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La voiture électrique convient-elle aux long périples ? Roadtrip en Tesla pour le savoir

Peut-on vraiment voyager en voiture électrique ? Pour répondre à cette question, nous avons réalisé un trajet de près de 500 km entre la région parisienne et la côte atlantique à bord du plus autonome des véhicules électriques, la Tesla Model S en version Grande Autonomie.

Qui a dit que les voitures électriques n’étaient pas faites pour les longs trajets ? Il y a une dizaine d’années, lorsque les premières études de marché concernant les voitures électriques ont été publiées, l’autonomie constituait déjà le principal frein à l’achat pour les véhicules zéro émission. En 2019, malgré des progrès importants réalisés au niveau des batteries, la peur de la panne sèche fait toujours figure d’épouvantail. Si l’on admet désormais qu’une voiture électrique peut remplacer un véhicule thermique en ville, il reste une dernière frontière à faire tomber : celle des longs trajets et des virées sur l’autoroute. Et pour cause, quel que soit le constructeur et le modèle, l’autonomie a tendance à fondre comme neige au soleil dès lors qu’on dépasse les 110 km/h.

Un constructeur semble faire fi de ces barrières, Tesla. Le pionnier de la voiture électrique inclut à son catalogue le véhicule doté de la plus grande autonomie : 610 km (norme WLTP). La Model S Grande Autonomie peut également s’appuyer sur un réseau de recharge largement éprouvé. Mais est-ce suffisant pour parcourir un trajet de 500 km essentiellement constitué d’autoroute. Nous avons tenté de rallier Les Sables d’Olonne au départ de la région parisienne et plus précisément du Val d’Oise, soit un trajet de 490 km. 

Donner les clés de la navigation à sa Tesla

N’ayant pas de superchargeur à proximité, nous prenons le départ avec 85% de batterie. Qu’importe, selon les prévisions de notre Tesla l’itinéraire est le même qu’avec une batterie pleine, seul l’arrêt au Mans est prolongé de 5 mn par rapport aux prévisions initiales. À ce propos, le calcul d’itinéraire de Tesla, dans la version 10 de son logiciel, mérite qu’on s’y attarde. Le logiciel permet de localiser, en fonction des trajets, la présence de bornes de recharge. Il est non seulement capable de les inclure dans l’itinéraire mais il peut aussi indiquer les bornes de recharge à l’arrivée et livrer une estimation de la batterie restante une fois le parcours achevé. 

Dimitri Charitsis – 01 Net – Le calcul d’itinéraire Tesla inclut les arrêts pour la recharge.

Dans notre cas, et malgré un départ avec 85% de batterie, notre Model S se montre des plus optimistes : l’arrêt au superchargeur du Mans doit nous permettre d’arriver aux Sables d’Olonne avec 19% d’autonomie. Précisons également les conditions dans lesquelles s’effectue le trajet. Départ en fin de journée (20h), coffre relativement chargé, passager à l’avant et enfant à l’arrière. Soit des conditions de voyage tout à fait classiques. Dans le même souci de comparaison par rapport aux véhicules thermiques, nous n’avons pas fait l’impasse sur la climatisation (qui permet généralement de gagner quelques kilomètres d’autonomie), et avons même profité des sièges chauffants proposés par notre bolide. Quant à la vitesse, nous avons adopté une conduite de « bon père de famille », relativement souple en zone urbaine et collant aux 130 km/h réglementaires sur la partie autoroutière de notre parcours. 

Dimitri Charitsis – 01 Net – La recharge une fois le long trajet effectué est sans doute la partie la plus délicate du voyage.

La première partie du trajet se déroule sans encombres. Notre Model S indique une arrivée au superchargeur du Mans avec 38% de batterie en stock. Quelques légers mais habituels embouteillages jusqu’au péage de Saint-Arnoult rythment la première partie du parcours. Au bout de deux heures nous approchons de la préfecture de la Sarthe. Notre première surprise est de constater que la station de recharge ne se trouve pas sur l’aire d’autoroute à côté des autres bornes de type Corri-Door ou Ionity, mais à quelques centaines de mètres de là, sur le parking déserté d’une zone commerciale. L’arrivée en pleine nuit à 37% d’autonomie, n’a rien de sympathique en termes d’accueil, la zone est peu éclairée et serait, dans tout bon film de série B, un endroit parfait pour un guet-apens. Il n’en est rien, nous découvrons avec un léger soulagement que les superchargeurs sont aussi des zones de partage et de convivialité. Sur les huit bornes disponibles trois autres Tesla font leur affaire pendant que leurs propriétaires discutent de leurs dernières virées électriques. Nous les rejoignons et les 30 mn de recharge passent plus vite que prévu. Il est temps de repartir, et notre Tesla maintient ses prévisions : l’arrivée 2h30 plus tard devrait se faire avec 19% d’autonomie restante.

