Survoler les quartiers sur le point d’être sinistrés et faire des annonces publiques en cas de conditions météorologiques extrêmes : voilà à quoi serviront les drones actuellement testés par la police de New York, si l’évaluation est concluante. Dimanche 16 juillet, la ville de New York a déclaré sur son compte Twitter que des tests de « messagerie publique pilotée à distance » seraient réalisés dans certains quartiers, sans utiliser le terme « drones ». Les appareils pourraient survoler des zones en proie à des inondations et donner des instructions à suivre – comme le fait de rester à l’intérieur, d’éviter certaines zones inondées, ou encore d’évacuer.
https://twitter.com/NotifyNYC/status/1680648273550364674
Une procédure qui ne serait pas respectée ?
Mais le recours à cette technologie soulève l’inquiétude des défenseurs des droits civils. Il y aurait d’abord un problème de procédure, explique Vice, mardi 18 juillet. La police locale est, par exemple, tenue de respecter une obligation d’information avant toute utilisation de ces drones, conformément à la loi POST (« Public Oversight of Surveillance Technology »). En France aussi, les forces de l’ordre doivent avertir de l’usage de ce type de technologie, notamment lors de manifestations.
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Concrètement, la police doit publier une déclaration d’impact et une politique d’utilisation sur son site Web avant tout recours à ces appareils, détaillent nos confrères. Elle devait aussi solliciter les commentaires du public trois mois avant le déploiement de ces aéronefs. Autre point à respecter : la politique d’utilisation des drones, qui date d’avril 2021, doit aussi mentionner tout nouvel usage – il faudrait donc y ajouter la fonction de messagerie publique d’urgence. Or pour l’instant, ce texte n’a pas l’air d’avoir été mis à jour, note Vice.
« Il faudrait des milliers de drones pour (couvrir tous les quartiers) »
Ce n’est pas la première fois que la police de New York est critiquée pour utiliser des objets technologiques qui pourraient aller trop loin dans la surveillance des New-Yorkais. Le maire Eric Adams est un adepte de ce type de produits de la tech. 01net vous relatait en avril dernier l’utilisation de deux « Digidogs », chargés d’aider la police à « enquêter sur les incidents à haut risque ou dangereux » – l’annonce avait suscité une levée de boucliers. Cette fois, l’agence de surveillance de la ville a relevé que la police avait employé un « langage passe-partout qui ne fournissait pas suffisamment de détails » et qu’elle avait « regroupé des technologies connexes et publié une seule (politique d’utilisation des impacts) pour plusieurs technologies ». Résultat : cette façon de faire « limite les informations mises à la disposition du public ».
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Albert Fox Cahn, directeur exécutif du « Surveillance Technology Oversight Project », une ONG qui se présente comme luttant contre la surveillance excessive, va même plus loin. « La ville a déjà d’innombrables moyens d’atteindre les New-Yorkais, et il faudrait des milliers de drones pour (couvrir tous les quartiers) », rapporte-t-il à nos confrères. Or, il existe déjà des moyens efficaces d’avertir les habitants – comme des notifications sur les smartphones, poursuit-il. L’utilisation des drones va surtout avec un effet : effrayer la population, ajoute-t-il, déplorant un nouveau cas où la police locale ne respecterait pas la loi POST.
Cette annonce ne serait qu’une nouvelle opération de communication qui serait destinée à détourner l’attention, ajoute le militant. Le maire de la ville a été particulièrement critiqué, notamment en raison de son inaction suite à la fumée provenant des incendies monstres au Canada, qui avaient rendu l’air de la ville dangereux, souligne l’ONG dans un communiqué publié sur son site Web. « Aucun gadget (technologique) ne remplacera une gestion municipale efficace et des pratiques de communication », a taclé Albert Fox Cahn. La police de la ville n’a pas souhaité répondre aux questions de nos confrères.
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Source : Vice