La société de l'information frappe à la porte des Nations Unies

Le second volet du SMSI (Sommet mondial sur la société de l'information) se tiendra du 16 au 18 novembre 2005, à Tunis, autour de deux objectifs centraux : la réduction de l'écart technologique entre les pays développés et les pays émergents, et la gouvernance de l'Internet. Cependant, après plusieurs années de prénégociations, des divergences profondes persistent entre les pays participants. Et le SMSI pourrait bien se transformer en un retentissant fiasco diplomatique.
Comment réduire la fracture numérique ?
Au sujet de l'écart technologique existant essentiellement entre les pays du Nord et ceux du Sud, chacun pressent l'urgence du problème. Selon l'UIT, 942 millions d'individus vivant dans les pays développés auraient ainsi cinq fois plus accès au téléphone portable, neuf fois plus accès à Internet et disposeraient de treize fois plus d'ordinateurs que les populations des pays émergents ayant un revenu bas ou moyen.Pour tenter de surmonter ces difficultés, de multiples projets sont à l'?"uvre. Certaines initiatives sont plus emblématiques que d'autres. Ainsi, le MIT (Massachusetts Institute of Technology) et son directeur, Nicholas Negroponte, prévoient-ils de lancer officiellement, à l'occasion du SMSI, le projet d'un ordinateur portable à 100 dollars pour les populations en difficulté.De même, en 2003, des villes telles que Lyon, Turin ou Genève avaient présidé à la création du Fonds de solidarité numérique (FSN). Cette démarche a depuis été intégrée dans la dynamique portée par le SMSI, mais uniquement avec un statut de complément facultatif. Basé sur le volontariat, le FSN prévoit entre autres choses que 1 % du montant des contrats obtenus par les groupes informatiques auprès des collectivités ou Etats participants au projet soit reversé au FSN pour aider à réduire la fracture numérique.Qui doit gouverner Internet ?
Autre volet sensible, la question de la gouvernance d'Internet, un concept dont le contenu diffère selon que l'on se trouve sur l'une ou l'autre rive de l'Atlantique. Quand les Etats-Unis entendent ' gestion technique du réseau ', les Européens y ajoutent des notions telles que le cybercrime, la protection des mineurs ou le respect de la propriété intellectuelle.Aujourd'hui et pour des raisons historiques, ce sont les Etats-Unis qui, par l'intermédiaire de l'Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), ont la mainmise sur la gestion technique de l'Internet. Cet organisme, placé sous la houlette du ministère du Commerce américain, contrôle à la fois l'attribution des noms de domaine mais aussi les ' serveurs DNS racines ' du réseau qui gèrent à l'échelle mondiale l'identification des adresses Internet. Cette suprématie de fait est remise en cause par des pays tels que la Chine, l'Inde ou l'Iran, mais aussi par l'Union européenne.Bruxelles a ainsi récemment proposé, autour de l'idée d'un ' nouveau modèle de coopération ', une approche multilatérale de la gouvernance d'Internet où la régulation du réseau mondial pourrait être confiée à un organisme relevant des Nations Unies, comme l'UIT.Mais, sur ce point, les Etats-Unis se montrent inflexibles. Pour David Gross, ambassadeur américain chargé des négociations au SMSI, les Etats-Unis souhaitent que le réseau soit ' libre, fiable et stable '. Or aujourd'hui, ' nous n'avons vu aucune proposition alternative garantissant fiabilité et stabilité. Beaucoup proposent de créer de nouvelles organisations, mais cela ne ferait que créer des incertitudes (...). Si Internet est un tel succès, c'est par sa capacité à évoluer sans la supervision des gouvernements ', déclarait récemment David Gross au quotidien Libération.Cependant, sur un aspect au moins, les Etats-Unis se montrent ouverts à la négociation : celui des extensions de noms de domaine nationaux (du type ' .de ' ou ' .fr '). ' Nous sommes prêts à engager des discussions avec les autres pays sur la manière dont les noms de domaines de pays sont gérés ', a précisé l'ambassadeur américain.Par ailleurs, les Etats-Unis sont également intéressés par la création d'un forum ' où l'on discuterait des grands sujets concernant le réseau tels que la cybercriminalité, le spam ou les virus '. Une structure qui, dans l'esprit de Washington, accueillerait les gouvernements, mais aussi et peut-être surtout les entreprises, la société civile ou les enseignants. Un lieu de réflexion, qui pourrait bien poursuivre au-delà du 18 novembre prochain les travaux initiés à Genève en 2003 et à Tunis en 2005 par le SMSI.-
Ronfladonf
[quote]L'aspect technique d'internet n'a pas a etre dirigé exclusivement par les americain alors qu'on participe dans tout les pays a son succés. [/quote]
Voilà le seul point sur lequel je suis d'accord! Mais au pied de la lettre. Le contrôle technique ne doit pas être non plus laissé à un autre pays, ni même à tous réunis... (je développerai ce point plus tard)
[quote] Et les arguments de la protection de l'enfance et des cybercrime sont justifiés, on ne donne pas un pouvoir à des irresponsables qui se fichent des conséquences ![/quote]
Oui, certainement, ces points de la gouvernance de l'internet sont certainement justifiés dans ta vision du monde. Un Chinois ou un Russe ne verrait certainement pas la cyber-criminalité ou la protection e l'enfance comme nous les Européens!
