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Les chaînes thématiques boudent l’interactivité

Au Mipcom, la télévision interactive n’était pas la priorité. Les difficultés de la TNT préoccupaient davantage les éditeurs.

C’était annoncé de longue date. L’édition 2001 du Marché international des programmes télévisés (Mipcom) serait placée sous le signe de la Real TV. On pouvait naïvement supposer que “télévision réalité” rimerait avec “ interactivité “, à l’instar des initiatives de M6 autour de Loft Story. Mais à Cannes, du 8 au 12 octobre, les attentions se sont vite détournées de la question de l’innovation, les commentaires tournant au règlement de comptes.

La TNT inquiète toujours plus

L’association des chaînes du câble et du satellite (Acces), qui regroupe l’ensemble des éditeurs de chaînes thématiques hexagonales, a ouvert le bal en rappelant à quel point les distributeurs (câble ou satellite) menacent leur existence en voulant baisser de 40 à 50 % les reversions aux chaînes. Sans compter que les “câblos” souhaitent toujours faire payer la bande passante aux chaînes éditrices.Aussi, lorsqu’on interroge les éditeurs sur leurs développements en matière de programmes interactifs, leur réponse est unanime : “La priorité n’est vraiment pas là pour le moment.” Celle-ci toucherait plutôt au numérique terrestre, sur lequel les médias s’activent depuis 3 ans.Et ses perspectives font frémir les représentants des 44 chaînes thématiques, qui craignent de ne pouvoir prendre part à la “révolution télévisuelle” chère à Catherine Tasca, ministre de la Culture et de la Communication. “Comment répondre à l’appel à candidatures alors que nous ne connaissons pas le potentiel de distribution ?”, déplore Grégory Samak, vice-président de l’Acces.Le gouvernement se donne plus de temps pour réfléchir à ce problème. Il a fait savoir au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) que les décrets sur le numérique hertzien, prévus pour le 15 octobre, ne seront pas rédigés avant le 15 décembre, car il souhaite se concerter avec l’ensemble des candidats.Ces derniers attendront le mois de janvier pour remettre leurs dossiers. ” Peu importe “, soupirent certains intervenants qui voient dans la TNT un goulot d’étranglement, où seul le ” best of ” des chaînes des grands groupes de communication auront droit de cité, et où l’innovation dans les programmes sera complètement négligée. Notamment les services enrichis.” L’Espagne et le Portugal ont choisi de distribuer moins de chaînes sur le numérique hertzien pour libérer de la bande passante et maximiser les services interactifs “, explique Gérald Ganascia, consultant et ex-directeur de recherche au CSA.

Une consommation passive

Ce ne sera pas le cas en France. Le spectateur se contentera d’un guide des programmes électroniques (EPG), sur un canal réservé, les autres étant déjà occupés par les 33 chaînes attendues, dont la moitié seront payantes. Faut-il le déplorer ? Pas forcément, selon John Foley, directeur du CDG, société britannique de consulting spécialisée dans les médias digitaux : “30 % des téléspectateurs britanniques ont une approche complètement passive de la télévision, et délaissent les services interactifs.”Et de l’aveu de Peter Good, patron de la division télévision interactive de Channel Four : “Après le fantasme du tout interactif, la tendance est à la création de programmes spécifiques “, comme Nelly Nut Show, proposé en France par Teletoon et propriété du Danois TV-Animation. Les enfants seront bientôt invités à “personnifier” et “scénariser” un personnage de dessin animé en lui prêtant leur voix par téléphone… Après tout, quoi de plus interactif que le téléphone ?

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Amaury Mestre de Laroque