et permettront de conserver et surtout de pouvoir jouer encore longtemps à toute l’histoire du jeu vidéo.

      1. L’émulation et les émulateurs sont légaux.
        En France, la copie de sauvegarde pour un usage privé étant autorisée, c’est la possession de ROM de jeux dont on ne détient pas l’original (quel que soit le support: cartouche, CD disquettes…) qui est illégale.

        Pour revenir à la réponse de Jane, ce qui pose problème, c’est une solution ,de conservation de ce patrimoine videoludique de manière légale qui pose aujourd’hui un problème… Parce que justement les supports d’origine (qui autoriseraient légalement de posséder la ROM équivalente) ne sont soit plus disponibles du tout soit presque introuvables et/ou hors de prix.

  3. Tous les logiciels qui paraissent en France (y compris les jeux vidéo) sont soumis au dépôt légal depuis 1992 et sont conservés à la Bibliothèque Nationale de France.

    100% des jeux vidéos parus depuis plus de 30 ans sont donc accessibles aux chercheurs et historiens Français.

    1. Les jeux qui sortent sur SUPPORT PHYSIQUE, oui.
      Dans quelques années, ça n’existera peut-être plus : tout sortira dans le CLOUD, même les jeux qui ne sont pas multijoueurs.
      Un jeu en ligne ne peut pas être déposé à la BNF…
      On ne peut même pas le sauvegarder “pour l’histoire” ou pour toute autre raison.

  4. Merci “dire une vérité” pour cette théorie du complot matinale.

    Sinon, je pense comme Jane, beaucoup de personnes sont investies dans la conservation de ce genre d’oeuvres (Ou même leur récupération, il suffit de s’intéresser aux travaux sur les lost medias).

    La plateforme “Antstream Arcade” propose une grosse partie de jeux rétros.

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