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Le syndrome de La quatrième enveloppe

L’histoire des trois enveloppes était bien connue dans les directions informatiques à l’ère préhistorique du client-serveur. En voici la version 2.0, avec une enveloppe de plus…

L’histoire des trois enveloppes était bien connue dans les directions informatiques à l’ère préhistorique du client-serveur. En voici la version 2.0, avec une enveloppe de plus. Il était une fois un vieux directeur informatique autodidacte de plus de cinquante ans, remplacé par un jeune surdiplômé de trente ans. Avant de partir, le vieux dit au jeune : “Je n’ai évidemment aucun conseil à vous donner, mais enfin… Voici quatre enveloppes numérotées de un à quatre. Ouvrez-les dans l’ordre, et uniquement si vous avez des problèmes.” Le jeune s’empresse de les oublier dans un tiroir. Un an après, sur les cinquante projets qu’il a lancés en même temps, aucun n’a abouti. Les retards s’accumulent, la direction s’énerve, et le DI ne sait plus quoi faire. Il retrouve par hasard les enveloppes dans son tiroir. Intrigué, il ouvre la numéro un et lit le conseil suivant : “Accusez l’héritage !” Ce qu’il s’empresse de faire. Cela lui permet de souffler un peu et de changer tous les systèmes. Mais, un an plus tard, les applications sont restées en rade, les nouveaux investissements ont coûté cher, les utilisateurs râlent, et la direction s’interroge. Le DI ouvre alors avec intérêt la deuxième enveloppe :“Faites un portail internet !”La direction trouve l’idée moderne, et le voilà reparti la fleur au fusil. Evidemment, un an plus tard, le portail en est à sa quatrième version et à son troisième webmaster. Il a changé deux fois de logiciel de contenu et d’affiliation et a subi la faillite de sa web agency, une start up très douée. Fébrile, le DI ouvre donc l’enveloppe numéro trois et lit : “Dites qu’il faut tout passer en e-business.” Il se précipite sur sa direction, qui, d’abord réticente, finit par être convaincue par une étude du Gartner et lui débloque les budgets. Un an après, le bilan est catastrophique : aucun client ne veut payer on line, les livraisons se perdent en chemin, le catalogue n’est jamais à jour. Alors, le jeune DI, qui a beaucoup vieilli, ouvre, les doigts tremblants, la quatrième enveloppe et lit : “Préparez quatre enveloppes !”

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Luc Fayard