Il sera théoriquement possible, avant 5 ans, d’acheter un radiotéléphone qui fasse aussi office de caméra, de PDA, de terminal Internet, de GPS, de console de jeux, de montre radiopilotée, de récepteur radio et TV, de lecteur
MP3, de talkie-walkie, de lecteur RFID, de carte de paiement… et sûrement de bien d’autres choses encore.Mais le public va-t-il vraiment vouloir disposer de toutes ces fonctionnalités dans un seul et même appareil ? Déjà, aujourd’hui, les appareils proposés à la vente sont tellement complexes qu’une personne sur deux
n’en connaît pas toutes les possibilités et que plus de trois personnes sur quatre n’exploitent qu’une partie de ces possibilités.Les modes d’emploi de demain devront-ils vraiment faire 500 pages ? A l’évidence, le marché va devoir se segmenter, chaque type d’appareil répondant aux besoins (ou aux rêves) d’une catégorie
d’utilisateurs.La ménagère de plus de cinquante ans par exemple souhaitera sans doute un appareil avant tout simple à utiliser, aux fonctionnalités centrées sur la voix, mais qui pourra si possible afficher sur l’écran la photo de la personne
qui l’appelle. Elle appréciera sans doute plus que les autres la présence d’une batterie de secours intégrée, au cas où elle aurait oublié de recharger son appareil.A l’inverse, le jeune de vingt ans voudra disposer a priori de toutes les fonctions possibles et imaginables mais se décidera sans doute finalement à adopter un terminal centré sur la communication (voix + e-mail), auquel
s’ajoutera un autre sur les loisirs (télé + jeux + vidéo + photos) ?” avec un écran plus grand ?”, plus trois cartes à puce, l’une axée transports, l’autre identification, et la
troisième paiement, des fonctions de micropaiement pouvant aussi, éventuellement, être intégrées en parallèle dans les terminaux.Tout cela est toutefois bien théorique. En pratique, les coûts imposeront aux fabricants de proposer des appareils aux possibilités limitées tout en répondant aux souhaits du plus grand nombre… mais aussi à ceux des opérateurs de
téléphonie et éventuellement de télévision. Et là, les choses se corsent. Pour deux raisons.Certains services ne devraient tout d’abord presque rien apporter aux opérateurs de téléphonie (comme la TV/DVB-H par exemple) ; on ne voit donc pas pourquoi ces opérateurs les proposeraient à leurs clients sur des appareils
subventionnés. Mais il y a pire : si, lors d’un déplacement, des radiotéléphones pouvaient commuter automatiquement leur liaison sur le réseau de téléphonie sans fil des foyers (Bluetooth ou Dect), cela irait à l’encontre de leurs
intérêts puisque la consommation radiotéléphonique diminuerait.A moins que naissent des forfaits d’abonnement fixe + mobile à l’occasion du basculement des communications voix sur le tout IP. Une possibilité qui devrait devenir probabilité dans les mois qui viennent… mais qui
ne pourra être proposée que par les opérateurs qui maîtrisent toutes ces technologies (rappelons ?” nous sommes là très proches du concept de convergence qui faisait rêver en 2000 ?” que le câblo-opérateur Cablevision vient de
lancer un abonnement ‘ triple play ‘ + mobile aux Etats-Unis).Pour les fabricants de radiotéléphones, en tout cas, le problème risque de devenir un vrai casse-tête : il ne faudra en effet en aucun cas qu’ils contrarient leurs principaux clients, les opérateurs, tout en répondant à la
fois aux souhaits des clients finaux… et aux différentes possibilités technologiques (GSM + 3G + Wi-Fi ou Dect, ou Bluetooth et/ou…).Certes, il est possible d’imaginer que tous les radiotéléphones d’une gamme aient à l’avenir une base commune comme les PC (processeurs + disque dur en l’occurrence), mais cela ne suffira pas à rationaliser
des fabrications de produits aussi variés.
A n’en pas douter, seuls les plus importants des fournisseurs pourront tirer leur épingle d’un pareil jeu.* Directeur de la rédaction d’ Electronique International HebdoProchaine chronique jeudi 16 juin
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