Quand tu dis "on ne donne pas un pouvoir à des irresponsables qui se fichent des conséquences ! "
Premierement qu'est ce qu'on fait quand on va voter à ton avis? Tu crois que ceux à qui les francais ont donné le pouvoir sont responsables? Qu'ils tiennent compte des conséquences?
On va donner ce pouvoir à l'ONU! En voila des beaux irresponsables qui se fichent des conséquences (Pétrole vs Nourriture pour ne citer qu'un exemple) On va donner ce pouvoir aux dirigeants de ce monde! (dans le genre responsable, on fait mieux...)
[quote]Un controle international est pour moi plus que souhaitable. [/quote]
Dans un monde idéal certainement! Mais dans ce monde-ci, avec toutes les guerres, les conflits d'intérets, les divergences sur l'éthique (l'éthique japonnaise n'est pas la même que celle des Européens, et l'éthique Francaise est loin d'être la même que celle de américains!) Le monde n'est pas prêt et je n'ai pas envie de laisser un outil formidable comme internet être pillé par un conflit d'intéret ou une guéguerre de pouvoirs entre 4 personnes! Le jour ou on aborde la cybercriminalité, les chinois entendront "démocratie" alors que les occidentaux entendront "Mafia","Virus","Espionnage". Et BOUM un dispositif calé avant même d'être démarré!
La meilleure solution serait selon moi que l'ICANN perde "sa nationalité" et qu'elle devienne indépendante des états-unis. Cet organisme n'aurait qu'à gérer l'aspect technique! On est surs qu'Internet ca marche et l'ICANN a l'expérience pour assurer cette fonction. ET le forum ne s'occuperait QUE des question d'éthique (pédophilie, virus, spam, ...) et entre les deux il y aurait un groupe de travail commun...
En fait l'Idéal serait même de créer une "Nation de l'Internet" sans armée. Un vrai pays avec une bourse, une police, des citoyens, une constitution, ... Ainsi on s'affranchirait des lobbies du pétrole, des Cd vierges, des télécoms, ... Il y aurait les fonctionnaires de l'Internet, etc... C'est beau de rêver non?
En attendant, l'ICANN est la plus à même de gérer la technique et elle n'est pas exclusivement Américaine, même si elle est prise dans le jeu des contre-pouvoir américains. Je lui laisse donc volontiers la gérance de l'aspect technique si elle s'affranchit du droit de veto de Washington sur ses décisions (le seul pouvoir qu'à Bush sur elle, il ne peut pas l'obliger à faire quoi que ce soit...) Et au vu des résultats depuis sa création... (un seul incident qui a rendu inaccessible une extension -.ly- pendant une après-midi!)
Il n'y a pas que des démons sanguinaires aux Etats Unis -
alphaaaa
L'aspect technique d'internet n'a pas a etre dirigé exclusivement par les americain alors qu'on participe dans tout les pays a son succés.
Et les arguments de la protection de l'enfance et des cybercrime sont justifiés, on ne donne pas un pouvoir à des irresponsables qui se fichent des conséquences !
