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Le rachat de Soamaï dans le starting-block

L’éditeur de logiciels est sur le point de se faire racheter par un distributeur américain. L’opération pourrait être la première sortie industrielle pour des capital-risqueurs depuis des mois.

Depuis près de un an, les acteurs du petit monde du capital-risque se regardent en chiens de faïence. Tous attendent que l’un d’entre eux se risque à une sortie. Autrement dit, qu’un investisseur revende les parts de capital qu’il
détient dans une société afin de réaliser une belle plus-value.L’événement pourrait avoir lieu très prochainement. Soamaï, du haut de ses trois ans d’existence, s’est vu proposer une offre de rachat par un distributeur américain de logiciels. La jeune société française, positionnée sur
l’IT Asset Intelligence (la compréhension et la réutilisation du patrimoine applicatif des grands comptes), devrait obtenir une valorisation bien plus élevée que celle ayant cours sur le marché. Lequel estime le prix d’un
éditeur de logiciels aujourd’hui à deux fois son chiffre d’affaires.Néanmoins, Soamaï était présent au salon Capital- IT, à la demande express de ses investisseurs (Crédit Lyonnais Private Equity, AGF Private Equity et NetPartners, qui y ont investi l’année dernière 6,6 millions d’euros). Pas
vraiment en quête d’argent, Eric Didier (président du directoire de Soamaï) préférait toutefois assurer ses arrières, au cas où l’acquisition ‘ capoterait ‘ au dernier moment.Dans cette hypothèse, Soamaï souhaiterait lever 10 millions d’euros afin d’ouvrir trois bureaux outre-Atlantique. Une opération qui devrait se réaliser sans mal, si l’on en croit le nombre d’investisseurs qui ont tourné autour du
dirigeant de Soamai après la présentation de la société.

Le capital-risqueur, un mal nécessaire…

L’argent appelle l’argent. C’est quand vous n’avez pas besoin de lever des capitaux que les investisseurs viennent à vous ‘, commente Eric Didier, cynique. Le dirigeant peut l’être. Cinq
de ces mêmes capital-risqueurs qui avaient refusé de lui faire confiance l’année dernière, lors de son premier tour de table, sont venus le trouver pour lui signifier qu’ils étaient prêts à investir aujourd’hui dans Soamaï.Pourtant, en 2002, lever des fonds n’avait pas été une sinécure. Eric Didier avait mandaté l’intermédiaire Chausson Finance pour l’aider dans cette tâche. Malgré une optimisation du business plan, une vulgarisation de la
technique… rien n’y faisait. Les investisseurs reprochaient à la société de n’avoir pas un portefeuille clients étoffé. Chose somme toute logique puisque la société était encore toute jeune.Eric Didier a tenté le tout pour le tout. Il a racheté les actifs de Cyrano, alors en liquidation judiciaire. Nouveau logiciel et nouveaux clients en poche, il est retourné voir les investisseurs. Cette opération, qui tient du tour de
passe-passe, les a rassurés : ils ont investi dans Soamaï. Eric Didier convient : ‘ Il est vrai que si je n’avais pas eu quelques économies, je n’aurais pas pu acheter les actifs de Cyrano et par conséquent jamais
développer Soamaï. ‘
Si le chef d’entreprise avoue avoir de bonnes relations avec ses actionnaires, Eric Didier ne mâche pas ses mots : ‘ Lorsque vous mettez le doigts dans le capital-risque, vous n’êtes plus maître de votre
société. Je suis minoritaire
[10 % du capital, NDLR], mais même lorsque l’entrepreneur est majoritaire, il n’a jamais intérêt à contrecarrer les desseins de ses investisseurs. ‘Eric Didier en sait quelque chose. L’été dernier, il a été contraint d’effectuer un plan social. Une vingtaine d’emplois ont été supprimés, alors que la société avait encore du cash pour un an.
‘ Mes investisseurs voulaient que Soamaï ait des fonds pour les deux années à venir. Ils voulaient supprimer tous les postes commerciaux. Le monde du capital-risque fait l’erreur de penser que ce qui fait vendre des logiciels
c’est la R&D. Le modèle économique du logiciel repose sur l’emballage. C’est le marketing qui fait vendre ‘
, poursuit Eric Didier.Afin de limiter la casse, l’entrepreneur a effectué de fréquents voyages outre-Atlantique dans le but de trouver des distributeurs. Il a ainsi, par la mise en place de son réseau de distribution indirecte, pu contrebalancer la
suppression d’une partie de son équipe commerciale. C’est également ainsi qu’il a pu rencontrer celui qui sera peut-être son acquéreur.Soamaï pourrait donc très prochainement se séparer de ses investisseurs pour entrer dans une logique purement industrielle. Reste que, sans les capital-risqueurs, Soamaï naurait pas pu exister. Et cela, Eric Didier en convient.

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Hélène Puel