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Les militaires confinent la bande des 5 GHz entre quatre murs

En France, le spectre utilisé par la technologie 802.11a reste très contraint en terme d’usage et de puissance d’émission.

Le dernier sommet mondial des radiocommunications, qui se déroulait en juin à Genève, n’a pas suivi les demandes de la délégation américaine. Espérant déréguler totalement une partie de la bande des 5 GHz sur
l’ensemble de la planète, les Etats-Unis espéraient en effet ouvrir des perspectives d’exportation à ses équipementiers, stimulés par un contexte national assez porteur.

La guerre des fréquences

En effet, en 1997, lorsque le fabricant Apple et quelques autres ont obtenu de la Federal Commission of Communications l’allocation, au titre de l’Unlicensed National Information
Infrastructure
(U-NII), 300 MHz supplémentaires dans la bande des 5 GHz, l’autorité a promulgué une réglementation très ouverte qui n’imposait aucune technique de modulation. Cela a permis la naissance du
802.11a, mais a aussi favorisé l’émergence, fin 2001, d’autres propositions, malgré une rude résistance du département américain de la Défense.Échaudés par les attentats du 11 septembre, les généraux voyaient d’un assez mauvais ?”il des systèmes radioélectriques brouiller leurs radars, fonctionnant, eux aussi, en 5 GHz. Ils ont imposé la sélection dynamique
de fréquence (DFS), qui limite les interférences, mais n’ont pu empêcher l’arrivée d’équipements dont la puissance d’émission, les performances et les coûts conviennent parfaitement à l’établissement de boucles
locales radio ou de MAN (Metropolitan area network) sans fil.Début 2002 sont ainsi apparues de nouvelles technologies propriétaires : Canopy, de Motorola ; WaveBolt, de Cirronet ; Tsunami Multipoint, de Proxim ; ARCell, de ArcWave ; PacketWave, d’Aperto
Networks ; Access5800, de Trango Broadband Wireless ; BreezeNet DS5800, d’Alvarion ; AN-50, de Redline Communications ; Ultima3, de Wi-LAN ; ou encore Link, de YDI.Elles couvrent à la fois le domaine des transmissions point à point ou la distribution point-multipoint et supportent des offres de services allant de l’accès haut débit à la vidéo en passant par la voix.

Réglementations tatillonnes

Toutes ces entreprises rêvent évidemment au Vieux Continent, mais se heurtent, cette fois, à des réglementations beaucoup plus tatillonnes qui se retranchent, plus ou moins, derrière des impératifs militaires. Plus libéraux,
l’Irlande, les Pays-Bas et le Royaume-Uni commencent à accepter l’usage extérieur du 802.11a, de même que d’autres solutions propriétaires opérant dans la bande des 5,7 à 5,8 GHz.Au contraire, la France lève presque toutes les contraintes du 802.11b, mais reste très prudente sur le 802.11a en le confinant, pour l’instant, aux usages intérieurs. À l’ART, on n’exclut pas cependant
d’autoriser ponctuellement des expériences. Les Européens préférant normaliser a priori plutôt que de laisser faire le marché, les choses vont progresser avec la formalisation définitive du
802.16a, une norme qui cible explicitement le marché des MAN sans fil et reprend l’OFDM comme principe de modulation.
Ce choix aura d’ailleurs une incidence directe sur la pérennité des standards propriétaires américains, qui sont loin d’avoir tous pris une option similaire.

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Philippe Pélaprat