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Jeux vidéo : il faut tuer pour être un homme !

Le monde du jeu, PC et console confondus, s’engage dans un réalisme toujours plus grand dans la violence. Ces productions méritent-elles vraiment la qualification de ‘ jeux ‘ ?

‘ Hard core gamers, vous allez être comblés : la future PlayBox 3, de MicroSony, attendue pour 2006, offrira des graphismes d’un réalisme jamais atteint à ce jour. Mais la puissance n’est rien sans un bon jeu. Et
avec le futur Blood Warriors, vous serez littéralement au c?”ur de l’action. Le sang des ennemis dégoulinera de votre écran…
Grâce au système de génération d’odeurs, vous respirerez les miasmes de vos adversaires en pleine agonie, les relents de pourriture des charniers voisins, tandis que les hurlements des blessés vous parviendront de tous les
coins de la pièce grâce au système sonore 15 + 1. Enfin, suprême raffinement, quand les projectiles de vos adversaires vous toucheront, vous serez véritablement blessés ! … ‘
Fantaisiste, ce communiqué ? Certes ! Mais il pourrait bien figurer la voie dans laquelle s’engagent les jeux vidéo. Pour vous en convaincre, feuilletez la presse spécialisée, vous constaterez que la majorité des productions
atteint aujourd’hui un degré de violence sans commune mesure avec celui d’il y a deux ou trois ans.Elle est révolue, l’époque où l’on dégommait des monstres à grands coups de rayon laser, aujourd’hui, pour survivre, on abat des dizaines d’adversaires humains, dont les tripes éclatées viennent tapisser les murs glauques des
cavernes. Le réalisme dans l’horreur est même un argument commercial, constamment mis en avant par les concepteurs de Doom 3, de Manhunt ou de Resident Evil.Alors, tous les jeux sont violents ? Non : cette surenchère dans l’agressivité est l’apanage des jeux dits ‘ pour adultes ‘. Aux autres – pour les non-adultes, donc ? – on propose des jeux mignons…
Allez, disons les jeux Nintendo, pour bien caricaturer.C’est ainsi que le GameCube, la console de salon du constructeur nippon, a longtemps traîné une réputation de console pour enfants. Et pourtant, l’absence de violence dans les programmes créés par Nintendo ?” et
beaucoup d’autres ?” ne ravale nullement ces jeux au rang de passe-temps niais pour élèves de classe primaire.On y rencontre de vrais défis, une créativité souvent extraordinaire, des tâches à accomplir en commun, une collaboration souvent nécessaire entre joueurs et de véritables aventures capables de tenir en haleine le joueur le plus acharné
pendant des dizaines d’heures. Ces logiciels développent les réflexes et encouragent l’esprit de logique…A dire vrai, ils remplissent parfaitement l’objectif originel de tout jeu : entraîner le joueur, dans un environnement factice et sans danger, à affronter les circonstances de la vie réelle. Les jeux de simulation,
qu’il s’agisse de gérer une cité dans Sim City, ou de piloter un avion dans Flight Simulator, offrent aux joueurs de vraies séances d’entraînement, réalistes, sans danger et à peu de
frais.On peut créer de véritables jeux d’action sans armes ni violence : prenez le récent Trackmania Sunrise, de Nadeo (un jeu où vous conduisez des voitures sur des circuits hallucinants, formés de tonneaux et de
loopings). Lorsque nous l’avons reçu, à la rédaction de l’Ordinateur Individuel, nous avons passé de longs moments scotchés devant nos écrans. (C’est pour cela que nous avons rendu nos papiers en retard,
merci de faire passer le message au rédac’chef…).Alors, faut-il vraiment repeindre sa salle de séjour avec le sang de ses ennemis pour se sentir adulte ? Les acharnés de la gâchette, les amateurs de sang en barriques, je les invite à mettre leurs talents au service de conflits
réels, ils n’ont que l’embarras du choix.Après tout, la vraie guerre, c’est quand même autre chose ! Là, pas besoin de télécharger les mises à jour de sa carte graphique, inutile de se procurer de nouvelles maps, les conflits sont mis à jour
quotidiennement.* Rédacteur en chef délégué de l’Ordinateur IndividuelProchaine chronique vendredi 13 mai

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Etienne Oehmichen*