La France a été la cible d'une cybersurveillance massive par la NSA

Les agents américains récoltent des millions de données de connexion téléphonique par jour sur les citoyens français. Des ambassades et missions diplomatiques françaises et européennes ont également été espionnées.
On s’en doutait un peu, mais c’est désormais confirmé : la France a été, à son tour, la cible de la stratégie mondiale de surveillance téléphonique et informatique des agents de la NSA (National Security Agency). Une surveillance qui, apprend-on dans des documents révélés par le fugitif Edward Snowden, ne se limite pas seulement à la lutte contre le terrorisme, mais se met également au service d’un espionnage purement politique.
Ainsi, selon le quotidien britannique The Guardian, la France figure dans une liste de 38 ambassades et missions diplomatiques qui étaient la cible d’une surveillance électronique de la part du redoutable service secret américain. La liste en question date de 2010. La surveillance qu’elle révèle s’appuyait à la fois sur des méthodes classiques (micros dans les locaux) et sur des interceptions informatiques. Les agents de la NSA font aussi preuve d’une certaine imagination : l’opération de surveillance de la représentation française à l’ONU a été baptisée « Blackfoot » et celle visant l’ambassade de France à Washington « Wabash ». Le premier terme désigne une tribu indienne, le second une rivière dans l’état de l’Ohio.
Des pics de 7 millions de données le 24 décembre et le 7 janvier
En parallèle de cette surveillance ultraciblée, la NSA ne s’interdisait pas de réaliser des opérations de surveillance de masse sur le territoire français. Selon le magazine allemand Der Spiegel, le service secret américain a intercepté, en décembre 2012 et début janvier 2013, chaque jour en moyenne deux millions de données de connexion relatives à des communications téléphoniques. Certains jours, le zèle des agents secrets est même monté jusqu’à 7 millions de données de connexion interceptées. Ce fut le cas pour le 24 décembre 2012 et le 7 janvier 2013. Ces écoutes se sont fait dans le cadre d’un programme baptisé « Boundless Informant ».
Mais les Français peuvent se réjouir un peu: ils ne figurent pas parmi les citoyens européens les plus surveillés. En Allemagne, la NSA a capté, sur la même période, entre 10 et 20 millions de données de connexion téléphonique par jour, avec un pic de 49 millions le 7 janvier, qui était visiblement une journée particulièrement active. L’agence a, par ailleurs, récolté entre 5 et 15 millions de données de connexion Internet par jour. L’Allemagne est, selon le Spiegel, le pays le plus surveillé en Europe par les Américains.
Des micros pour écouter l'Europe
Les institutions européennes ont également été dans la ligne de mire de la NSA. Selon un document datant de 2010 et révélé par le Spiegel, des micros ont été posés dans des missions diplomatiques de l’Union européenne à Washington et à New York. Leurs réseaux informatiques auraient également été piratés, pour lire les courriers électroniques et les documents internes. Les réactions politiques ne se sont pas fait attendre. L'Union européenne a indiqué dimanche qu'elle avait interrogé les autorités américaines sur les allégations d'espionnage des institutions européennes, et qu'elle attendait leur réponse. « Nous sommes au courant des informations de presse. Nous avons immédiatement pris contact avec les autorités américaines à Washington et à Bruxelles et les avons mis face aux informations de presse », a indiqué la Commission européenne dans un communiqué. « Elles nous ont dit qu'elles vérifiaient l'exactitude des informations publiées hier et qu'elles reviendraient vers nous », a ajouté la Commission, précisant qu'elle ne ferait « pas plus de commentaires à ce stade ».
Dès samedi, le président du Parlement européen, Martin Schulz, s'était dit « profondément inquiet et choqué par les allégations d'espionnage des autorités américaines dans les bureaux de l'UE ». « Si ces allégations sont avérées, ce serait un problème extrêmement grave qui nuirait considérablement aux relations entre l'UE et les Etats-Unis », avait-il ajouté en réclamant « une pleine clarification et des informations complémentaires rapides » de la part des autorités américaines.
Laurent Fabius demande des explications...
Le gouvernement français a embrayé le pas. « La France a demandé aujourd'hui des explications aux autorités américaines au sujet des informations dévoilées par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel selon lesquelles La National Security Agency (NSA) aurait espionné les institutions de l'Union européenne », a indiqué M. Fabius dans un communiqué. « Ces faits, s'ils étaient confirmés, seraient tout à fait inacceptables », a-t-il ajouté. « Nous attendons des autorités américaines qu'elles lèvent dans les plus brefs délais les inquiétudes légitimes suscitées par les révélations de la presse », poursuit le ministre.
Cette demande de Paris a été transmise par l'ambassade de France à Washington à la Maison-Blanche et au Département d'Etat, a-t-on précisé de source diplomatique française. La ministre de la Justice, Christiane Taubira, a pour sa part estimé sur la chaîne de télévision BFMTV que les allégations d'espionnage des institutions européennes par Washington seraient « un acte d'hostilité inqualifiable » si elles étaient avérées.
