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Le test de performances, un outil réservé aux grands comptes

Comparer sa politique informatique à celle des leaders de son secteur revient très cher. Les PME ont heureusement d’autres solutions pour s’assurer de leur compétitivité.

Certaines entreprises, pour mesurer leurs choix techniques et leurs processus par rapport aux meilleures dans leur secteur d’activité, n’hésitent plus à investir dans le test de performances, ou benchmarking. Souvent galvaudé, ce terme caractérise une réelle méthodologie de comparaison, basée sur les éléments fournis par les entreprises participant à l’étude. Bien au-delà de la veille concurrentielle, elle permet de connaître concrètement les pratiques qui gagnent sur le marché, et d’analyser au passage son propre fonctionnement. Le test de performances ne porte en effet plus seulement sur les aspects techniques (étalonnage comparatif de matériels et logiciels), mais sur la politique informatique globale de l’entreprise. “Nous voulions valider nos choix en matière de sécurité, d’équipement et de maintenance. Bref, être sûrs que nous étions sur la bonne voie “, témoigne Georges Bourinet, responsable du centre informatique national de la Caisse nationale d’assurance vie (Cnav), situé à Tours (37). Pour se mesurer aux entreprises privées et plus particulièrement aux organismes ayant une activité comparable, comme les compagnies d’assurances, par exemple, la Cnav a commandé une étude au cabinet Compass Analysis.

Une procédure quasi scientifique

Le test de performances concernait essentiellement le grand système MVS de la Cnav et son architecture de télécommunications. Suivant une méthode rationnelle, “quasi scientifique “, d’après Georges Bourinet, Compass Analysis effectue un état des lieux des processus et du matériel de son client. “Cette étape est fastidieuse, car il faut récupérer énormément d’informations. Compass détermine, par exemple, le niveau de puissance consommée par rapport à la puissance réelle du système. Ses consultants viennent aussi questionner les utilisateurs pour se faire une meilleure idée de notre organisation.” Le cabinet compare ensuite ces données avec un panel représentatif de ses clients. La Cnav a consacré plusieurs centaines de milliers de francs à cette étude, qui aura duré trois mois. Autant dire que les PME n’ont pas vraiment voix au chapitre.
Si la société Cilas, un fabricant de lasers de 240 personnes, a pourtant réussi à rejoindre les grands comptes qui forment le Benchmarking Club de Paris, c’est uniquement parce que Aérospatiale (qui en est membre également) est le principal actionnaire de l’entreprise. “Nous profitons ainsi des meilleures pratiques de grands comptes, qui ont des moyens démesurés par rapport à nous, commente Jean-Jacques Laffontas, directeur des achats de Cilas. Des réunions ont lieu environ tous les deux mois, animées par les membres eux-mêmes, mais aussi par des intervenants extérieurs.” De plus, Jean-Jacques Laffontas fait partie d’un club professionnel, proposé par une chambre de commerce et d’industrie (CCI) du Centre. Qu’elles appartiennent ou non au même secteur d’activité, les entreprises de la région peuvent échanger des idées, faire part de leurs expériences en détaillant leurs projets “et tisser des relations de proximité”. Pour une cotisation minime (quelques centaines de francs), les PME peuvent ainsi accéder à de précieuses informations. Seules quelques CCI particulièrement actives fournissent ce type de service. L’Agence régionale d’information stratégique et technique (Arist) de la CRCI Aquitaine propose par exemple des réunions aux directeurs de recherche et développement des entreprises, grâce à son club Altaïr.

Un impact humain sur l’entreprise

D’après Stéphane Chanthapanya, directeur de l’Arist de la CRCI Aquitaine, “le test de performances proprement dit n’est valable que pour des entreprises de plus de mille personnes. Il est inaccessible aux PME.” Il conseille plutôt une veille stratégique soutenue et la participation à des réunions professionnelles. L’Arist bénéficie aussi des échanges du club Altaïr, comme n’importe quelle entreprise, et fait profiter les membres de ses propres pratiques : “Une entreprise a été intéressée par notre système de gestion du courrier entrant et sortant, e-mails et courrier postal. Nous lui avons donc expliqué pourquoi nous avions fait ce choix, et nous avons détaillé le fonctionnement du système “, signale Stéphane Chanthapanya. Qu’il s’agisse de réunions professionnelles ou de clubs de benchmarking, chaque membre est tenu d’apporter une contribution en tant qu’intervenant pour enrichir les échanges. Diverses règles, tacites ou non (le Benchmarking Club de Paris parle d’un code de bonne conduite), sont ainsi appliquées : une relation de confiance doit s’instaurer, compte tenu des informations stratégiques divulguées, et le prestataire est bien sûr tenu par le secret professionnel. Les entreprises n’ont de toute façon pas intérêt à dissimuler des informations si elles veulent profiter pleinement d’un test de performances. “C’est en quelque sorte une opération vérité, y compris en interne, remarque Georges Bourinet, de la Cnav. Les résultats de l’étude ont un impact humain sur l’entreprise. S’ils ne sont pas bons, l’équipe informatique va devoir redresser la barre ; s’ils sont concluants, elle se sent valorisée.” Le test de performances réalisé par la Cnav lui a permis de vérifier que son système était tout à fait performant. Elle a uniquement effectué quelques changements d’équipements de télécoms et comblé des lacunes en matière de sécurité. Grâce au Benchmarking Club de Paris, Cilas s’est rendu compte que sa méthode de mesure des performances fournisseurs pouvait être grandement simplifiée. “Ce genre d’étude doit être renouvelé périodiquement, pour être réellement profitable à la compétitivité de l’entreprise “, conclut son directeur des achats.

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JULIE DE MESLON