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Les étranges pratiques de l’antipiratage

Pour lutter contre la copie illicite, les éditeurs de logiciels multiplient les astuces techniques. Mais ces procédures ne dérangent que les utilisateurs honnêtes. Les pirates, eux, s’en moquent allègrement.

‘ Le piratage, ça suffit ! ‘ Les éditeurs de logiciels, de musiques ou de films, ont lancé une véritable campagne afin d’enrayer le mouvement. Avec, semble-t-il, quelques abus. Car,
aujourd’hui, quand vous achetez un logiciel, ne pensez pas que vous allez pouvoir l’utiliser aussi facilement que ça !Vous devez presque toujours passer par une phase de validation. Généralement, vous saisissez un numéro de série fourni avec le CD ou vous contactez l’éditeur, afin de lui transmettre un code fourni lors de l’installation du logiciel, et
en échange duquel l’éditeur vous en fournira un autre, qui vous permettra de déverrouiller définitivement votre logiciel.Or, ces procédés sont aussi gênants qu’inefficaces. Gênants, car ils imposent à l’acheteur une démarche supplémentaire pour utiliser le produit qu’il a acquis. Si certains éditeurs, comme Microsoft, vous permettent d’utiliser le
logiciel sans validation pendant une période d’essai, d’autres, comme
Orlogix, avec son logiciel Transfer MyPC, ont opté pour une solution plus radicale : vous devez vous enregistrer avant même la première utilisation du logiciel.Sans être expert en droit commercial, je me pose des questions sur cet usage qui conditionne l’utilisation d’un produit payé à une démarche supplémentaire (payante elle aussi, les communications ne sont pas gratuites).Que fait l’acheteur qui ne dispose pas d’une connexion Internet (mais si, ça existe!) ?Car c’est une mauvaise surprise supplémentaire : plusieurs éditeurs n’acceptent de délivrer le fameux sésame que par un mail envoyé à l’acheteur. La ruse est subtile car, pour recevoir votre code de validation, vous devrez fournir
votre véritable adresse et non une identité bidon, comme vous pouvez vous le permettre dans les forums.Dès lors, cette adresse ira enrichir la base de données commerciale de l’éditeur. Spam assuré ! En outre, ces précautions se révèlent inefficaces. Dès qu’un procédé anticopie voit le jour, il est aussitôt craqué par des internautes
qui n’ont de cesse de faire profiter la communauté de leurs découvertes.Ainsi, quelques semaines avant la diffusion d’Office XP, premier logiciel à mettre en ?”uvre à grande échelle la validation par Internet, des sites pirates diffusaient déjà des clés bidon, utilisables avec toutes les versions de
ce logiciel.En définitive, les procédés anticopie, loin de gêner les véritables pirates, ne constituent une gêne sérieuse (et payante) que pour les utilisateurs honnêtes. Un comble ! C’est un peu comme à la RATP : selon la Régie des
transports parisiens, vous pourriez payer vos titres de transport 10 % moins chers… s’il n’y avait pas la fraude.Ça vous amuse, vous, de payer pour les pirates ?* Rédacteur en chef adjoint de l’Ordinateur individuelProchaine chronique vendredi 5 décembre

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Etienne Oehmichen*