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La saturation du marché des mobiles en question

Selon une enquête qu’il vient de publier, le Crédoc estime que le marché français de la téléphonie mobile est en voie de saturation. Mais l’ART, qui a piloté cette enquête, n’arrive pas aux mêmes conclusions.

Le marché hexagonal de la téléphonie mobile sature-t-il ? Sur la question, l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) et le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) ne sont pas sur
la même longueur d’ondes.Ils s’appuient pourtant tous les deux sur la même étude,
‘ La diffusion des technologies de l’information dans la société française ‘, réalisée par le Crédoc, et précisément pilotée par l’ART et le Conseil général des
technologies de l’information (CGTI), qui dépend du ministère de l’Economie. L’étude porte sur la diffusion des nouvelles technologies (téléphonie fixe, mobile, micro-ordinateurs et Internet).L’enquête, réalisée en juin 2003 auprès d’un échantillon représentatif de la population française de 2 214 individus âgés de 12 ans et plus, montre que le taux d’équipement en téléphone mobile a atteint 62 % en juin
dernier, contre 60 % en juin 2002 et 55 % en juin 2001.Pour le régulateur, ce taux ‘ ralentit sa progression, sans que l’on puisse néanmoins présager d’une saturation du marché ‘. Pour l’ART et le CGTI, le taux de saturation se situe plutôt
autour de 70 %.Le Crédoc, lui, a un avis plus radical. ‘ Il semble aujourd’hui évident que le téléphone portable approche de son taux de pénétration maximal. ‘ Pour cet organisme,
‘ certains observateurs ont pu imaginer un temps que tout le monde serait un jour équipé d’un téléphone portable. Force est de constater que cette situation est, en l’état actuel des choses, assez improbable. ‘
Depuis 2000, l’organisme n’a cessé de revoir à la baisse ses prévisions sur le taux d’équipement des Français pour 2003, l’estimant d’abord à 80 % puis à 70 % l’année dernière. ‘ Le ralentissement de la
diffusion du téléphone mobile est encore plus net. ‘

Un noyau dur de réfractaires

Selon le Crédoc, la forme de la courbe de ce taux d’équipement est en forme de ‘ S ‘ régulier, appelée aussi parfois ‘ épidémiologique ‘. Le centre de recherche explique dans son
rapport que ‘ compte tenu de la régularité de cette courbe, il est fort probable que la trajectoire se poursuive selon la même configuration, à savoir un rythme de croissance de plus en plus faible. Entre 2000 et 2001, le taux
de pénétration progressait de 8 points ; un an plus tard, on enregistrait une hausse de 5 points, et cette année, elle n’est que de 2 points. Il y a fort à parier que l’année prochaine, la progression sera du même ordre, entre 1
et 2 points. ‘
Le Crédoc estime ainsi que le taux de saturation devrait avoisiner 65 %.‘ Un noyau dur de personnes réfractaires semble s’être constitué ‘ estime le rapport : 78 % des personnes de plus de 70 ans ne sont pas équipées, 66 % des retraités et
54 % de femmes au foyer. Le pic d’équipement se situe dans la tranche d’âge des 18-24 ans : 90 %. Ce taux se maintient à 80 % jusqu’à la trentaine, avant de décliner irrémédiablement.Les différences du taux d’équipement varient par contre assez peu selon les groupes socio-démographiques (80 % chez les cadres, 70 % chez les ouvriers et les employés) ou selon les lieux de résidence (70 % dans les pôles
urbains, 55 % dans les zones rurales isolées).Le Crédoc se refuse néanmoins à se montrer catégorique quant à ses projections, estimant que des innovations comme l’UMTS sont ‘ susceptibles de relancer la demande ‘.

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Guillaume Deleurence