Dimitri Charitsis – 01 Net – L’application Tesla permet également de trouver les stations de charge à proximité.

De la précision dans les estimations

Là encore notre Model S a vu juste. La suite du parcours nous permet d’augmenter légèrement notre vitesse de croisière, afin de vérifier à quel point celle-ci à un impact sur l’autonomie. Nous arrivons à destination avec 17% de batterie restante, sans la moindre frayeur. 

Tesla – Les routes californiennes n’ont pas grand chose à envier au littoral Atlantique.

Sur place une seule contrainte : trouver un moyen de recharge plus efficient que la prise domestique. En effet s’il avait fallu recharger notre voiture sur une base de 3W, le week-end aurait été tout juste suffisant. Fort heureusement, Tesla a développé ces dernières années un réseau de recharge à destination en équipant les hôtels qui en faisaient la demande de bornes maison. Dans les environs du pays des Olonnes, un seul établissement est doté de cet équipement, l’hôtel Mercure Côte Ouest. Un simple appel téléphonique nous permet d’apprendre que les deux bornes de 100 kW sont accessibles sur le parking visiteurs. Nous pouvons donc refaire le plein des batteries sereinement en moins de 2h, le temps de profiter du littoral. Finalement, la plus grande contrainte dans cette recherche d’énergie aura été d’attendre et d’espérer que l’un des deux véhicules thermiques garés sur les places réservées à la recharge électrique daigne bouger. 

Coupons court dès maintenant au suspense intenable qui vous tient en haleine. Le trajet retour, identique en tous points s’est passé dans les mêmes conditions de confort. Partis à 100% des Sables d’Olonne, l’arrêt au Mans à 38% d’autonomie ne dépasse pas la durée d’un épisode de Rick et Morty, ou d’une saison de « Tech a break » projetés sur l’écran de 17 pouces de la Model S. On comprend mieux désormais l’intérêt d’ajouter Netflix ou divers jeux vidéo dans l’OS des Tesla. Autant de divertissements qui permettent de rendre le temps de recharge moins pénible. L’arrivée au terminus de notre itinéraire nous laisse quelques 23% d’autonomie pour jouer un peu avec notre Tesla. 

Pour les longs trajets il y a Tesla… et les autres

Si notre Model S Grande Autonomie a tenu la distance sans encombres faut-il purement et simplement en conclure que la voiture électrique, a minima les Tesla, sont prêtes pour ce type d’usages ? Pas tout à fait. Tout d’abord parce que mis à part ce modèle précis taillé pour les grands trajets, les autres véhicules électriques ne sont pas en mesure d’assurer le même service dans des conditions « agréables ». Par agréable il faut bien sûr comprendre une durée de voyage acceptable et un nombre de recharges limité. En Tesla Model S, ce trajet que nous réalisons régulièrement en 4h15 avec un véhicule thermique, nous a pris 5h. En effet, en plus des 30 mn de charge, il faut compter la perte de temps induite par la sortie de l’autoroute à mi-parcours et le surplus de route jusqu’au superchargeur. 

Certes, ces 45 minutes de plus ne sont rien en comparaison du fait de n’avoir pas émis le moindre gramme de CO2 sur près de 500 km et bien évidemment d’avoir fait l’impasse sur le carburant et son coût (l’utilisation du réseau de superchargeur est gratuite pour les possesseurs de Tesla). Mais pour l’instant, les véhicules capables de cette prouesse se comptent sur les doigts d’une main. Gageons toutefois que dans quelques mois ce type de trajet pourra être réalisé en électrique sans avoir besoin d’investir dans une voiture à 85 000 euros.

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