...alors que Fleur Pellerin relativise
De son côté, la ministre française de l'Economie numérique Fleur Pellerin a relativisé l'importance de l'affaire d'espionnage par la NSA de « cibles » institutionnelles, dont ferait partie l'Union européenne, estimant néanmoins « très choquante » la surveillance de millions de particuliers dans le monde. « Il faut distinguer deux choses: il y a l'affaire d'espionnage de l'Union européenne et des postes diplomatiques et ça, ce n'est pas vraiment la première fois que ça arrive dans l'Histoire », a commenté Mme Pellerin lundi sur BFMTV, évoquant « ce même type d'événement pendant la guerre en Irak ». « Même si ce n'est pas vraiment un acte amical de la part d'une puissance amie, ce n'est pas une nouveauté », a-t-elle fait valoir.
Il faut souligner que les réactions politiques en France se limitent à la surveillance des institutions européennes. Aucun politique français n’a abordé, pour l’instant, la surveillance américaine effectuée sur les ambassades et la population françaises.
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philippe37
tout-à-fait d'accord avec vous.
Cela fait des années qu'on entend parler du réseau Echelon et des écoutes téléphoniques au niveau planétaire et aujourd'hui on s'étonne que nos bons amis américains sont passés à la vitesse supérieure avec PRISM. -
RedGuff
Bonjour.
Les politiciens font semblant de protester, mais en coulisses, ils vont se taire, par lâcheté ! -
newphoenixmax
Je constate que les politiques se reveillent quand il sagit d'espionnage les concernant.
Ca fait 15 jours que l'on a appris que le citoyen lambda est espionné, ça ca les a pas affolés !!! C'est pas grave quand c'est dirigé contre la population c'est contre le terrorisme.
Par contre quand c'est de l?espionnage politique ils se sentent enfin menacés !
Pour la peine demandons a l'Oncle Sam les dossiers les concernant, ca sera tout de suite un scandale de leurs part ! -
CharlesPetit
C'est quand même étrange les Politiques qui s?offusquent, alors soit ils sont en dessous de la compréhension générale du commun des mortels, parce qu'il parait évident que la NSA écoute tout, terrorisme, politique, mais surtout l?économique..., ou alors ils ne prennent que des postures vis à vis des populations, pour faire une énième enquête, pour "demander si c'est vrai", mais on rigole.... En fait si l?Angleterre ou l'Allemagne demandait par exemple de fermer les installations d'écoute échelon, voir après l'achat par l'Allemagne d'EuroHawk (Drone US) qui n'a pas le droit de voler dans l'espace aérien Européen parce que non munis de radar anti-collision, qui en plus lors de son vol des USA vers l'Allemagne (au dessus de contrée faiblement habitée) a perdu la liaison pendant plusieurs minutes avec son opérateur et avait perdu en altitude à la reprise de la liaison, l'Allemagne demandait la fermeture de la Ramstein Air Base, implantée en Allemagne !!?? Mais évidemment Les Politiques, à ce niveau, ne brassent que du vent, quand il s'agit de contrecarrer l?expansionnisme Américain dans le monde, une installation par ci, une installation par là, il n'y a plus personne.... Évidemment quand je parle expansionnisme ce ne sont pas les seuls, la Chine achète le reste du monde, par ci par là, Terrains, Vignobles, Entreprises... mais le monde ne peut pas acheter sur le Sol Chinois... Alors tant que la réciproque ne sera pas possible, il faudrait peut être aussi contrecarrer cette expansionnisme, déjà que la plus grande partie des produits ne sont quasiment plus que fabriqués là-bas, il serait grand temps, si ce n'est déjà trop tard, de rapatrier en urgence les fabrications indispensables.... Mais je dis cela, dans quelques années quand la Chine fera un embargo à l'exportation sur les antibiotiques, les puces informatiques, etc... Il y aura encore des Politiques pour faire une enquête, sur comment ne pas froisser ces Pays qui nous tiennent par les C.... Bons Sentiments !?
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yt75
Peut-être ne pas oublier autour de cette affaire les aspects simplement "normaux et commerciaux" autour des données personnelles et de l'environnment actuel "3 ou 4 monstres géants du web". Et à ce sujet sans doute important de comprendre que pour que les choses fonctionnent "sans friction", il n'y a strictement aucun besoin d'ID unique par utilisateur partagé entre les services, au contraire garantie d'échec et à éviter à tout prix. Par contre besoin d'un nouveau rôle, plusieurs organisations dans le rôle et séparation des rôles.
Il serait pas mal que F Pellerin le comprenne au sujet d'IDeNum :
http://iiscn.wordpress.com/2011/06/29/idenum-une-mauvaise-idee/
Et puis si cette histoire calmait aussi un peu le viol du terme virtuel au sujet d'internet numérique et compagnie, viol avec lequel quasi tt le monde s'est amusé depuis le début des nineties, par là ?
Ce serait pas mal non ?
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