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Les métiers du multimédia sortent de l’ombre

Le secteur du multimédia se structure. Des nomenclatures de ses différents métiers apparaissent, même si, pour les employeurs, l’expérience prime encore sur le diplôme. Les salaires, eux, décollent.

Jeune, en pleine mutation, aux contours assez flous, l’industrie du multimédia n’a livré jusque-là que peu de choses sur ses métiers et ses besoins. Ainsi, personne n’était capable de chiffrer précisément ses effectifs. Un tel référencement est, il est vrai, d’autant plus difficile à mener que les métiers concernés recouvrent une grande diversité, au carrefour de l’informatique, de l’image, du son et de la création artistique. Grâce à deux études récentes, on commence pourtant à se faire une idée un peu plus précise des profils et des caractéristiques de l’emploi de ce secteur.Ainsi, les travaux de l’Association française du multimédia (Afem) menés en collaboration avec Autograf Formation et Argo Formation, deux cabinets de conseil en formation, relèvent cinquante-deux intitulés de métiers classés en cinq grandes catégories :

  • la gestion de projet (producteur, chef de projet…),
  • la conception des contenus (auteur, scénariste, game designer, responsable éditorial…),
  • la réalisation artistique (infographiste, designer, concepteur sonore…),
  • la réalisation informatique et multimédia (développeur, intégrateur, programmeur…),
  • et les autres métiers (webmaster, commercial, hotliner…).

Une telle nomenclature est bien évidemment précieuse, même si dans ce domaine, “chacun donne un peu libre cours à son imagination”, met en garde Martine Colarossi, chef de projet et responsable du service bourse de l’emploi de l’Institut national de l’audiovisuel (Ina). “Ainsi, nous avons recensé plus de 350 appellations différentes de métiers dans la partie champs libre de notre site.” Forte des données recueillies en ligne, l’Ina a également identifié les secteurs les plus créateurs d’emploi et les métiers les plus recherchés dans une étude intitulée ” 1998-2000 : les métiers du numérique en France, état des lieux et perspectives ” et publiée en mars. Il ressort qu’en 1999, le profil de développeur reste le plus recherché (25 % des offres Ina, voir encadré) même si, pour tous, la demande est particulièrement soutenue depuis un an. “La bourse de l’emploi existe depuis 1994, mais le marché n’a vraiment explosé que depuis mai 1999, explique Martine Colarossi, et actuellement les secteurs des jeux vidéo et d’Internet sont les plus dynamiques.”Malgré la bonne photographie du secteur que donnent les annonces de l’Ina, toute une partie des embauches passe encore principalement par le marché caché de l’emploi. D’après l’Afem, les deux modes de recrutement les plus utilisés restent les relations et les candidatures spontanées. Par ailleurs, près de la moitié des entreprises déclarent recruter d’anciens stagiaires, le stage servant de période d’essai. Enfin, lorsque les entreprises passent des annonces, elles utilisent plus volontiers Internet (leur propre site ou celui de l’Ina, fréquemment cité) que la presse.

Quant à la professionnalisation du secteur, elle en est encore à ses balbutiements : les entreprises sont encore peu concernées par la formation de base de leurs futurs salariés. Quel que soit l’emploi concerné, les entreprises placent l’expérience au premier rang des profils recherchés, tandis que pour les emplois créatifs, elles précisent ensuite ” book “, créativité et talent, souligne l’étude de l’Afem. “Les filières de formation ne sont pas encore importantes aux yeux des recruteurs, complète Christine Blache, directrice de 9A+, cabinet de recrutement spécialisé dans les métiers de l’Internet. En revanche, les formations classiques, de type écoles d’ingénieurs ou de commerce deviennent un vivier important de recrutement pour des postes de chefs de projet ou de marketing.” Martine Colarossi estime également que l’on accorde davantage d’importance au savoir-faire qu’au diplôme. “Mais les choses commencent un peu à changer. Une chose est sûre, les entreprises demandent de plus en plus le mouton à cinq pattes . Sur notre site, il n’y a d’ailleurs pas d’annonces qui portent sur une seule compétence”, assure-t-elle.Petit à petit, le multimédia rentre donc dans le rang. Les DRH commencent à apparaître dans les organigrammes des sociétés de création récente, et la maturité grandissante du marché se traduit par une tendance à la hausse des salaires et par l’adoption d’une politique de contrats à durée indéterminée plus active (61 % en 1999 contre 53 % en 1998, selon l’étude de l’Ina). Les salaires moyens observés varient de 130 000 francs pour les intégrateurs à 233 000 francs pour les développeurs. “Par la force des choses, à cause de la loi de l’offre et de la demande, les rémunérations augmentent un peu, notamment pour les profils informatiques”, précise Christine Blache. Malgré cette légère embellie, la hausse reste encore limitée si l’on considère la majorité des profils. “Les entreprises compensent de plus en plus la modération des salaires par des plans BCE [bons de créateurs d’entreprise, NDLR] et des stock-options”, indique Sandrine Cordani, auteur de l’étude de l’Ina. Pour le bonheur de ses salariés, l’industrie du multimédia commence à atteindre lâge de raison.A voir également : France Télécom envahi par le multimédia.

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Catherine Rollot