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Le Nouvel Hebdo salue ses lecteurs

Rédacteurs, maquettistes, iconographes… L’équipe du journal s’apprête à tirer sa révérence. Elle était pourtant lancée pour mille ans.

Durant l’été 2000, la bulle financière avait certes commencé à se dégonfler quelque peu, mais l’époque appartenait encore à ceux qui allaient de l’avant. Parce que les nouvelles technologies, internet en tête, intégraient dans un vaste et très profond mouvement l’économie traditionnelle, dynamique, toujours en progrès, il était logique que des groupes de presse imaginent des concepts pour accompagner ces mutations. Un journal fonctionne en règle générale avec deux marchés, celui des lecteurs et celui des annonceurs. Il y avait de bonnes raisons à l’époque, de penser qu’il était possible de les conquérir.Si le n?’ 81 du Nouvel Hebdo est probablement l’un des derniers, du moins dans sa configuration d’origine, le premier numéro étant paru le 2 mars 2001, ce n’est certes pas faute de lecteurs. Le Nouvel Hebdo a su convaincre très vite quelque 20 000 à 30 000 lecteurs réguliers. Mais, en raison d’un retournement de l’économie mondiale, d’abord progressif puis brutal, le marché publicitaire ?” vecteur premier des ressources du journal ?” s’est évanoui. “Comme si quelqu’un avait tiré sur le frein à main”, commentait fin 2001 Jean Weiss, président du Groupe Tests, éditeur du Nouvel Hebdo. Pour tout compliquer, alors qu’il n’était encore question que d’un ralentissement économique, certes prononcé, le groupe Tests a changé de mains, vendu par le groupe industriel Vivendi Universal à plusieurs fonds d’investissements. D’une certaine façon, la conjoncture y contribuant, le Nouvel Hebdo perdait alors son statut de relais de croissance, malgré un business plan qui devait au départ s’étaler sur quatre ans.

Au c?”ur d’un vrai phénomène

Venus de la presse professionnelle, de sites internet d’information ou de la presse généraliste, des rédacteurs, des secrétaires de rédaction, une trentaine de journalistes qui ne se connaissaient pas tous, sont venus petit à petit, à partir de l’automne 2000, participer à la conception d’un journal nouveau. À cette somme de compétences, s’est ajoutée un réseau de correspondants étrangers, une équipe chargée de la publicité, sans compter les cadres du groupe Tests chargés de veiller sur la croissance du projet. Le titre de couverture du premier numéro ?”Internet c’est parti pour 1 000 ans?” était le fruit d’une conviction. Partagée du reste par le président de l’équipementier télécoms Cisco, qui, troublante coïncidence, répétait la même chose au mot près, quinze jours après le lancement du Nouvel Hebdo.Numéro après numéro, le journal a su démontrer que l’on était, avec internet et les nouvelles technologies, en face d’un phénomène qui méritait d’être relaté. Les nouvelles technologies marquaient à l’évidence tous les aspects de l’économie, de la macro à la micro en passant par ses acteurs directs, indirects, et bouleversant dans le même temps des domaines consubstantiels à la vie des affaires comme les marchés financiers, la régulation ou encore les fonctions de management. Il fallait bien un journal pour absorber cet afflux d’informations propres au XXIe siècle. De fait, le Nouvel Hebdo a apporté bien souvent à ses lecteurs une information primaire dans la mesure où elle ne se retrouvait pas ailleurs, ni dans les autres journaux, ni sur les dépêches d’agences de presse.L’équipe du Nouvel Hebdo, au fil des numéros, s’est appliquée à améliorer constamment un journal auquel elle croyait. Au début de l’été 2002, elle était incontestablement parvenue à former une rédaction homogène, pour tout dire une famille, avec ses rites et ses codes de fonctionnement.Si la qualité d’une rédaction se mesure aussi à sa faculté de se mobiliser, l’après-midi du 11 septembre 2001, veille de bouclage, en a été l’illustration. Pourtant en décalage par rapport à la légitimité des news magazines ou des quotidiens, le Nouvel Hebdo a su s’inscrire in extremis dans cette actualité terrible, parce que les attentats du World Trade Center, dans leurs répercussions, ont frappé l’ensemble de l’économie, évidemment sans distinguo.

Sans désarmer

Pour la croissance mondiale et, s’il n’est pas indécent de le préciser, pour le Nouvel Hebdo, le 11 septembre a été comme un coup de grâce. Le robinet des investissements publicitaires et des petites annonces a vu d’un seul coup son débit chuter. Mais l’équipe du Nouvel Hebdo n’a pourtant pas désarmé.Au contraire. Chacun a mis les bouchées doubles, à l’édition, à la rédaction et aussi à la pub. La fin de l’année 2001 a été fêtée lors d’une soirée qui ne s’effacera pas des mémoires. Au cours de l’année 2002, jamais le vent mauvais n’a cessé de souffler. Sur fond d’articles de presse, de rumeurs, de démentis, qui tous tournaient autour de la fermeture du titre. Malgré cela, chaque mercredi soir, l’équipe bouclait un nouveau numéro en ne mesurant jamais les soins portés à la rédaction d’une brève ou d’une enquête, au choix d’une photo. Chacun est parti en vacances durant l’été 2002, avec la certitude que la fin du journal était programmée pour la rentrée. Confirmé à la mi-septembre, le projet de fermeture de l’hebdomadaire était compris dans un plan d’économies voué à rétablir financièrement le groupe Tests. Depuis, le journal est maintenu en vie sans que l’on sache exactement pour combien de jours encore. C’est en raison de cette échéance que l’on devine toute proche, que léquipe du Nouvel Hebdo a tenu à saluer ses lecteurs.

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