Passer au contenu

L’ESA va bouleverser sa collecte de données spatiales grâce à cette puce qui vaut quelques dizaines d’euros

Composant grand public à quelques dizaines de dollars, la puce Intel Myriad 2 permettra aux algorithmes du satellite d’apprendre à faire le tri dans les images pour n’envoyer que des données exploitables au sol. De quoi alléger sérieusement la bande passante.

Le PhiSat-1 est un petit satellite qui est l’illustration parfaite de l’étape spatiale que nous sommes en train de vivre. Loin des gros satellites de communication classiques de plusieurs tonnes envoyés par de gros lanceurs de type Ariane 5, PhiSat-1 (ou ɸ-sat-1 pour les scientifico-hellénistes) est une grosse boîte de 10 x 20 x 30 cm qui a été lancé avec 51 autres minisatellites le 3 septembre dernier par le lanceur low cost européen, Vega.

ESA-European Space Agency – Décollage de la fusée Vega qui embarquait le satellite ɸ-sat-1.

Ce « covoiturage » de satellites permet de mettre sur pied des missions spatiales simples, à bas coût. Des coûts contenus aussi du côté des composants électroniques : dédiés à des expérimentations de quelques semaines/mois, ils intègrent rarement les puces « renforcées » hors de prix du monde spatial traditionnel. On y trouve plutôt des composants grand public, certes non certifié pour tenir des années sous les bombardements électromagnétiques permanents de l’espace, mais très puissants et peu onéreux.

ESA – ɸ-sat-1 est un satellite miniature de standard CubeSat.

Parmi ce panel de puces, PhiSat-1 intègre pour la première fois un processeur « d’Intelligence Artificielle » signé Intel, le Movidius Myriad 2. Il va justement remplir une mission « d’intelligence » au service de la qualité du flux des données.

Améliorer la qualité des données à traiter

Intel – La nouvelle génération de puces IA Myriad X qui succède au Myriad 2 intégré dans le PhiSat-1 est dix fois plus puissante que son aïeule. Et la nouvelle puce qu’Intel devrait annoncer début 2021 serait à nouveau x10 plus puissante que Myriad X. L’accélération des performances des puces IA devrait radicalement changer la manière dont on gère les données spatiales.

PhiSat-1 est le premier satellite d’observation de l’ESA amélioré par l’IA. Son but est moins de scruter la surface de la terre (ce qu’il fera quand même) que d’améliorer le flux de données. Car dans l’espace, les données (images, mesures, etc.) sont un défi de taille.
Outre le fait que ces satellites de basse orbite bougent en permanence et qu’il faut donc passer rapidement d’une antenne à l’autre pour récupérer les données, la vitesse de transfert est généralement assez lente par rapport à la fibre optique, par exemple. Alors même que les images générées peuvent rapidement représenter des téraoctets de données.

Grâce à sa puce Movidius Myriad 2 (qui n’est même pas de dernière génération puisqu’Intel a déjà lancé une Myriad X depuis) et des algorithmes entraînés par deep learning, PhiSat-1 va pouvoir apprendre à faire le tri dans les images qu’il envoie. Il évitera ainsi d’encombrer la bande passante limitée du satellite avec des images inexploitables au sol.

En testant ces algorithmes avec ce mini satellite, l’ESA va pouvoir améliorer ses modèles de tri de données spatiales grâce à une puce Intel qui ne coûte que quelques dizaines de dollars. Une marque évidente de la démocratisation de l’accès à l’espace grâce aux composants grand public.

Sources : ESA via Clubic

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.