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L’enfer, c’est les utilisateurs

Autrefois, les informaticiens l’infantilisaient. Aujourd’hui, ils le montent sur un pied d’estale. Quand est-ce que le client, l’utilisateur, bref, celui pour qui on développe des logiciels sera-t-il pris pour ce qu’il doit être : un membre du projet ?

Une savonnette ! Un coup de vent ! Un martyr ! Mais aussi un dictateur… S’il est une population difficile à comprendre, c’est bien celle des utilisateurs. Sur chaque projet, il a un rôle différent. A chaque fois, ses exigences diffèrent. Parfois, il paraît sûr de lui, peut-être pour avoir la paix. Souvent, il demande grâce, effrayé d’avoir à ajouter des études d’informatique à un emploi du temps déjà surchargé. Florilège de cas réels, recueillis au fil des ans…Le premier, c’est bien sûr l’utilisateur ” absent “. Il a trop de travail, il n’est ni valorisé, ni payé pour sa participation au projet et, en plus, il a l’impression de faire le boulot des informaticiens. Difficile d’isoler un cas précis tant ce profil se retrouve dans tous les projets. Cependant, on peut aussi trouver avantage à cette absence. Ainsi, dans cette SSII, qui craignait de mettre en place une nouvelle méthodologie de développement. Cette dernière prévoyait en effet d’intégrer le client à la chaîne de développement, en lui permettant d’être constamment sur place. Impossible ! Malgré un essai positif. Motif officieux, sous forme de question d’un ancien développeur : ” Comment facturer trois semaines si le client a vu que le projet durait dix jours ? “Arrive ensuite le profil ” bidouilleur “. La plaie des services informatiques. Au cours de projets de développement, il va doubler les applications décisionnelles de ses propres tableaux Excel, puis tenter de transférer ses données dans le nouveau système. Quand il n’a rien de ce genre à se mettre sous la dent, il devient le cauchemar des responsables de maintenance : ” Certains changent leur carte mère, ajoutent de la mémoire, passent par un modem pour accéder à Internet… sans parler des téléchargements de logiciels pirates. “ Dans ce grand groupe, on s’estime tout de même satisfait de connaître ces cas à part, mais surtout de savoir qu’ils sont très peu nombreux.Puis, le leader charismatique. Nous sommes à la fin des années 90, dans un projet de mise en place d’un système d’intelligence économique dans une PME. Le dirigeant, un esprit fort alléché par l’odeur d’un projet subventionné par l’Etat, décide de doter son entreprise d’applications de recherche et de traitement de l’information. Au départ, il pense qu’il aura plus, plus vite, et qu’il pourra accroître sa paternité sur ses employés. Très vite, il comprend que le système repose sur le partage des connaissances, donc la délégation. Inquiet de perdre les rennes, il abandonne.On peut multiplier ainsi les archétypes et les exemples à l’infini. Comment imaginer alors trouver UNE organisation, UNE méthodologie de développement, UNE façon de communiquer avec votre futur utilisateur ? C’est tout simplement impossible, et si un jour, on vous présente une méthode qui vante le contraire, fuyez à toutes jambes. La seule façon de voir si vos états d’âme de développeur, chef de projet ou consultant s’accordent avec ceux de l’utilisateur, c’est de vous adapter à chaque fois. En somme, votre client ?” qu’il soit interne ou non ?” sera votre enfer si vous vous planquez, votre élastique si vous sautez et votre gâteau danniversaire si vous en faites un membre de votre projet.Prochaine chronique lundi 18 juin

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Philippe Billard