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Kevin Mitnick, la légende des hackers, est mort

Le roi des hackers est mort. Après une carrière tumultueuse de pirate, émaillée de nombreux pieds de nez au FBI, et une reconversion tardive en tant que consultant en cybersécurité, Kevin Mitnick s’est éteint à l’âge de 59 ans.

Kevin Mitnick, l’un des plus grands hackers de tous les temps, vient de décéder. Le célèbre pirate informatique, âgé de 59 ans, est mort des suites d’un cancer du pancréas, rapporte le New York Times, relayant des informations fournies par KnowBe4, la société de cybersécurité où travaillait Mitnick.

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Retour sur la carrière tumultueuse de Kevin Mitnick

Dès son enfance dans la Californie des années 1970, Mitnick a fait preuve d’une passion peu commune pour l’informatique. Solitaire, il s’est mis à construire des téléphones… pour piéger ses camarades de classe.

Kevin Mitnick a véritablement entamé sa carrière de hacker dans les années 1980, à l’âge de 17 ans. Il a rapidement attiré l’attention en pénétrant dans les systèmes informatiques de Motorola, Sun Microsystems, Nokia ou Fujitsu et NEC. Aidé par une poignée d’amis, tous férus de piratage, il s’est ensuite attaqué au centre informatique de l’opérateur téléphonique Pacific Bell. Pour mener l’attaque, ils avaient au préalable volé plusieurs manuels confidentiels d’utilisation de centraux téléphoniques. Au terme de cette opération, les autorités ont pu remonter jusqu’à lui. Encore peu expérimenté, Mitnick n’était pas parvenu à couvrir toutes ses traces. C’est la première fois qu’il finit derrière les barreaux.

Libéré trois mois plus tard, le jeune Californien, reprend presque immédiatement ses activités criminelles. Il parvient à pirater le réseau informatique du Pentagone, avec une machine de l’Université de Californie du Sud. Les autorités ne tardent pas à mettre la main dessus. Après chaque peine de prison, Mitnick retourne compulsivement à ses activités illicites. De l’aveu du pirate, c’était devenu une véritable addiction :

« Le piratage me plaisait à cause de la montée d’adrénaline que l’on ressent quand on arrive à infiltrer un système. À trouver une faille de sécurité. Ou à accéder à des informations confidentielles ».

La traque de Kevin Mitnick

Accro au piratage, Mitnick lance une offensive contre le laboratoire de recherche de Digital Equipment Corporation (DEC) à Palo Alto. Avec l’aide d’un complice, le pirate souhaitait dérober le code source du système d’exploitation VMS de la gamme d’ordinateurs VAX. De fil en anguille, il attire l’attention du FBI. Pour brouiller les pistes, Mitnick intercepte les communications du FBI et change d’identité. C’est alors qu’il devient le premier hacker à figurer sur la liste des dix fugitifs les plus recherchés du FBI.

Deux agents du FBI lui tendent finalement un piège à l’aide d’un complice de Mitnick. Il passe à nouveau par la case prison. Accusé d’avoir subtilisé des logiciels d’une valeur de plusieurs millions de dollars, le pirate, surnommé « The Condor », plaide coupable pour fraude informatique. Un an plus tard, Mitnick retrouve la liberté. Pour la première fois, il semble retourner sur le droit chemin. Après avoir travaillé comme programmeur, il trouve un emploi dans une agence de détectives privés… et revient à ses mauvaises habitudes. Après enquête, le FBI se rend compte qu’une base de données commerciale, issue du piratage d’un opérateur télécom, est exploitée par l’agence. Les autorités braquent à nouveau leurs projecteurs sur Mitnick. Celui-ci a pris le large.

Activement recherché par le FBI, le hacker voyage constamment d’un état à l’autre pour brouiller les pistes. En parallèle, il poursuit ses activités. Dès 1994, il lance une attaque contre le Supercomputer Center, un important centre de recherche informatique à San Diego. Tsutomu Shimomura, un expert en sécurité réputé dans le monde entier, repère la présence d’un attaquant. Confiant, Mitnick n’hésite pas à laisser un message vocal au chercheur japonais, dont il a volé les données, stockées sur un serveur :

« Sais-tu qui je suis ? Moi et mes amis, on va t’avoir. Mon style est le meilleur. Ta technique sera vaincue ».

L’expert nippon, piqué au vif, se lance aux trousses de Mitnick, épaulé par les agents du FBI. Quelques semaines plus tard, les données de Shimomura font surface sur une plate-forme de stockage de données en ligne. « The Condor » avait piraté l’accès d’un utilisateur pour y stocker son larcin. Grâce à cette découverte, le FBI a pu remonter jusqu’à la localisation de leur cible. Kevin Mitnick est finalement interpellé et n’oppose aucune résistance. Cette fois, il écope d’une peine de cinq ans de prison, sans accès à un ordinateur.

La reconversion

Libérée en 2000, la légende des cybercriminels cherche à se reconvertir dans le domaine de la sécurité informatique. Devenu un consultant réputé, il accompagne les entreprises qui cherchent à améliorer la sécurité de leurs systèmes. Kevin Mitnick a également écrit une série de livres consacrés à la cybersécurité, comme L’art de la supercherie : Les révélations du plus célèbre hacker de la planète. Véritable star, il a enchaîné les conférences avant de devenir « le directeur du piratage » de la société de formation à la sensibilisation à la sécurité KnowBe4. 

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Source : New York Times


Florian Bayard