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La conception européenne se portera très bien en 2005 et 2006

Le marché de la mesure a crû en France de 16 % en 2004. Sûrement pas pour faire plaisir aux ingénieurs avant de délocaliser leurs bureaux d’étude. Or ce n’est pas le seul indice d’une meilleure santé de la conception européenne en
général.

Ceux qui insistent pour que les formations d’ingénieurs ne faiblissent pas en France ont raison : la mesure française et la CAO européenne ont vu leur marché croître respectivement de 16 % et 12 % l’an passé, ce qui est
un signe de bonne santé de notre conception électronique puisque l’électronique mondiale, elle, a crû dans le même temps d’environ 11 %. Ces chiffres sont tellement en rupture avec ce qui se dit au café du commerce que la première réaction est
de chercher l’erreur.

Les chiffres qui contredisent le pessimisme ambiant

Concernant la mesure, ces chiffres seraient-ils déformés par le phénomène ponctuel de la TNT ? Pas spécialement : l’instrumentation vidéo, la plus représentative, n’a augmenté que de 11,7 %. Un autre type de matériel
concerne moins la conception, l’instrumentation pour télécoms filaires et optiques ; mais son marché n’a progressé que de 9 %.A l’inverse, l’instrumentation générale, qui représente en gros la moitié de l’instrumentation française et qui reste au c?”ur de l’instrumentation de laboratoire, a vu son marché croître de plus de 13 %. Les 16 % de
croissance du marché de la mesure sont donc sûrement assez représentatifs d’un investissement (ou d’un rattrapage d’investissement) pour la conception électronique française.Concernant la CAO électronique, nous n’avons pas de données spécifiques à la France mais les vendeurs de semiconducteurs nous affirment que la conception française se porte aussi bien que celle du reste de l’Europe. La croissance de
12 % sur l’Europe annoncée par les vendeurs de CAO électronique est donc probablement très voisine de la croissance sur la France, donc, en gros, de la croissance actuelle de la conception française. (Certaines considéreront peut-être ces
croissances positives à deux chiffres de la CAO et de la mesure comme une coïncidence, mais mieux vaut tout de même cela qu’un grand écart).En fait, même les résultats sur le marché de la CAO électronique mondiale devraient donner du baume au c?”ur aux pessimistes. Les 12 % de croissance de l’Europe sont en effet à comparer aux ­4 % pour les Etats-Unis et aux
+2 % pour le Japon. Les premiers délocalisent ou externalisent leur conception et ne s’en cachent pas ; le Japon, lui, souffre des marges bénéficiaires trop faibles de ses sociétés, marges liées à un pouvoir d’innovation et une réactivité
en grand public insuffisants face à Taïwan et à la Corée. Cercle vicieux, ce manque de capacité pour investir se traduit directement par des économies sur la conception.

Les Etats-Unis abandonnent la partie, pas l’Europe

Du coup, dans le concert mondial, le poids des forces de conception change. Aux Etats-Unis, en 2003, le marché de la CAO était déjà tombé à 52 % du marché mondial (­6 % par rapport à 2002) ; il passe maintenant à
49 % du marché mondial, franchissant au passage la barre symbolique des 50 %. En 2003, l’Europe représentait, elle, 19 % du marché de la CAO mondiale, soit la même chose que l’année précédente et, en gros, que durant la décennie
précédente. La belle croissance de 2004 hausse sa part dans le monde à 20 %.Le Japon avait brillé en 2003 avec une croissance de marché de 28 % qui avait fait remonter sa part de marché mondial à 20 %. En 2004, cette part retombe à 19 % : discrète victoire de la vieille Europe sur la patrie
des beaux écrans plats.C’est finalement le reste de l’Asie qui récupère tout ce que perdent les Etats-Unis et le Japon : de 9 % de part du marché de la CAO électronique mondiale en 2003, l’Asie passe à 12 % en 2004, une évolution qui traduit
une croissance du marché de la CAO asiatique de 15 % en 2003 et 22 % en 2004.Notons tout de même que cette part, bien que reflétant un pouvoir de conception présent et à venir, est inférieure à ce que le pessimisme ambiant pourrait laisser croire : répétons-le, aujourd’hui, la Chine, Taïwan et la Corée ne
vont représenter cette année, ensemble, que 12 % de la puissance de conception de l’électronique mondiale. Mais il est vrai que leur croissance ne fait que s’accélérer.* Directeur de la rédaction d’ Electronique International HebdoProchaine chronique jeudi 19 mai

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Jean-Pierre Della Mussia*