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Les télécoms des JO d’Athènes nont pas la flamme

Matériel encore à installer, manque de coordination entre les fournisseurs… A cinq semaines de l’ouverture des jeux Olympiques, les organisateurs ont encore du pain sur la planche. La pression est forte sur OTE,
l’opérateur grec qui est le fournisseur officiel et exclusif en matière de télécoms.

Difficile, à quelques semaines de l’ouverture, de prédire dans quelles conditions se dérouleront les jeux Olympiques Athènes 2004. L’accumulation de retards dans les divers chantiers, qu’ils soient routiers ou
d’achèvement des sites olympiques, saute aux yeux. Côté technologies de l’information, ce n’est pas gagné non plus.Certes, tout ce qui tourne autour de l’informatique applicative (accréditation, billetterie et fourniture des résultats) semble au point. C’est du moins ce qu’assure régulièrement Atos Origin,
l’intégrateur du système d’information des Jeux (qui a récupéré le contrat initialement confié à Schlumberger Sema lors de son rachat). Il n’empêche, le
‘ maillon faible ‘ pourrait, selon divers observateurs, provenir du volet télécoms, sur lequel les organisateurs se montrent très discrets.

Une véritable course contre la montre

Fournisseur officiel et exclusif, Hellenic Telecommunication Organization (OTE) a pourtant mis des moyens, avec un investissement spécifique de 177 millions d’euros (sans compter les 59 millions d’euros au titre
de sponsor, un point de passage obligé en tant que fournisseur du Comité international olympique).Or, c’est la première fois que des Jeux de cette envergure se déroulent dans un pays qui n’est pas une grande nation industrielle. Et ce n’est pas faire injure à OTE que de considérer cet opérateur comme un poids
moyen dans un pays qui a longtemps souffert de l’insuffisance de son réseau téléphonique.Autre question épineuse : celle de l’accès aux sites olympiques (une soixantaine au total, dont trente-quatre de compétition), pour y installer le matériel. Difficile de valider sur le plan opérationnel des équipements qui
sont encore dans les cartons ! C’est donc à une véritable course contre la montre que se livre le comité d’organisation (Athoc). Sollicités, ni l’Athoc, ni Atos Origin ?” pourtant responsable du bon fonctionnement
de l’ensemble du dispositif ?”, ni OTE ne font de commentaires sur ce point.Le problème, c’est que cela fait des mois que les autorités grecques assurent que tout sera prêt, alors qu’Athènes demeure un vaste chantier… En mars dernier, cette question de l’accès aux différents sites
olympiques préoccupait déjà l’Athoc. ‘ Nous avons effectivement pris du retard, reconnaissait-on. Si nous ne pouvons pas accéder aux sites olympiques dans les semaines qui viennent, la situation
deviendra franchement critique. ‘
Fin mai, une dépêche, assez alarmiste, d’Associated Press enfonçait le clou. Citant un document confidentiel d’OTE révélé par la presse locale, l’opérateur n’aurait, fin mars, achevé que la moitié de son
programme. ‘ La situation est critique, et le danger que cela ne soit pas terminé à temps est réel ‘, pouvait-on lire dans ce document.

Absence de coordination au sein même de l’opérateur grec

Autre souci : les questions de coordination entre les différents prestataires, notamment avec OTE. Indépendamment de l’accès aux sites, c’est sans doute l’un des talons d’Achille du dispositif. Et
certains membres de l’Athoc de s’interroger, en privé, sur l’absence de coordination au sein même de l’opérateur. ‘ S’il devait y avoir des difficultés, c’est aussi à ce niveau que
cela se jouera ‘,
lâche-t-on.Fait significatif, le patron de Cosmote, la filiale mobile d’OTE, a été remplacé, fin mai, par le patron d’OTE lui-même. Une manière, peut-être, de mieux coordonner les différentes activités du groupe… Très présent
dans le dispositif olympique, l’opérateur grec intervient aussi bien dans le fixe, le cellulaire (Cosmote) que dans l’hébergement d’applications (OTEnet).Dans le fixe, le programme spécifique aux Jeux prévoyait 43 000 nouvelles lignes téléphoniques, 3 000 lignes RNIS, ainsi que le déploiement de 500 km de fibre optique. Dans l’accès Internet haut-débit (où
la Grèce est très en retard), OTE a fait appel au constructeur chinois ZTE, qui devait équiper une quinzaine de sites dont le village olympique (soit 3 000 lignes ADSL).Dans les mobiles, Cosmote (le leader d’un marché dont le taux de pénétration atteint 94 %) assure que l’effort consenti correspond à une augmentation de plus de 30 % de la capacité du réseau à Athènes, tandis que
Samsung, autre partenaire et sponsor des Jeux, a développé un portail mobile spécifique pour l’Athoc et les officiels du Comité international olympique (CIO), auxquels il fournira 13 000 terminaux cellulaires dernier cri.A noter également le lancement prévu cet été d’i-Mode par Cosmote, dont le partenaire japonais DoCoMo voudrait profiter, pendant les Jeux, pour en faire une vitrine (une expérimentation i-mode sur UMTS est également envisagée à
cette occasion).

Des technologies maîtrisées et éprouvées

Côté retransmissions télévisées, OTE a réservé 130 circuits TV internationaux ainsi que 500 circuits radio internationaux. Notons encore que l’opérateur pourra également s’appuyer sur son satellite de
télécommunications Hellas-Sat 2, dont la Grèce est très fière (lancé en mai 2003, il lui permet de rivaliser avec le système Turksat). Côté sécurité enfin, les autorités locales devraient, entre autres, s’appuyer sur le système Tetra, que
devait leur livrer Motorola juste avant les Jeux.Alors que les technologies sont éprouvées, l’essentiel de l’effort devrait, dans les dernières semaines, porter sur la coordination entre les différents fournisseurs, notamment locaux. Et si l’on parle peu
d’innovation technologique, c’est aussi parce que le CIO s’est fixé une règle d’or en la matière : lorsqu’il arrête définitivement ses choix, deux ans avant l’échéance, les technologies doivent être
entièrement maîtrisées et éprouvées. C’est pourquoi des technologies comme Wi-Fi (pour des questions de sécurité), l’UMTS (pour des questions de stabilité) ou Windows XP attendront…Un contexte dans lequel on croise néanmoins les doigts, car la famille olympique a aussi en mémoire les défaillances du système d’information lors des Jeux d’Atlanta. Trop sûr de lui, IBM y avait laissé des plumes, surtout
en termes d’image. Alors qu’à Atlanta, Big Blue avait voulu tout faire lui-même, à Athènes, ce serait plutôt le contraire.Toute la difficulté étant justement de faire travailler des partenaires ?” OTE, Swatch, Xerox, Samsung ou Kodak, ainsi que divers sous-traitants locaux ?” issus d’horizons différents. Ce qui n’est pas
le moindre défi d’Atos Origin, dont c’est précisément la responsabilité vis-à-vis du CIO.

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Henri Bessières