Un controle international est pour moi plus que souhaitable. -
el_zozo
Bon déjà le fait que cette conférence se déroule à Tunis est un non-sens phénomenale puisque la liberté d'expression et d'information n'est pas respectée par le pouvoir en place et que les connexiosn Internet y sont toutes contrôlées par la famille dirigeante.
Ensuite, je trouves l'initiative du PC à 100 dollars vraiment interressante, surtout d'un point de vue professionnel, pour les pays moins développés.
Et pour ce qui est de la gouvernance d'Internet, les USA ont beau brandir je ne sais quel risque, et le reste du monde a beau croire en une gestion commune, mais sachant qu'Internet a été inventé par les américains, je ne vois pas pourquoi ils accepteraient de lâcher une telle invention dans l'arène onusienne. Les français aurait certainement réagi pareil si le minitel avait connu la même ampleur mondiale. -
Ronfladonf
Je dois reconnaitre que je suis assez pour que l'ICANN garde le controle de l'Internet parce qu'elle ne fait que la gestion technique des 13 root servers et des noms de domaines.
Elle a quand même un pouvoir suffisament grand pour ne pas trop subir la pression des gouvernements américains qui, il faut bien le reconnaitre, se sont tenus à carreaux sur ce point.
Les américains n'y voient QUE la gestion technique de l'Internet car ils sont bien conscients qu'un Internet qui subit la pression des différents gouvernement et groupes d'interets n'est profitable à personne, même pas à eux!
Les Européens sont à coté de la plaque en voulant y ajouter "la protection des mineurs","la cybercriminalité", ... Car si l'Internet appartient à tout le monde, ce n'est certainement pas pour imposer nos modes de vies directement inspirées de notre histoire très imprégnée par le christiannisme aux autres. De plus, si ce genre de notions entrent en jeu dans la gouvernance de l'Internet, cela créera des tensions entre les différents intérets (Chnois et Européens par exemple) et on aura en résulat un Internet de moins en moins stable à cause des "guéguerres de pouvoirs".
Les japonnais ne voient certainnement pas la protection de l'enfance comme nous, européens, nous la voyons. Quant à la cybercriminalité, les chinois y voient le mot "démocratie" quand nous y voyons "atteinte aux libertés", ou "escroquerie", ou encore "corruption"
L'ICANN a un très gros point positif: elle obsédée par le fait de ne pas outrepasser ses fonctions en répondant souvent "I Can't".
Tant qu'une solution au moins équivalente à l'ICANN en terme d'efficacité et d'autonomie ne sera pas proposée, je soutiendrait à fond les ricains sur ce point (à un détail près: le droit de véto de Washington sur les décisions de l'ICANN, mais bon, ils ne l'ont jamais vraiment utilisé de manière inappropriée alors...)
Pour qu'une solution aussi stable et efficace puisse être trouvée, il faut s'affranchir de toute notion "d'éthique" et de "lois" ainsi que des notions classique des gouvernement pour en créer un viable sur Internet, il faut se borner à ne gérer QUE l'aspect technique! -
Ronfladonf
Je suis tout à fait d'accord avec toi mais,
Il y a trop de fric à se faire grâce à Internet...Et trop de pouvoir à prendre... Les politiques de tous les pays vont s'entretuer (politiquement) pour avoir la gouvernance de l'internet. Les ricains ont pour argument la sécurité nationale qui est un mauvais argument. Les autres ont pour argument que l'Internet appartient à tout le monde, donc aux gouvernements de tout le monde... mauvais argument aussi.
Le choix de la Tunisie comme pays d'acceuil n'est peut-etre pas anodin. Ca veut peut-être dire "petit internaute, on sait que tu ne veut pas d'un gouvernement de l'Internet, mais c'est nous qu'on décide et toi, tu n'as pas ton mot à dire! na!"
C'est triste mais c'est la nature humaine... -
prometheus
Internet appartient à l'humanité.
Ce sont les internautes qui doivent gérer l'internet et personnes d'autres.
La solution ne saurait être politique ,elle doit être technique.
Pour résoudre le problème définitivement ,il faudrait créer un dns décentralisé grâce a un logiciel p2p spécifique.
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