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Les internautes sont invités à payer ce qu’ils liront

Dans un climat dégradé pour les divisions web des quotidiens nationaux, Le Monde entame sa stratégie de contenu payant.

Convertir les lecteurs électroniques en abonnés payants n’est pas nouveau. Si la plupart des quotidiens nationaux proposaient de s’abonner en ligne à la version papier, les services premium restaient à créer. Et c’est Le Monde qui tire le premier.“L’année 2001 était celle de la reconstruction éditoriale du portail, 2002 sera l’année de la construction commerciale”, déclare Bruno Patino, directeur général du Monde Interactif.

Espace personnel

À partir du 15 avril, pour un abonnement mensuel de 5 euros, les internautes du monde entier (50 % du trafic du site provient de l’étranger, selon l’éditeur) disposeront d’un espace personnel, découpé en une dizaine de services, autour d’une page d’accueil, Le Desk. Ce service offre un quotidien du matin ?”Check list?”, constitué de brèves, d’une sélection d’articles de la presse internationale (Scanner), d’un menu (celui du Monde de l’après-midi) et d’un agenda du jour (Warning). Avec cet abonnement non modulable, l’internaute dispose aussi d’un accès aux archives thématiques (crédit de 25 euros), de l’édition du jour du Monde en format PDF, des dossiers thématiques, d’un fil de dépêches, d’un portfolio des dessins du journal, d’un classeur personnel et de la version nomade du Monde (gratuite jusqu’à la fin du mois).Sur un marché dégradé où les revenus publicitaires du Monde Interactif (éditeur du Monde.fr) ont chuté de 40 % entre 2000 et 2001, les recettes ont avoisiné les 5,34 millions d’euros. Les objectifs sont gardés sous silence, même si Bruno Patino, estime “que d’ici à 2 ans, cette stratégie du payant pourra équilibrer les revenus en trois tiers égaux : pub, vente de contenu et abonnement”.Optimiste ? D’autres ont jeté l’éponge. Au Figaro.fr, il ne reste que 5 personnes, après la grande lessive de janvier, dont un journaliste chargé de mettre en ligne une sélection d’articles du quotidien papier. Les revenus attendus proviendront de la mise en ligne d’une banque d’images B to B (fin avril) et, marginalement, de sponsoring sur la partie Art de vivre du site.

Redéfinition des stratégies

Au Parisien, “on conserve un certain pragmatisme financier en étudiant des pistes”, reconnaît Benoît Luciani, DG du Parisien.fr. Ce qui se traduit par la réalisation d’un site vitrine qui évoluerait en s’enrichissant de systèmes d’alertes thématiques, après l’élection présidentielle. Un pragmatisme partagé par le quotidien financier La Tribune, qui rend ses archives payantes à compter de juin prochain. Ce passage à la caisse pourrait entraîner une déperdition de 10 % de l’audience, “compensée par les nouveaux abonnés au quotidien du jour électronique”, estime Emmanuel Cacheux, directeur multimédia de Latribune.fr. Pour ce faire, la filiale de LVMH a revu ses prix à la baisse, conscient de la nécessité de ne pas facturer à linternaute les défauts du papier. Quant au tout nouveau site de La Croix, il préfère prévenir que la consultation des archives est “provisoirement gratuite”. Le quotidien du groupe Bayard entretient donc le suspense.

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Amaury Mestre de Laroque